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Actualités - CHRONOLOGIE

Banque - Rana Koleilat a fait sensation au Palais de justice de Baabda Huit mandats d’arrêt contre les divers protagonistes d’al-Madina

C’est à n’y plus rien comprendre. Au début de l’année, on s’orientait, dans les affaires de la banque al-Madina, vers des règlements à l’amiable, et l’une des principales protagonistes, Rana Koleilat, annonçait son intention de rembourser toutes ses dettes et de retirer les plaintes qu’elle avait déposées. Et soudain, les plaintes ont recommencé à pleuvoir, ainsi que les arrestations (huit au total, et la liste n’est pas terminée), avec mandats d’arrêt à l’appui, alors que le principal dossier portant sur les fraudes au sein de la banque est désormais entre les mains du premier juge d’instruction du Mont-Liban, M. Joseph Azzi. Le procureur général, M. Adnane Addoum, ne voit là rien d’anormal : « La justice, dit-il à «L’Orient-Le Jour», suivra son cours sans tenir compte des déclarations politiques. Et puis, que nous reproche-t-on exactement ? Avant, tout le monde réclamait des arrestations. Maintenant que c’est fait, on proteste... » Le climat politique perturbé et les violentes critiques de M. Walid Joumblatt n’ont pas empêché le premier juge d’instruction du Mont-Liban, M. Joseph Azzi, d’émettre hier huit mandats d’arrêt à l’encontre des personnes placées en garde à vue dans l’affaire al-Madina. Après une série d’interrogatoires qui ont duré toute la journée, le juge Azzi a décidé que Rana Koleilat, Ibrahim Abou Ayache, Joumana Abdel-Baki, Kazem Bahlawan, Youssef Hechi, Imane Daher, Waël Abou Chacra et Daoud Sobh devaient être arrêtés, conformément à la recommandation figurant dans le dossier qui lui avait été transmis lundi. D’ailleurs, comme si elles pressentaient l’événement, les autorités avaient pris d’importantes mesures de sécurité autour du Palais de justice de Baabda. Les protestations de Joumana Abdel-Baki Les prévenus sont donc arrivés dans le fourgon des détenus, sous bonne escorte, et ils ont été introduits au Palais de justice, menottes aux poignets. Ce qui a provoqué l’indignation de Mme Joumana Abdel-Baki qui s’est écriée devant les journalistes : « Nous sommes des personnes respectables. Pourquoi nous traite-t-on ainsi ? » Mais elle n’a pas réussi à émouvoir les autorités. Un à un, les personnes interpellées ont défilé devant le juge en présence de leurs avocats respectifs. Il y a même eu quelques confrontations, et selon les informations recueillies, la plupart d’entre elles ont réitéré leurs précédentes déclarations, niant les faits qui leur sont imputés. Rana Koleilat, souriante à son accoutumée, parce qu’elle a décidé de ne plus se laisser abattre par les malheurs à répétition qui pleuvent désormais sur elle, a fait sensation au Palais de justice de Baabda. Au juge Azzi, elle a affirmé ne pas être responsable du département des crédits, qui relevait de l’autorité du directeur, M. Ibrahim Abou Ayache. De son côté, M. Abou Ayache a précisé qu’il signait effectivement les dossiers, mais ignorait totalement s’il y avait ou non une fraude dans les swifts. Selon lui, il n’avait pas à vérifier chaque document qui lui était présenté. Même version chez Youssef Hechi, qui a confirmé au juge qu’il signait les budgets de la banque, mais n’avait pas la possibilité de vérifier s’ils étaient faux ou non. En dépit de toutes ces dénégations, le juge a émis des mandats d’arrêt à l’encontre des protagonistes, avant de fixer la prochaine audience au 4 février, en présence des deux personnes non arrêtées dans le dossier, Nadine Saab et Imad Chéhaymé. Il a aussi délivré un avis de recherche et un mandat d’amener à l’adresse de M. Adnane Abou Ayache, PDG de la banque, installé depuis l’ouverture de l’enquête en Arabie saoudite. Une question de compétence Interrogé par L’Orient-Le Jour, le juge Azzi a démenti les rumeurs selon