Une trentaine d’Irakiens se sont retrouvés à l’amphithéatre de l’hôpital de réhabilitation de Tikrit, au nord de Bagdad, un « terrain neutre », selon Daniel Ernst, porte-parole civil de la coalition dirigée par les États-Unis dans la province de Salaheddine. « Nous ne voulions pas tenir la rencontre dans un bâtiment gouvernemental », affirme-t-il, assurant que la coalition a uniquement...
Actualités - CHRONOLOGIE
L’ex-fief de Saddam Hussein goûte à la liberté de la parole À Tikrit, cheikhs, intellectuels et notables discutent de Dieu et de la femme
le 12 février 2004 à 00h00
La coalition avait invité notables, cheikhs et intellectuels de Tikrit, l’ancien fief de Saddam Hussein, à un débat politique, mais ces Irakiens sevrés de liberté pendant des années en ont profité pour digresser sur Dieu et la femme. Le débat devait tourner autour de l’accord du 15 novembre 2003, signé entre la coalition occupant l’Irak et le Conseil de gouvernement transitoire irakien, sur le retour à la souveraineté.
Une trentaine d’Irakiens se sont retrouvés à l’amphithéatre de l’hôpital de réhabilitation de Tikrit, au nord de Bagdad, un « terrain neutre », selon Daniel Ernst, porte-parole civil de la coalition dirigée par les États-Unis dans la province de Salaheddine. « Nous ne voulions pas tenir la rencontre dans un bâtiment gouvernemental », affirme-t-il, assurant que la coalition a uniquement joué un rôle d’organisateur, en invitant des représentants de la société civile.
Les six intervenants, dont deux femmes et le gouverneur de la province Falah al-Nakib, s’installent sur la scène ornée de fleurs artificielles, alors que dans la salle, l’audience prend place dans une ambiance bon enfant, cheikhs sunnites à l’allure imposante, universitaires partisans de la laïcité et femmes voilées se saluant bruyamment.
À peine M. Nakib et un autre intervenant finissent leur discours que les questions fusent. Les participants, qui, il y a quelques mois encore, vivaient sous l’ombre d’un dictateur, s’inquiètent de la notion de « fédéralisme » stipulée dans l’accord du 15 novembre et demandent à la remplacer par « décentralisation ». « Nous rejetons le fédéralisme. Établir des gouvernements locaux dans les 18 provinces d’Irak, avec ce que cela entraîne de ministres et de fonctionnaires, ne sert pas les dépenses de l’État », s’indigne Adel Majid al-Rachid, professeur d’économie.
Mohannad Maher Jassem, doyen de la faculté d’éducation à l’Université de Tikrit, propose la rédaction d’un texte expliquant avec des mots simples le principe de la décentralisation, dans le but de le distribuer au grand public pour mieux l’informer.
Mais le train des interventions ne tarde pas à dérailler. Saad as-Salhi, représentant à Salaheddine du Mouvement des officiers et des civils libres, demande, sur un ton solennel, de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Son mot provoque la colère de cheikh Sabah al-Obeidi, qui qualifie sa proposition d’« idée empoisonnée ».
Le remous qui s’ensuit n’est interrompu que par le poème islamique allégorique déclamé avec emphase par un professeur de littérature arabe. Ensuite, M. Rachid provoque l’hilarité générale en se moquant gentiment de Fawziya Abbassi, une intervenante qui a revendiqué des congés maternité payés. « Vous les femmes, vous voulez être payées en restant à la maison ? Vous dominez chacun de nous, pauvres hommes, à 99,99 % au foyer, cela ne vous suffit pas ? » lance-t-il.
Le débat de plus de trois heures n’est finalement suspendu que par un cheikh qui s’inquiète de l’heure de la prière qui approche. Intervenants et invités affluent, bras dessus bras dessous, vers la salle où le déjeuner est servi.
La coalition avait invité notables, cheikhs et intellectuels de Tikrit, l’ancien fief de Saddam Hussein, à un débat politique, mais ces Irakiens sevrés de liberté pendant des années en ont profité pour digresser sur Dieu et la femme. Le débat devait tourner autour de l’accord du 15 novembre 2003, signé entre la coalition occupant l’Irak et le Conseil de gouvernement transitoire irakien, sur le retour à la souveraineté.
Une trentaine d’Irakiens se sont retrouvés à l’amphithéatre de l’hôpital de réhabilitation de Tikrit, au nord de Bagdad, un « terrain neutre », selon Daniel Ernst, porte-parole civil de la coalition dirigée par les États-Unis dans la province de Salaheddine. « Nous ne voulions pas tenir la rencontre dans un bâtiment gouvernemental », affirme-t-il, assurant que la coalition a uniquement...
Une trentaine d’Irakiens se sont retrouvés à l’amphithéatre de l’hôpital de réhabilitation de Tikrit, au nord de Bagdad, un « terrain neutre », selon Daniel Ernst, porte-parole civil de la coalition dirigée par les États-Unis dans la province de Salaheddine. « Nous ne voulions pas tenir la rencontre dans un bâtiment gouvernemental », affirme-t-il, assurant que la coalition a uniquement...
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