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Actualités - REPORTAGE

L’objectif de New Delhi est de sortir de l’ombre de la Chine et d’assurer sa position de puissance régionale Inde : la croissance est là, les inégalités aussi

Bombay, d’Émilie SUEUR « Shining India » et le « feel good factor ». À en croire les slogans lancés, à quelques mois des législatives, par la coalition au pouvoir, l’Inde est sur la voie de la réussite économique. Un taux de croissance de 6 % et un boom de la consommation apportent indéniablement de l’eau au moulin du Premier ministre Atal Behari Vajpayee, qui cherche à faire de la réussite économique la nouvelle fierté indienne en remplacement du nationalisme hindou, son précédent cheval de bataille. Mais, au-delà des chiffres, l’Inde est également le pays des bidonvilles géants et s’illustre par un fort taux d’analphabétisme. Une Inde qui recule également dans le classement établi par le Programme des Nations unies pour le développement. « Feel good factor » ou « fail good factor », pour reprendre l’expression détournée par certains éditorialistes indiens ? Si l’Inde dispose d’atouts non négligeables pour se hisser au rang de puissance économique régionale, nombreux sont les obstacles qui jalonnent encore sa route vers la lumière, loin de l’ombre du voisin chinois. La libéralisation de l’économie indienne est somme toute un phénomène assez récent puisque ce n’est qu’en 1991 que le pays s’est résolu à modifier sa politique, répondant ainsi aux injonctions du Fond monétaire international. Douze ans plus tard, l’Inde affiche un taux de croissance respectable, une inflation jugulée et s’est construite une certaine renommée dans les services, un secteur qui représentait, en 2002, 50 % du PIB. Un résultat qui lui a valu le titre de secrétariat du monde. Nombre de sociétés y ont en effet relocalisé diverses activités, telles la comptabilité, le traitement de données médicales ou encore des centres d’appels téléphoniques. La moitié des appels téléphoniques adressés au service des renseignements ferroviaires britanniques sont par exemple traités par des centres installés à Bombay ou à Bengalore. Ces centres emploient essentiellement de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui ont bénéficié d’un apprentissage spécifique pour maîtriser l’accent anglais, irlandais ou américain. Si le secteur des services affiche un taux de croissance plutôt rapide, de 17 à 20 %, il n’en demeure pas moins fragile estime Zubin Kabraji, secrétaire général de la Chambre de commerce et d’industrie indo-française à Bombay. « Je suis évidemment satisfait du développement du secteur des services, qui emploie près de 2 millions de salariés et a rapporté, en 2003, quelque 2,3 milliards de dollars. Mais, alors que le monde a aujourd’hui décidé de faire de l’Inde son secrétariat, il peut tout aussi bien décider de choisir un autre pays pour ce travail. Nous ne pouvons concentrer notre économie sur ce secteur seulement. Comparons deux situations : la Hong Kong Shanghaï Bank utilisant l’Inde comme son « back office » et Oracle, société informatique, décidant de faire de la recherche et du développement en Inde. Ces deux activités ne requièrent pas des investissements de même nature et de même ampleur. On comprend dès lors que les centres d’appels téléphoniques puissent être délocalisés en une nuit, contrairement aux activités d’Oracle. » Précisément, l’Inde s’est illustrée au cours des dernières années dans l’industrie des technologies de l’information. « Une réussite rendue possible par la qualité de notre enseignement supérieur », souligne Sharit K. Bhowmik, professeur de sociologie à l’université de Bombay. « Les Indiens qui émigrent le font après avoir décroché leur diplôme en Inde, contrairement aux ressortissants d’autres pays en développement qui étudient à l’étranger. Avec plus d’un milliard d’habitants, l’Inde est un