L’immigration en France est stable depuis 25 ans et la population immigrée croît pratiquement au même rythme que la population totale du pays, mais un « sérieux problème d’intégration demeure », souligne une étude qui bat en brèche certaines idées reçues dans ce domaine politiquement sensible.
« La France est un vieux pays d’immigration, mais il y a déjà vingt-cinq ans qu’elle n’est plus un pays d’immigration massive », indique cette étude, intitulée « Cinq idées reçues sur l’immigration », et publiée hier dans la revue Populations et sociétés de l’Institut national d’études démographiques (INED). Au contraire, la France est devenue « le pays d’Europe où la croissance démographique dépend le moins de l’immigration », soit de 20 à 25 %, ajoute cette étude. Pourtant, ce constat est « méconnu », déplore l’INED, qui souligne que prévaut dans l’opinion l’idée fausse « d’une France en déclin démographique, prise d’assaut par la vague montante d’immigration ».
Au 1er janvier 2002, la France comptait 61,1 millions d’habitants. Le nombre d’étrangers en 1999 était exactement de 3 258 539, selon l’INED. Certes, il y a des « concentrations locales » importantes dans certaines localités, mais historiquement, si « la France a bel et bien été un pays de forte immigration après la Première Guerre mondiale », puis « dans les années 60 et 70 », elle ne l’est plus. En revanche, la France « a un sérieux problème d’intégration à résoudre, que ce soit dans le système éducatif ou le marché du travail », et qui concerne les enfants des « grandes vagues migratoires ouvrières » des années comprises entre 1950 à 1974, année où l’immigration a été officiellement stoppée, sauf cas particulier.
Une autre « idée reçue » concerne le taux de fécondité. Ainsi, dans la période 1991-1998, le nombre moyen d’enfants par femme était de 1,72, et de 1,65 pour les seules Françaises natives, relève l’étude qui met en parallèle ces chiffres avec la chute de la natalité dans les pays du Maghreb et dans l’Afrique sub-saharienne, d’où viennent un grand nombre d’immigrés.
L’immigration irrégulière, souvent mise en avant notamment par l’extrême droite, est sans doute « indénombrable », mais nullement « innombrable », affirme l’INED. « En réalité, on surestime toujours le nombre des sans-papiers », ajoute l’étude, qui rappelle que la France a régularisé en 1982 – suite à une promesse du président d’alors, François Mitterrand – quelque 132 000 immigrés, puis quelque 90 000 en 1997-1998. L’étude n’est donc pas en mesure de donner un chiffre exact des étrangers en situation non régulière, mais donne une estimation de 63 000 arrivant chaque année.
Autre « idée reçue » démontée par l’étude, l’immigration n’est pas « misérable », et les migrants venant de pays pauvres sont une population « en meilleure santé, plus instruite, plus entreprenante » que celle qui reste au pays. C’est donc plutôt « la misère des États qu’il faudrait évoquer comme ressort majeur de l’immigration ».
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