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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ Rockeurs et hommes politiques en Suède : un ménage insolite mais heureux

Si les rockeurs se mêlent ici et là de politique en disant non à la guerre ou oui à plus de justice sociale, ce sont en Suède les hommes politiques qui se mêlent de la chose musicale, assurant à l’industrie nationale du disque un succès mondial insolent. En offrant un enseignement musical aux adolescents désœuvrés afin d’éviter qu’ils ne traînent dans la rue, les dirigeants grisonnants du parti social-démocrate ont accouché presque par accident d’une génération d’artistes talentueux tels qu’Abba, Roxette, Ace of Base ou encore les Cardigans. Peuplée de neuf millions d’âmes seulement, la Suède n’en est pas moins devenue le troisième exportateur mondial de musique derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne. Et c’est dans ce pays que Britney Spears, Céline Dion et les Backstreet Boys viennent enregistrer leurs albums ou trouver le compositeur de leur prochain hit. Le mérite en revient aux innombrables écoles de musique, dans quasiment chaque municipalité. Depuis les années 1960, c’est dans leurs murs qu’ont éclos quelques-unes des stars de la pop internationale. « C’était une idée très sociale-démocrate que de stimuler les enfants en leur trouvant une activité de sorte qu’ils ne tournent pas en rond et qu’ils ne saccagent pas les wagons du métro », explique Dag Haeggkvist, président de la branche suédoise de la Fédération internationale de l’industrie phonographique. Année après année, des milliers de gamins se sont inscrits à des leçons hebdomadaires de chant, de piano, de guitare, d’histoire de la musique ou, plus récemment, à des sessions d’apprentissage des méthodes d’enregistrement numérique. Du groupe de garage-punk The Hives aux Cardigans, ils créditent tous les écoles municipales de musique de leur avoir insufflé le goût de leur future profession. À quoi s’ajoute l’effet Abba, quatuor flamboyant dont le succès dans les années 1970 a suscité bien des vocations. Autre coup de pouce, également involontaire, de la part des hommes politiques, l’abolition tardive du monopole audiovisuel, au début des années 1990, a obligé les amoureux suédois de la musique à se brancher sur une émission radiophonique peut-être unique mais dont la programmation était de qualité, relèvent les experts. « La qualité de la musique qui y était diffusée était très élevée par rapport aux pays ouverts aux radios privées », observe M. Haeggkvist, expliquant que cela aussi avait affiné l’oreille musicale de ses compatriotes. La Suède était alors riche, anglophile et paisible, autant de conditions favorables pour que les jeunes réalisent leurs rêves. Et la liste de ceux qui ont réussi est longue : Soundtrack of Our Lives, Europe, A-Teens, Neneh Cherry, Kent, Lisa Ekdahl, Army of Lovers, Whale ou encore Meja.

Si les rockeurs se mêlent ici et là de politique en disant non à la guerre ou oui à plus de justice sociale, ce sont en Suède les hommes politiques qui se mêlent de la chose musicale, assurant à l’industrie nationale du disque un succès mondial insolent.
En offrant un enseignement musical aux adolescents désœuvrés afin d’éviter qu’ils ne traînent dans la rue, les dirigeants grisonnants du parti social-démocrate ont accouché presque par accident d’une génération d’artistes talentueux tels qu’Abba, Roxette, Ace of Base ou encore les Cardigans.
Peuplée de neuf millions d’âmes seulement, la Suède n’en est pas moins devenue le troisième exportateur mondial de musique derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne. Et c’est dans ce pays que Britney Spears, Céline Dion et les Backstreet Boys viennent...