véritable réservoir de main-d’œuvre. Mais attention, chez nous, celle-ci bénéficie d’un apprentissage technique. Or, dans un monde globalisé, cela représente un atout certain face à des pays dont l’unique avantage de la main-d’œuvre est d’être peu chère. » À ce titre, le cas du Bangladesh est révélateur. « Quand l’accord multifibre prendra fin en 2005, la Chine va rafler tout le marché du textile. Or, la main-d’œuvre bangladeshie est trop peu qualifiée pour faire une différence dans un autre secteur. La situation du Bangladesh s’annonce catastrophique », souligne le professeur Bhowmik, qui précise lui aussi que l’industrie du logiciel informatique, en raison des compétences qu’elle requiert, ne peut être, en comparaison, délocalisée aussi facilement. En outre, nombreux, aujourd’hui, sont les émigrés indiens travaillant dans le secteur informatique qui reviennent au pays. « Ils reviennent car en Inde, ils peuvent trouver de bonnes conditions de travail. » Des retours extrêmement profitables pour l’économie locale en raison de l’apport en expérience que ces expatriés peuvent assurer. Lacunes du système éducatif et de santé Sharit Bhowmik souligne néanmoins que la qualité de l’enseignement supérieur indien cache un problème de base, un taux d’analphabétisme de 40 %. Symbole d’une autre Inde. « Selon la manière dont on choisit d’appréhender l’Inde, on peut ou non ressentir ce « feel good factor » que la coalition au pouvoir martèle. À Bombay aujourd’hui, il est aisé d’avoir une voiture alors qu’auparavant les listes d’attente étaient longues. Les routes sont meilleures, les hôtels de luxe fleurissent un peu partout... Mais dans la même ville, 54 % de la population vivent dans des bidonvilles, 73 % des ménages s’entassent dans une seule pièce, 18 % dans deux pièces et seulement 9 % dans trois pièces ou plus. Le « feel good factor » ne s’appliquerait donc seulement qu’à ces 9 % ! » M. Bhowmik rappelle en outre qu’une étude menée sur les enfants à Bombay a montré que le niveau de malnutrition des habitants de ce que l’on appelle les « bidonvilles de plastique » est supérieur à celui observé dans les zones tribales des alentours de la ville. « Je me souviens avoir discuté avec des travailleurs de l’Uttar Pradesh qui viennent travailler à Bombay quand la saison agricole est terminée dans leur État. J’ai demandé à l’un d’entre eux pourquoi il ne restait que six mois à Bombay. Il m’a répondu qu’étant donné ses conditions de vie ici, rester plus de six mois reviendrait à se suicider ». Un exemple parmi tant d’autres des exclus du « feel good factor ». « Le gouvernement doit s’attaquer au revers de la médaille. Il doit revoir sa politique de l’enseignement et de la santé », insiste M. Bhowmik. Or la politique est prise en otage par de faux problèmes, notamment les conflits intercommunautaires ou interconfessionnels. Autre entrave au développement, la corruption qui touche tous les niveaux de la société et du monde politique. Sur le plan purement économique, M. Kabraji regrette également que le processus de privatisation n’ait pas progressé au rythme requis et que « le secteur industriel ne se développe pas comme il devrait le faire. Or, l’Inde est un grand pays, doté d’énormes ressources naturelles et bénéficiant d’une situation privilégiée de carrefour en Asie. L’Inde pourrait ainsi aisément devenir un véritable centre régional, une base industrielle pour le reste du continent ». M. Kabraji reconnaît néanmoins que rendre le secteur industriel plus efficient et productif requiert des mesures qui pourraient s’avérer douloureuses. « Ce secteur doit être restructuré, dégraissé. Il faut également revoir certaines règles qui entravent la productivité ». Derrière la Chine Aujourd’hui, le principal concurrent régional de l’Inde est la Chine, puissance qu’elle ne parvient pas encore à rejoindre. Le géant indien ne représente ainsi aujourd’hui que 1 % du