L’ancien ministre de l’ Agriculture, Ali Abdallah (42 ans), a été inculpé hier de détournements de fonds publics et de faux et usage de faux. Il risque une peine maximum de 15 ans de travaux forcés.
Ali Abdallah est soupçonné d’avoir détourné une partie du financement d’un projet de coopération agricole entre le Liban et les États-Unis. Huit autres personnes sont poursuivies dans ce dossier, dont deux de ses frères, Sultan et Fady Abdallah, ainsi que Abdel Hafiz Naamani, directeur du projet de coopération.
Par contre, l’acte d’accusation ne retient aucune charge contre l’ancien directeur général du ministère de l’Agriculture, Joseph Jabbour.
Les faits et les chefs d’inculpation figurent dans l’acte d’accusation publié hier par le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, et transmis au parquet général financier.
Le document est accablant pour l’ancien ministre et ses complices, accusés d’avoir détourné une partie d’un prêt américain de 15 millions de dollars pour le développement de la productivité des petits agriculteurs et éleveurs de bétail, et d’avoir profité de ce prêt pour mener la vie de château.
Un fonds de 5 000 vaches
Dans le cadre de ce prêt, le Liban devait importer 5 000 vaches laitières ainsi que du fourrage et des graines. Le prêt devait être remboursé par le ministère des Finances, tandis que les vaches étaient vendues aux petits agriculteurs, qui devaient payer comptant 20% de leur prix et régler le solde par échéances, qu’il revenait au ministère de l’Agriculture de capitaliser.
Pour gérer le projet, une société avait été créée, dont le conseil d’administration, présidé par le ministre de l’Agriculture, comprenait le directeur général du ministère et un représentant du gouvernement américain.
Le ministre de l’Agriculture avait, en outre, nommé M. Abdel Hafiz Naamani directeur du projet ainsi que 35 employés grassement payés, pour un projet qui n’avait pas besoin d’un si grand nombre de personnes.
Ces nominations avaient été effectuées à l’insu du conseil d’administration du projet et du Conseil des ministres. Du reste, l’enquête assure que le ministre n’avait convoqué le conseil d’administration du projet qu’une ou deux fois, et qu’il gérait le projet à sa guise en compagnie de Abdel Hafiz Naamani.
Le « Méditerranée »
et le « Versailles »
Voici un échantillon des décisions prises par le ministre et ses complices qui ont été considérées comme des détournements de fonds:
– Achat par Abdel Hafiz Naamani d’une limousine avec le seul accord du ministre et sans appel d’offres; achat de polices d’assurance pour tous les employés.
– Domiciliation par le ministre Ali Abdallah et Abdel Hafiz Naamani, à l’insu du conseil d’administration, de leurs numéros de téléphone cellulaire respectifs aux frais du projet. La totalité des factures s’est élevée à 15 000 dollars.
– Achat de carburants pour le compte du projet de coopération agricole, et leur distribution à Abdel Hafiz Naamani, au directeur du cabinet du ministre, à la secrétaire du ministre et à son attaché de presse. En seize mois, la facture d’essence s’est élevée à 20 318 dollars.
– Séjours aux hôtels Méditerranée et Versailles sous de fausses déclarations de frais de restaurant.
– Importation de 2 777 vaches, dont 2566 seulement ont survécu. Toutefois, selon les documents du projet, seule 2 299 vaches ont été vendues aux petits cultivateurs et éleveurs auxquels elles étaient destinées. Les 367 vaches restantes ont été données soit sans contrat, soit à des personnes fictives.
– La société a falsifié la signature de l’ingénieur Roula Araman pour remettre des vaches à certains éleveurs.
– Le prénommé Rachid Ezzo, et sans l’aval du conseil d’administration du projet, a vendu des autorisations de livraison de cheptel à raison de 750 dollars l’une, en prélevant sur autorisation du ministre une commission sur ces ventes. Le produit de ces ventes, 11 900 dollars, a été remis en main propre et en deux temps, à l’ancien ministre de l’Agriculture, Ali Abdallah, à l’hôtel Versailles, par Ezzo et Naamani.
– Des vaches ont été vendues à un prix inférieur aux prix réels, sous le faux prétexte qu’il s’agissait de bêtes non racées.
– Le frère de l’ancien ministre, Fady Abdallah, a reçu un lot de 20 vaches laitières gratuitement. L’ambassadeur des États-Unis ayant protesté, des traites fictives ont été établies, mais en fait, aucun montant n’a été touché pour ces bêtes.
– 160 tonnes de graines de pommes de terre importées pour être vendues à des prix subventionnés ont été gratuitement remises par Sultan Abdallah, frère du ministre de l’Agriculture, à Georges Ghossein, qui les a écoulées à sa guise. Sultan Abdallah n’avait aucune qualité pour disposer de ce stock, sinon celle d’être le frère du ministre.
– Le directeur de cabinet du ministre, Mohammed Hallani, a illégalement vendu un certain nombre de bêtes et a distribué le produit de la vente à certains conseillers et adjoints du ministre.
– Un montant de 50 millions de livres a été remis à une société de collecte de lait de vache dont les deux frères du ministre sont propriétaires, sans qu’une garantie ne soit fournie par cette société et sans que la somme soit remboursée.
– Enfin, il semble que le ministre et son équipe n’aient déployé que peu d’efforts pour obtenir le paiement des traites par les éleveurs qui avaient acheté les vaches, de sorte que c’est l’État libanais qui a remboursé son prêt au gouvernement américain.
Rappelons que M. Ali Abdallah avait été ministre de l’Agriculture jusqu’en avril dernier. Il avait été arrêté en décembre. Auparavant, il représentait le mouvement Amal au sein du gouvernement. Sa conduite lui avait valu d’être radié des rangs du mouvement.
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Ali Abdallah est soupçonné d’avoir détourné une partie du financement d’un projet de coopération agricole entre le Liban et les États-Unis. Huit autres personnes sont poursuivies dans ce dossier, dont deux de ses frères, Sultan et Fady Abdallah, ainsi que Abdel Hafiz Naamani, directeur du projet de coopération.
Par contre, l’acte d’accusation ne retient aucune charge contre l’ancien directeur général du ministère de l’Agriculture, Joseph Jabbour.
Les faits et les chefs d’inculpation figurent dans l’acte d’accusation publié hier par le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, et transmis...