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Actualités - REPORTAGE

AVIATION - Augmentation des ventes à la billetterie Les charters sont aussi sûrs que les vols réguliers, affirment les voyagistes libanais

Les deux crashs aériens de Cotonou et de Charm el-Cheikh, qui ont coûté la vie à près de 250 personnes en l’espace de deux semaines, ont eu pour effet de susciter une certaine réticence parmi les voyageurs à s’embarquer sur des vols charters. Cette appréhension est toutefois injustifiée selon les responsables des principales agences de voyages locales, qui affirment que toutes les conditions de sécurité sont garanties, conformément aux normes internationales, sur les avions qu’ils louent pour organiser leurs tours. De surcroît, soulignent ces mêmes responsables, l’avion demeure le moyen de transport le plus sûr, malgré tous les drames survenus ces derniers temps. «Les deux catastrophes aériennes sont certes malheureuses, mais il ne faut pas généraliser, explique M. Élie Nakhal, directeur général de Nakhal et Cie. L’accident de Cotonou est une erreur humaine, voire un crime. Alors que les causes de celui de Charm el-Cheikh demeurent inconnues. » « Pour ce qui est de la sécurité des appareils, les charters suivent la même réglementation imposée aux avions des vols réguliers, poursuit-il. On ne badine pas avec l’aviation. La direction de l’aviation civile est très stricte dans ce domaine. Aucun permis n’est délivré à une compagnie aérienne si ses appareils ne répondent pas aux normes de sécurité exigées. Et croyez-moi, celles-ci sont très sévères. De plus, les compagnies d’assurances refusent d’assurer un avion qui ne possède pas un certificat de maintenance. » Nous n’avons pas pu joindre le directeur de l’aviation civile, bien que nous l’ayons contacté à plusieurs reprises, pour qu’il nous expose les conditions imposées aux compagnies aériennes concernant la maintenance et la sécurité de leurs appareils. Les prix réduits des vols charters sont-ils synonyme de laxisme dans les mesures de sécurité prises ? « Au Liban, on interprète mal la fonction des vols charters, répond M. Nakhal. On pense à tort qu’il s’agit uniquement de vols à prix réduits, comme le cas se présente en Angleterre. Ce n’est pas vrai. Les charters peuvent avoir certes des prix réduits, mais cela n’a rien à voir avec la sécurité de l’appareil et la compétence du personnel. » Pourquoi cette différence de prix ? « Pour plusieurs raisons, souligne M. Nakhal. Premièrement, l’équipe administrative des compagnies aériennes privées est beaucoup plus importante que celles qui louent les avions charters, puisqu’elles ont besoin d’être représentées dans plusieurs pays du monde. Deuxièmement, les tour-opérateurs peuvent se permettre de plus hauts risques puisque la saison des charters est limitée à l’été, de juin à août plus précisément, et à la période des fêtes de fin d’année. Alors que les compagnies aériennes nationales et internationales, qui assurent des vols tout au long de l’année, ne peuvent pas se permettre de tels risques. Enfin, la troisième raison est d’ordre quantitatif. Les avions loués pour les vols charters sont des appareils conçus pour contenir 175 passagers. Or, soucieuses d’assurer un plus grand confort à leur clientèle et faire bénéficier un plus grand nombre de passagers des avantages de la classe business, les grandes compagnies aériennes ont réduit le nombre des sièges à 135. Les compagnies de charters ne peuvent se permettre un tel luxe, puisqu’elles travaillent d’une façon saisonnière. » Renforcer l’industrie du tourisme Les avantages des charters ne se limitent pas toutefois aux prix réduits des voyages. « Il s’agit en fait d’un moyen pour renforcer l’industrie du tourisme, insiste M. Nakhal. En tant qu’agence de voyages, nous avons lancé des destinations touristiques, Rhodes, Antalya, Venise, Marmaris, Letoonia et tant d’autres. Or, si un touriste libanais désire visiter l’une de ces destinations par le biais d’un vol régulier, Rhodes à titre d’exemple, il doit passer près de neuf heures dans les avions et les aéroports puisqu’il doit faire une escale à Athènes et prendre le vol de 4h. Il y a donc un double risque à prendre : la perte des bagages et le retard dans les vols, sans oublier la nuit blanche qu’il doit passer pour être à l’aéroport à 2h. L’avantage des charters dans ces cas, c’est qu’ils assurent un vol direct vers la destination choisie à une heure raisonnable. Nos avions décollent vers 9h, et le vol pour Rhodes dure une heure vingt minutes. Les touristes arrivent ainsi frais et reposés. » Et M. Nakhal d’ajouter : « Notre rôle consiste à assurer des liaisons directes vers une destination touristique, ce qui n’est pas le cas avec les compagnies aériennes. Ces dernières ne sont en réalité intéressées que par les capitales, qui ne sont jamais touristiques. » Selon M. Nakhal, le deuxième avantage des charters est celui d’assurer le transport vers le Liban de