commerce mondial contre 4 à 5 % pour la Chine. En terme d’investissements étrangers, l’Inde n’attire que 4 milliards de dollars, contre 52 milliards à son voisin. Pour M. Kabraji, l’Inde, en raison de sa taille, s’est trop longtemps contentée d’échanges commerciaux à l’intérieur de ses propres frontières. « Nous commençons seulement aujourd’hui à réaliser que le marché local n’est plus suffisant à notre croissance. Mais le processus d’ouverture est encore trop lent. Grâce à ma position à la Chambre de commerce, je vois la différence entre les étrangers souhaitant investir en Inde et les Indiens se rendant à l’étranger. Nous avons un sérieux problème de planification », regrette M. Kabraji. Jetu Lalvani, PDG de Emerson Process Management et Saab Rosemont Tank Control, une entreprise spécialisée dans la technologie pétrolière, est moins sévère. « Mauvais planning ? Ce n’est pas entièrement vrai. Nous manquions aussi de confiance en nous-mêmes. Mais aujourd’hui, nous avons le plus faible coût de production dans l’industrie du cuivre, du ciment, de l’aluminium... Nous sommes les plus grands consommateurs et producteurs de thé. La compagnie indienne de thé vient d’ailleurs de racheter Tetley ! Nous devenons réellement un acteur commercial international. » Jetu Lalvani, indo-libanais, ajoute que l’histoire de la Chine et de l’Inde est à prendre en considération pour comprendre les différences de résultat entre ces deux pays. « L’Inde est une démocratie marquée par une diversité culturelle énorme. D’un État à l’autre, on ne parle pas la même langue, on vénère les dieux de différente manière, la cuisine varie... En outre, depuis cinq ans, la coalition au pouvoir comprend 23 partis. La prise de décision est donc forcément beaucoup plus longue. La Chine, elle, est soumise à un système dirigiste. Un système certes controversé, mais quand une décision est prise, elle est mise en œuvre de manière beaucoup plus rapide et efficace qu’en Inde. » Mais, Jetu Lalvani reste résolument optimiste sur l’avenir de l’Inde en tant que puissance régionale. « Toute ma vie, et j’ai 42 ans, on m’a répété que l’Inde avait un potentiel énorme et je n’ai rien vu venir. Aujourd’hui, pour la première fois, je sens un changement. Selon moi, une histoire est très significative. Dans les années 80, une organisation officielle américaine avait prévu qu’en 2020, la Chine deviendrait la première économie mondiale, suivie des États-Unis. Tout le monde s’était alors rué sur la Chine, à commencer par ma société. Récemment, Morgan Stanley a annoncé que selon ses prévisions, en 2040, la Chine sera n° 1, l’Inde n° 2 et les États-Unis en troisième position. J’estime donc avoir de bonnes raisons d’être optimiste. » M. Kabraji se veut plus mesuré. « L’Inde a cette image de puissance. Mais elle doit encore la concrétiser. Ce qu’elle ne fait pas actuellement. Et je ne vois pas cela se produire dans les cinq ans à venir. » Prochain article, les carnets de route du Rajasthan L’Inde en chiffres 1 049 700 118 habitants (estimation 2003) Taux de croissance de la population : 1,47 % (estimation 2003) Taux de fécondité : 2,91 enfants par femme (estimation 2003) Espérance de vie : 63 ans 3 300 000 kilomètres carrés Analphabétisme : 40 % Taux de croissance du PIB en 2002 : 4,4 % (les prévisions pour l’année fiscale 2003-2004 sont de 6 à 7 %) Composition du PIB : agriculture 25 %, industrie 25 %, services 50 % PIB : 502 milliards de $ (2002) PIB par habitant : 478 $ (2002) Taux de chômage : 8,8 % (2002) Taux d’inflation : 5,4 % (2002) Population vivant sous le seuil de pauvreté : 25 % (2002) Taux de croissance de la consommation privée : 6,2 %, principal soutien de la croissance Les exportations seraient en progression de 12,7 % pour l’année 2002-2003 et les importations de 11,7 % Indice de développement humain (IDH) du Pnud : l’Inde a été rétrogradée de la 94e place à la 127e place en 10 ans. Sources : Banque mondiale, CIA World Fact Book, DREE. Affronter la vie dans de meilleures conditions, grâce à une ONG Le Magic Bus, un espoir sur la route des enfants des bidonvilles de Bombay Dans cette mêlée, deux mondes se rencontrent. Bras dessus bras dessous, les expatriés de Bombay poussent avec les jeunes des bidonvilles pour enfoncer les lignes adverses. Ce que l’un gagne en un mois, l’autre mettra des dizaines d’années à l’engranger. Mais sur ce terrain de rugby, ils forment une équipe dont l’unique but est de jouer... et d’aplatir de l’autre côté de la ligne d’en-but. À l’origine de la réunion de ces deux mondes, Matthew Spacie, un expatrié anglais qui a fini par lâcher sa carrière pour se consacrer aux enfants des rues de la capitale économique indienne. Son aventure a un nom, le Magic Bus, et un objectif simple : doter, grâce à la pratique d’activités en extérieur, les plus défavorisés de la planète des ressources humaines indispensables pour affronter les aléas de la vie. Le long de la voie ferrée à Bombay, la vie quotidienne des miséreux s’étale sous les yeux des passants. De l’autre côté de la vitre de la voiture, des baraquements de tôle, de carton ou de plastique. L’espace intérieur étant clairement trop petit pour y demeurer, c’est sur une bande de terre mêlée à des détritus que vivent ces habitants des bidonvilles, hommes, femmes et enfants. Devant les travailleurs qui vont prendre leur train, un jeune homme se brosse les dents, un autre, une bande de tissu nouée autour des reins, se lave, perché sur une petite caisse de bois. Une jeune fille épouille son frère, une femme prépare une soupe sur un petit feu de bois, un vieillard fume, un enfant, pieds nus, défèque. La vie à l’état brut, ou plutôt la survie malgré tout, malgré la crasse, la misère. C’est précisément pour donner les moyens aux jeunes enfants des bidonvilles de se forger une vie digne de ce nom que Matthew Spacie, un Anglais de 36 ans, a créé le Magic Bus, il y a cinq ans. Une association à laquelle il a décidé de consacrer toute son énergie et son temps en 2001, date à laquelle il démissionne de son poste de directeur des opérations d’une des plus grandes agences de voyage en Inde. Contrôler sa colère et sa frustration La philosophie de cette organisation non gouvernementale est simple : permettre aux enfants d’échapper à leur environnement de misère, et de développer, au travers de jeux et activités en extérieur, les qualités et aptitudes personnelles nécessaires pour aborder la vie dans de meilleures conditions. « Nous avons découvert, explique Tina Kapur, membre de l’équipe du Magic Bus, qu’en pratiquant différents sports et activités en extérieur, les enfants apprenaient à avoir confiance en eux, à se respecter eux-mêmes, à contrôler leur frustration et leur colère. » Aujourd’hui, l’association qui s’occupe de 1 500 enfants, âgés de 8 à 18 ans, organise des sorties d’une journée dans des musées de la ville ou dans un parc aquatique, des entraînements de rugby ou de kabati, un sport local, ou encore des week-ends de trois jours dans des camps, en dehors de Bombay, où les jeunes font de l’escalade ou du rafting. « Quand les jeunes arrivent au camp et qu’ils se retrouvent devant le mur d’escalade, la plupart d’entre eux ont peur, certains pleurent. Et puis, l’effet de groupe aidant, ils se lancent. Lors des discussions qui suivent ces activités, ils nous expliquent la puissance de ce nouveau sentiment qu’ils viennent de percevoir : parvenir à surmonter sa peur », raconte Alka, directrice des programmes du Magic Bus. Autant de découvertes sur leur propre personnalité qu’ils pourront appliquer à leur tour dans leur vie quotidienne. « Nous recevons des jeunes filles tout juste sorties de réseaux de prostitution, des enfants déjà accros à diverses drogues. Notre but est de les amener à prendre eux-mêmes l’initiative de renoncer aux stupéfiants et de doter