lesquelles le transfert du dossier au Mont-Liban serait motivé par un conflit entre le procureur Addoum et le premier juge d’instruction de Beyrouth, M. Hatem Madi. Selon lui, la raison du transfert est à chercher dans le nombre de dossiers issus de cette affaire. Comme la plupart des personnes interpellées résident au Mont-Liban, le dossier pouvait être sans problème transféré au Mont-Liban. Comme le fait d’ailleurs remarquer le juge Azzi, s’il y avait le moindre doute sur la question, les avocats des personnes interpellées auraient soulevé la question de l’incompétence... Il ne faut donc pas chercher plus loin des explications au transfert du dossier. D’ailleurs, interrogé lui aussi sur la question, le procureur Addoum a vivement protesté, se demandant depuis quand les magistrats se dressent les uns contre les autres. « Il n’y a aucun conflit avec M. Hatem Madi, mais il a beaucoup de dossiers, et il faut accélérer le cours de la justice », a-t-il déclaré. M. Addoum s’est aussi étonné des critiques de la classe politique. « Avant, on nous reprochait qu’il n’y avait pas d’arrestations dans le dossier de la banque. Maintenant, on nous en veut parce que nous avons arrêté les personnes concernées. C’est quand même bizarre. Quant à M. Waël Abouchacra (dont l’arrestation a provoqué la colère de M. Joumblatt), il nous a paru être de connivence avec Abou Ayache et Koleilat. Il avait été nommé commissaire de contrôle et il semblait travailler pour leur compte. C’est pourquoi il nous a paru nécessaire de l’arrêter afin de pousser plus loin nos investigations et d’essayer de faire toute la lumière sur le sujet. » Mais pourquoi, alors que le dossier se dirigeait vers un règlement à l’amiable, semble-t-on revenir à la case départ ? « C’est une question de stratégie. Nous voulions d’abord assurer le remboursement des dettes aux déposants. Une fois que les personnes concernées ont présenté des garanties de paiement, soit en chèques solvables, soit en biens immobiliers, nous sommes passés à l’étape suivante qui est l’enquête sur les irrégularités au sein de la banque et les violations du code de la monnaie et du crédit ». Le procureur a démenti toute ingérence politique dans cette affaire. « Nous faisons notre travail, c’est tout », a-t-il affirmé. Le moral élevé de Rana Koleilat Et c’est cette enquête qui a entraîné l’arrestation de Rana Koleilat. Apparemment, elle en a encore pour quelque temps, puisque même son avocat, Me Safa, n’a pas l’intention de présenter une demande de remise en liberté avant deux ou trois jours. « Rana a le moral très haut, tient-il à préciser. Elle a confiance dans la justice. » Mais celle-ci est loin d’en avoir fini avec elle. Aujourd’hui, l’avocate générale près la Cour de cassation, Mme Rabiha Ammache Kaddoura, entamera son enquête sur la falsification de la signature du gouverneur de la Banque centrale et d’autres documents émanant de cette instance. Rana Koleilat avait beau affirmer avant son arrestation qu’il n’y a aucun document prouvant ces accusations. Dans ce dossier à tiroirs, les surprises sont toujours au rendez-vous. Scarlett HADDAD
C’est à n’y plus rien comprendre. Au début de l’année, on s’orientait, dans les affaires de la banque al-Madina, vers des règlements à l’amiable, et l’une des principales protagonistes, Rana Koleilat, annonçait son intention de rembourser toutes ses dettes et de retirer les plaintes qu’elle avait déposées. Et soudain, les plaintes ont recommencé à pleuvoir, ainsi que les arrestations (huit au total, et la liste n’est pas terminée), avec mandats d’arrêt à l’appui, alors que le principal dossier portant sur les fraudes au sein de la banque est désormais entre les mains du premier juge d’instruction du Mont-Liban, M. Joseph Azzi. Le procureur général, M. Adnane Addoum, ne voit là rien d’anormal : « La justice, dit-il à «L’Orient-Le Jour», suivra son cours sans tenir compte des déclarations...