Actualités - CHRONOLOGIE
Afghanistan - Karzaï appelle à l’aide internationale dans la lutte contre la drogue La culture de l’opium, un véritable enjeu national
le 10 février 2004 à 00h00
La production de drogue, combinée au terrorisme, constitue le plus gros problème de la reconstruction de l’Afghanistan, a affirmé hier le président afghan Hamid Karzaï en appelant à l’aide internationale pour lutter contre la culture de l’opium. « Nous espérons l’aide d’autres pays dans ce combat » et « nous attendons de cette conférence une aide financière et technique au bénéfice de notre stratégie nationale » de lutte contre la drogue, a affirmé le président afghan à l’occasion d’une conférence internationale à Kaboul sur la drogue en Afghanistan.
Brièvement interdite avec efficacité par le régime fondamentaliste des talibans, la production d’opium en Afghanistan est en progrès depuis deux ans et a atteint 3 600 tonnes en 2003, selon les Nations unies. L’Afghanistan est de très loin le premier producteur mondial d’opium, avec 77 % de la production internationale.
« Le terrorisme et la production de drogue contribuent également à nuire à l’économie du pays », a poursuivi M. Karzaï à l’occasion de cette conférence qui réunit plus de 200 experts internationaux de la lutte antinarcotiques.
C’est devenu en effet un poncif : la drogue en Afghanistan « finance le terrorisme et les talibans ». En 2003 pourtant, la production d’opium a explosé dans les régions en théorie sous contrôle du gouvernement central de Kaboul, d’où les talibans sont totalement absents.
Si les militants islamistes sont sans aucun doute toujours sponsorisés dans leurs fiefs du sud et du sud-est par les producteurs d’opium, le trafic s’est en fait aujourd’hui généralisé à tout le pays.
Une dizaine de provinces se sont pour la première fois lancées en 2003 dans la culture du pavot, alors que seules 18 provinces s’y livraient en 1999.
« Nous assistons à un déplacement des zones de production vers le centre – et ses hautes montagnes – et le nord du pays », constatait fin 2003 un responsable de l’Office contre la drogue et le crime des Nations unies (UNODC).
La production locale n’y est aucunement liée aux talibans, totalement inexistants dans certaines régions, ou à une quelconque insécurité alimentée par une guérilla antigouvernementale.
Plus généralement, et contrairement aux idées reçues, la carte de l’insécurité des talibans ne correspond donc pas à la carte des zones de production d’opium.
Vu l’ampleur du trafic – la drogue a généré en 2003 environ 2,3 milliards de dollars, soit l’équivalent de la moitié du PIB afghan –, les spécialistes du dossier s’accordent pour reconnaître, en se gardant bien de citer des noms, que de nombreux fonctionnaires et représentants de l’État sont, à tous les échelons, mêlés à la production et au trafic de drogue.
Pourtant tous champions de la lutte « antiterroriste et antitaliban », ces gouverneurs, chefs de guerre et autres personnalités politiques de premier plan, qui proclament haut et fort leur allégeance au président Hamid Karzaï, amassent des fortunes grâce à la drogue.
Bien au-delà du problème des talibans, le commerce de la drogue est en fait en train de gangrener toute l’économie afghane, concrétisant chaque jour un peu plus la menace de l’émergence d’un « narco-État », s’alarmait début janvier un rapport du Conseil de sécurité de l’Onu.
La production de drogue, combinée au terrorisme, constitue le plus gros problème de la reconstruction de l’Afghanistan, a affirmé hier le président afghan Hamid Karzaï en appelant à l’aide internationale pour lutter contre la culture de l’opium. « Nous espérons l’aide d’autres pays dans ce combat » et « nous attendons de cette conférence une aide financière et technique au...
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