les victimes d’abus de ressources qui leur éviteront de retomber dans ces réseaux, une fois hors du Magic Bus », ajoute Alka. Magic Bus a en outre développé des programmes pour permettre aux adolescents d’aborder le monde du travail. « Nous faisons entrer en tant que stagiaires des jeunes de chez nous dans des entreprises. Nous les aidons également à rédiger des curriculum vitae, voire à apprendre à s’habiller pour se présenter à un entretien », explique Tina. Le Magic Bus est en relation avec différentes entreprises qui financent l’organisation. « Nous demandons plus qu’un simple chèque aux entreprises partenaires. Nous souhaitons qu’elles participent activement au Magic Bus en nous envoyant des volontaires. Aujourd’hui plus de 140 volontaires d’entreprises travaillent avec nous. Le but est de recréer un lien entre ces jeunes et le monde. À Bombay, les gens ne voient plus la pauvreté. En participant aux activités, ils réalisent qu’ils ont à faire à des êtres humains et surtout à des enfants qui ont droit à une enfance. » Devenir quelqu’un Et c’est à leur redonner ce droit à l’enfance que les 35 membres actifs du Magic Bus emploient leur énergie. Le résultat, il est inscrit sur les visages rayonnants de Hassan et Alam. Ce dernier, 18 ans, n’est pas passé par le Magic Bus, mais travaille au sein de son équipe. Ancien enfant des rues, il est sorti de l’enfer par la force de sa volonté. Aujourd’hui, il affiche une mine ravie. « En travaillant ici, je sens que je suis devenu quelqu’un. Au Magic Bus, je sais que je suis utile, car étant donné mon histoire, je suis proche des enfants qui passent par le centre, je les comprends. Quand ils arrivent ici, ils sont inhibés, ils ont peur de tout. Mais en participant aux activités, ils perdent ces inhibitions, ils parviennent enfin à s’exprimer. Et quelqu’un est là pour les écouter. » Hassan, 20 ans, ne dit pas autre chose. « Je suis entré au Magic Bus il y a trois ans. Je me souviens parfaitement de mon premier camp. Nous participions à une compétition par équipes et la nôtre était bonne dernière. Mais notre mentor n’arrêtait pas de nous encourager. Je m’en souviens encore aujourd’hui car c’était la première fois que quelqu’un m’encourageait. Que quelqu’un croyait en moi. Et pour la première fois, je me suis battu pour quelque chose. Plus tard, j’ai compris que j’avais en moi les ressources pour affronter les problèmes qui surgiront au cours de ma vie. » Et les yeux de Hassan pétillent alors que les mots sortent en flots continus de sa bouche. « Vous savez, il n’y a pas si longtemps, je n’aurais jamais osé parler à une journaliste. J’aurai eu trop peur. » La peur qui le hantait tellement qu’elle peuplait ses nuits de cauchemars, il a appris à la surmonter le jour où il est parvenu à escalader un mur, lors d’un camp. « Désormais, j’ai confiance en moi. Je veux retourner à l’école le soir après mon travail d’assistant sportif au Magic Bus, et ensuite je veux devenir soldat. » Aujourd’hui, comment se sent-il ? « Je suis heureux », lâche-t-il, avant d’ajouter dans un large sourire : « Infiniment heureux ! » E.S.
Bombay, d’Émilie SUEUR
« Shining India » et le « feel good factor ». À en croire les slogans lancés, à quelques mois des législatives, par la coalition au pouvoir, l’Inde est sur la voie de la réussite économique. Un taux de croissance de 6 % et un boom de la consommation apportent indéniablement de l’eau au moulin du Premier ministre Atal Behari Vajpayee, qui cherche à faire de la réussite économique la nouvelle fierté indienne en remplacement du nationalisme hindou, son précédent cheval de bataille. Mais, au-delà des chiffres, l’Inde est également le pays des bidonvilles géants et s’illustre par un fort taux d’analphabétisme. Une Inde qui recule également dans le classement établi par le Programme des Nations unies pour le développement. « Feel good factor » ou « fail good factor », pour...