Israël peaufinait hier sa stratégie en vue de l’examen par la Cour internationale de justice (CIJ) de la légalité de la ligne de séparation qu’il érige en Cisjordanie alors que le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï tentait d’obtenir le soutien de l’Europe. Parallèlement, le chef des renseignements militaires israélien a estimé hier que le démantèlement unilatéral des colonies juives de la bande de Gaza envisagé par le Premier ministre israélien Ariel Sharon risquait d’encourager les extrémistes palestiniens à perpétrer des attentats.
Une commission israélienne doit examiner dans les prochains jours les dépositions soumises par différents pays et organisations à la CIJ contre l’édification de la clôture de sécurité israélienne et doit remettre d’ici à vendredi ses recommandations au gouvernement sur l’opportunité de boycotter le tribunal de La Haye ou d’y plaider sa cause. Le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz a toutefois répété hier à la radio publique israélienne qu’Israël conteste la compétence de la CIJ. « Rien qu’à Jérusalem, capitale d’Israël, il y a eu 28 attentats-suicide (depuis le début de l’intifada en septembre 2000) qui ont fait 198 morts, et il faut que cet obstacle soit construit pour empêcher l’infiltration des kamikazes », a-t-il ajouté.
Selon le quotidien Yediot Aharonot, des membres d’organisations israéliennes et juives vont en outre défiler à La Haye en brandissant les photos de 920 « victimes du terrorisme » palestinien, en marge de l’audience de la CIJ prévue le 23 février. Zaka, une organisation juive ultraorthodoxe qui porte les premiers secours aux victimes d’attentats, va de son côté présenter la carcasse calcinée d’un autobus détruit par l’explosion d’un kamikaze.
La Cour suprême d’Israël a commencé à examiner lundi deux appels d’organisations de défense des droits de l’homme contre le tracé de la ligne de séparation et devrait rendre un arrêt provisoire dans les prochains jours.
Côté palestinien, Nabil Abou Roudeina, principal conseiller du dirigeant Yasser Arafat, a indiqué que des juristes arabes, américains et européens aident les Palestiniens à préparer leurs arguments en vue de l’audience à la CIJ.
À Rome, le Premier ministre palestinien poursuivait une tournée visant à mobiliser les Européens contre la ligne de séparation, que les Palestiniens ont baptisé « mur de l’apartheid » et qu’Israël qualifie de « clôture antiterroriste ». Hier, il devait rencontrer le Premier ministre italien Silvio Berlusconi ainsi que le souverain pontife. Le ministre italien des Affaires étrangères a de son côté déclaré qu’il fallait faire confiance à Ahmed Qoreï car c’est « une personne modérée » qui « veut sincèrement la paix ».
Par ailleurs, selon un communiqué militaire, le général Aharon Zeevi Farkash, chef des renseignements militaires israélien, a estimé devant la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense réunie à huis clos que le plan israélien de démantèlement de 17 colonies de la bande de Gaza peut être interprété par certains Palestiniens « comme un renforcement de leurs positions » voire « comme une légitimation du terrorisme ». L’armée a ensuite clarifié les propos du général en indiquant, dans un communiqué, « qu’ils reflétaient uniquement l’attitude et les réponses possibles, selon lui, des Palestiniens, face au plan » unilatéral de séparation d’avec les Palestiniens envisagé par Ariel Sharon.
La presse croit savoir en outre, de source militaire, que le chef d’état-major de l’armée, le général Moshe Yaalon, n’est pour sa part pas hostile à un retrait de Gaza qui lui rendrait la disposition des régiments qui y sont immobilisés au nom de la protection des colonies retranchées que Sharon veut démanteler. Mais Yaalon passe pour vouloir en savoir plus sur les intentions de Sharon.
Zeevi-Farkash croit
en la sincérité de la Syrie
Par ailleurs, le général Aharon Zeevi-Farkash a déclaré croire à la sincérité des appels du pied de la Syrie pour une reprise des négociations de paix bilatérales. Le gouvernement a toujours dit, en revanche, qu’il ne s’agissait de la part du président Assad que de tenter d’amadouer les États-Unis.
À Gaza, des dizaines de militants des Comités de la résistance populaire, un groupe armé palestinien, ont manifesté pour exiger la libération de quatre de leurs camarades, inculpés de la mort de trois Américains dans un attentat le 15 octobre. Le porte-parole de l’ambassade des États-Unis en Israël, Paul Patin, a de son côté mis en doute le sérieux de l’enquête palestinienne et du procès des quatre suspects en question. Enfin, cinq Palestiniens ont été blessés près de Jénine quand des soldats israéliens ont tiré des balles caoutchoutées contre des manifestants qui leur lançaient des pierres, selon une source sécuritaire palestinienne.
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats