Ragaillardi par les propos tenus hier par le président de la Fed, Alan Greenspan, devant le Congrès sur l’état actuel de l’économie US et ses perspectives d’avenir (voir par ailleurs), l’euro s’est envolé face au dollar sur les marchés des changes internationaux. Greenspan, qui a estimé que la dépréciation du billet vert pourrait aider à contenir les déficits « très inquiétants » des États-Unis, a donc encouragé les investisseurs à vendre davantage de dollars, bien qu’il se soit montré optimiste en termes de croissance de l’économie US. Cela d’autant qu’il n’a donné aucun indice palpable sur un possible prochain relèvement des taux d’intérêt par la Fed. Celle-ci «peut être patiente » à ce sujet, a-t-il dit, tout en estimant que « les taux ne seront pas éternellement bas, même s’ils sont appropriés pour le moment ». Cette remarque a donc été interprétée comme un autre signal autorisant plus de faiblesse du billet vert. Plus tôt dans la journée, les spéculateurs à la hausse de l’euro avaient été rassurés par l’annonce officielle que les exportations allemandes, traditionnel moteur de l’économie du pays, ont résisté l’an dernier mieux que prévu à la hausse de 20 % de l’euro avec une baisse de seulement 2,3 % de l’excédent commercial en 2003 qui reste à un niveau appréciable de 129,7 mds EUR. Cela d’autant qu’ils venaient d’apprendre du ministre français des Finances qu’une estimation précoce doit être publiée aujourd’hui par l’Insee sur les chiffres de croissance de la France au 4e trimestre et par les douances sur le commerce extérieur qui « surpendront plutôt positivement ». Il en est de même de la révision à la hausse par la Banque d’Angleterre de ses prévisions de croissance du PIB britannique de 2 % à 3 % en 2004. Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que les attaques à la baisse du dollar reprennent de plus belle, faisant bondir l’euro à New York à 1,2830 $ contre 1,27 $ la veille, en hausse de 1,02 %. Quant à Wall Street, elle a été dynamisée par les propos de Greenspan qui a révisé à la hausse de 4 % à 5 % ses prévisions de croissance du PIB américain pour 2004, tout en excluant un resserrement du crédit dans l’immédiat. De plus, le lancement par Comcast d’une offre d’achat de 66 mds $ sur le groupe Disney, qu’il l’a rejetée, a soutenu la cote ainsi que l’annonce par l’assureur AIG et le groupe de presse News Corp de bons résultats trimestriels. Les Bourses européennes ont été également rassurées par les propos de Greenspan et les fondamentaux de l’économie outre-Atlantique. Elles ont été soutenues aussi par la hausse des valeurs automobiles après la publication par Peugeot Citroën de résultats annuels supérieurs aux anticipations ainsi que par l’offre de Comsat su Disney qui a tiré Eurodisney et Vivendi Universal vers le haut. Le relèvement par Morgan Stanley de sa recommandation sur Alstom a profité aux groupes d’infrastructure et de transport, alors que les mauvais résultats de Thomson, Danone et Rhodia ne devaient avoir qu’un impact très limité. Élie KAHWAGI