personnes participant aux congrès mondiaux qui y sont organisés. Alors qu’à cet effet, les compagnies de vols réguliers adoptent le système du « yield management », qui consiste à offrir un prix réduit à 10 % des congressistes uniquement, alors que tous les autres doivent payer le tarif complet. « Les charters permettent aussi d’assurer des arrêts au Liban pour les bateaux de croisière, ce qui stimule l’économie », remarque-t-il. Une clientèle réticente Mais dans quelle mesure ces catastrophes se sont-elles répercutées sur le mouvement des agences de voyages ? « Elles ont affecté psychologiquement la clientèle libanaise, qui demande des informations concernant l’avion et la compagnie qui assure le vol, signale M. Nakhal. Ils ont peur des vols charters, ce qui est une nouvelle tendance due aux crashs de Cotonou et de Flash Airlines. » De son côté, M. Georges Pétrakian, propriétaire et directeur général de Tania Travel, a signalé que les crashs n’ont pas influencé la billetterie, dont le chiffre d’affaires a augmenté de près de 25 % durant la première quinzaine du mois courant, considérant qu’une baisse de la demande sur les vols charters va certainement se ressentir, notamment durant les vacances de la fête de l’Adha surtout pour ceux à destination de Charm el-Cheikh, « parce que les gens associent à tort cette ville au crash de la Flash Airlines ». « Mais avec le temps, cette peur va se résorber », indique-t-il. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas prévu de charters à destination de Charm el-Cheikh pour la fête de l’Adha, car les hôtels sont presque bondés et à cause du crash. Les gens sont réfractaires et nous ne voulons pas prendre de risques. Nous continuons toutefois à coopérer avec Egypt Air pour les croisières sur le Nil et pour les voyages à destination du Caire. Par contre, nous prévoyons beaucoup de vols pour la saison estivale, mais nous n’avons pas encore décidé avec quelle compagnie de charters coopérer. » M. Pétrakian ajoute que, d’après les lois internationales, la location des charters doit se faire entre les deux pays concernés par la liaison aérienne, précisant que les avions qu’ils louent pour les vols charters ont 10 ou 12 ans d’âge, sachant qu’il s’agit d’appareils dont la durée de vie est presque de quarante ans. M. Nakhal, quant à lui, s’attend à une baisse des demandes vers Charm le-Cheikh durant la période de l’Adha, non seulement à cause des deux catastrophes, mais aussi parce que les dates des fêtes étaient rapprochées et que les touristes libanais recherchent une autre destination, bien que Charm el-Cheikh demeure la plus prisée durant l’hiver. Des vols charters occasionnels D’autres agences ne ressentent pas vraiment la baisse, puisqu’elles organisent des vols charters d’une façon occasionnelle, principalement pour les fêtes du Nouvel An, de Pâques et durant l’été, la fête de l’Adha n’ayant jamais figuré sur leur calendrier. « Nous ne collaborons qu’avec les compagnies aériennes officielles, remarque Mme Marwa Rizk, directrice de marketing à Wild Discovery. Les charters que nous louons proviennent de compagnies respectables dont les papiers sont en règle. Nous choisissons les meilleurs appareils, c’est la raison pour laquelle d’ailleurs nos prix sont plus élevés que ceux des autres agences. De plus, les charters ne constituent qu’une partie minime de notre activité. Nous ne pouvons pas permettre qu’un accident vienne ternir notre image. Quand nous optons pour un vol charter, nous prenons toutes les précautions nécessaires et insistons pour avoir le meilleur service possible, d’autant que le confort des passagers et leur sécurité figurent en tête de nos préoccupations. » « Nous n’avons pas prévu un vol charter pour l’Adha, précise Mme Rizk. Nous avons par contre prévu des voyages vers plusieurs destinations, sans que les vols ne soient pour autant des charters », précise-t-elle. De son côté, Mme Josiane Riachi, directrice du département de tourisme à Translebanon Tours, indique que les vols charters sont occasionnels. « Nous travaillons plus sur les vols nationaux, dit-elle. D’ailleurs, s’il nous arrive de le faire, nous louons des avions des compagnies nationales et internationales officielles. » Nada MERHI
Les deux crashs aériens de Cotonou et de Charm el-Cheikh, qui ont coûté la vie à près de 250 personnes en l’espace de deux semaines, ont eu pour effet de susciter une certaine réticence parmi les voyageurs à s’embarquer sur des vols charters. Cette appréhension est toutefois injustifiée selon les responsables des principales agences de voyages locales, qui affirment que toutes les conditions de sécurité sont garanties, conformément aux normes internationales, sur les avions qu’ils louent pour organiser leurs tours. De surcroît, soulignent ces mêmes responsables, l’avion demeure le moyen de transport le plus sûr, malgré tous les drames survenus ces derniers temps.

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