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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Peintre des paradis enfantins et des jardins des délices Lamia Ziadé, de A à Z : en toutes lettres... affranchies

En la cherchant, on la trouve dans les paradis enfantins et dans les jardins des plaisirs et des désirs. Elle est peintre et elle se nomme Lamia Ziadé. À Paris, où elle est installée depuis 1987, elle s’est d’abord fait un nom dans le domaine de la littérature enfantine. Auparavant, elle avait fait des études à l’École supérieure des arts graphiques. Elle a ensuite suivi une thèse sur l’ouvrage «À la recherche du temps perdu» qui avait fait sensation: elle avait dessiné les scènes érotiques suggérées par Proust. Puis on la trouve dessinant des tissus pour Jean-Paul Gaultier et Issey Miyaké. WASHINGTON-Irène MOSALLI Autres cordes à son arc, la création de pochettes de CD et des affiches qui ont orné des immeubles de Tokyo ainsi que la signature de rubriques dans le Vogue australien, Jalouse, Spur au Japon, et Libération. Récemment, elle a eu sa première exposition personnelle: une série de toiles érotiques. Et dans cette même veine, elle a publié, aux éditions du Seuil, un livre de dessins intitulé L’utilisation maximum de la douceur, accompagnés d’un texte de Vincent Ravalec. Actuellement, Lamia Ziadé vit à New York avec son mari (Christophe Maupas, qui est médecin) et leurs deux enfants (Barthélemy, 8 ans, et Lola, 6 ans). Questionnée de A à Z, elle a répondu en toutes lettres. En belles lettres. Et en lettres affranchies. Amour: «Seul l’amour fait vraiment vibrer le cœur des hommes. Ni l’argent, ni le pouvoir, ni le succès, ni le travail, ni le jeu, ni la découverte, ni la création, ni, ni ne peuvent vous faire sentir les transports de bonheur ou les affres de la douleur comme une rencontre amoureuse ou un chagrin d’amour.» Beyrouth: «Beyrouth mon amour.» C et D : «Je suis une vraie groupie. J’écoute mes idoles en travaillant. Gainsbourg, Léonard Cohen, Bowie, Lou Reed, Damien Rice et les chansons tristes de Sinatra. Je suis le genre de fille qui connaît les paroles des chansons que j’aime par cœur... Pour ma dernière expo, beaucoup de textes étaient d’ailleurs intégrés aux tableaux.» Danseuse: «C’est ce que j’aurais vraiment aimé être, danseuse de cabaret. C’est mon plus grand regret. Les paillettes, les strass, les talons aiguille, les perruques, les néons, les spots, la musique, un vrai rêve de petite fille. » Érotisme: «Achetez mon livre L’utilisation maximum de la douceur, en vente dans toutes les bonnes librairies. Trop pudique pour en parler mais je sais dessiner...» Femme: «J’adore être une femme, je dirais même j’adore être une femme arabe.» Globalisation : « C’est quoi ce mot? Ça ne m’intéresse pas du tout, seule l’exception m’intéresse.» Habits: «Folle de chaussures, à talons, à paillettes, lamées, à strass, rouges, des chaussures de cabaret, quoi ! Et puis les robes, les robes, les robes...» Inspiration: «Je puise mon inspiration essentiellement dans ce qui m’entoure de très près, produits de supermarché, couvertures de magazines, devantures de sex-shops (j’habitais à Pigalle, à Paris), tissus des marchés de Barbès, ma collection de souliers... les paroles des chansons que j’écoute, spécialement Gainsbourg, dont les thèmes (l’amour impossible, le sexe, le chagrin d’amour, la dérive, la provoc) sont très proches de ce qui m’inspire, et l’imagerie riche en références à notre environnement quotidien.» Jeu: «Le jeu de la séduction, d’accord...» Kleenex : « Voir yeux.» Littérature : « j’ai lu énormément pendant mon enfance et mon adolescence, c’était la guerre, rien d’autre à faire... Puis beaucoup moins quand j’ai commencé à habiter Paris, et encore moins depuis que j’ai des enfants. Aujourd’hui, je lis à peu près une heure par jour dans le subway. Derniers bouquins: Souvenirs pieux et Last Exit to Brooklyn. Mari: «Il est brun, il est beau, il sent bon le sable chaud...» New York: «La ville la plus époustouflante du monde, à mon avis. Avec Venise. Chaque jour, en sortant de chez moi, je suis éblouie, la magie opère toujours. Par contre, le “politically correct” qui s’installe de plus en plus ici ne me séduit pas du tout. Paris me manque.» Orient-Occident : « Là, je suis complètement tiraillée, un peu schizophrène pour ça. Je me sens profondément arabe, libanaise, c’est vraiment ce que je suis, dans mon cœur et mon âme, mais je me sens en même temps, tellement indiscutablement, “parisienne”, dans le sens non géographique du mot, évidemment. Une chose est certaine, je ne me sens pas du tout occidentale d’outre-atlantique...» Proust : «Oui, je suis une fan absolue, j’avais illustré des passages de La Recherche pour ma thèse, mais je crois que je n’en ai pas fini avec Proust. J’aimerais, un jour, faire un travail plus accompli qui puisse être publié...» Question: «Alors question: mais ou va le monde?» Rue: «J’ai rencontré mon mari dans la rue, la rue Servandoni, à Paris.» Solitude: «Extrêmement solitaire dans mes journées de travail, j’éprouve le besoin de voir beaucoup de monde le soir, de sortir tard…» Tissus: «Je fais mes stocks dans les marchés de Casablanca, de Tripoli, de Damas, de Barbès. Je réutilise souvent de vieux vêtements ou de vieux rideaux découpés pour faire mes collages... D’un autre côté, j’ai aussi dessiné des imprimés pour Jean-Paul Gaultier et Issey Miyaké.» Underground: «Ce qui est underground m’attire, je suis assez curieuse de ce qui est interdit ou inhabituel, mais c’est parfois difficile à trouver, dans une nouvelle ville, par exemple... Il y a aussi le “velvet underground”, ces chansons géniales de Lou Reed et Nico.» Vérité: «Quelle vérité? Moi je pense qu’on passe sa vie à mentir.» Walid : «Walid, mon frère que j’adore et qui est le meilleur des gars de cette terre.» X: «Les rayons des vidéos X des sex-shops de la 8e avenue sont du pur délire... C’est là qu’on mesure vraiment la complexité de l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus touchant, le sexe. Savez-vous qu’il y a souvent un rayon de films religieux et de films pour enfants dans ces endroits? Là aussi, ils sont politiquement corrects.» Yeux: «Les yeux c’est fait pour pleurer. Je pleure beaucoup, pour un oui ou pour un non.» Ziadé: «La famille Ziadé vient de Chahtoul et de Kattine, Kesrouan. Parfois je me sens un peu loin...»
En la cherchant, on la trouve dans les paradis enfantins et dans les jardins des plaisirs et des désirs. Elle est peintre et elle se nomme Lamia Ziadé. À Paris, où elle est installée depuis 1987, elle s’est d’abord fait un nom dans le domaine de la littérature enfantine. Auparavant, elle avait fait des études à l’École supérieure des arts graphiques. Elle a ensuite suivi une thèse sur l’ouvrage «À la recherche du temps perdu» qui avait fait sensation: elle avait dessiné les scènes érotiques suggérées par Proust. Puis on la trouve dessinant des tissus pour Jean-Paul Gaultier et Issey Miyaké.


WASHINGTON-Irène MOSALLI

Autres cordes à son arc, la création de pochettes de CD et des affiches qui ont orné des immeubles de Tokyo ainsi que la signature de rubriques dans le Vogue australien, Jalouse, Spur au...