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Actualités - CHRONOLOGIE

Arabie SAOUDITE - Le ministre de la Défense s’élève contre l’isolationnisme et l’inertie En matière de revendications, les Saoudiennes optent pour la prudence

Alors que le ministre saoudien de la Défense, le prince Sultan ben Abdel Aziz, s’élevait hier contre l’isolationnisme et l’inertie de la société saoudienne, sur le terrain, les femmes du royaume wahhabite semblent avoir opté pour la prudence dans leurs revendications. Tandis que de timides changements ont été amorcés en Arabie saoudite sur la place des femmes dans la société, celles-ci restent d’une grande prudence dans leurs revendications, y compris le droit de conduire des voitures qui leur est toujours nié. Des femmes qui mènent campagne pour avoir le droit de conduire pensent qu’elles finiront par l’obtenir, à la faveur du processus de réformes soutenu par le prince héritier Abdallah ben Abdel Aziz. « Le changement va se réaliser. Le peuple le veut, mais nous devons nous y préparer », déclare Haïfa Jamal Allaïl, doyenne de l’université Effat pour femmes à Djeddah (ouest). Mme Allaï, qui à l’instar de plusieurs de ses compatriotes, a accédé à des postes importants dans l’Administration grâce à sa formation universitaire et sa détermination, avoue conduire régulièrement lorsqu’elle est en voyage à l’étranger. Mais son cas est différent d’une autre jeune Saoudienne qui a affirmé avoir été « arrêtée » pour avoir été surprise au volant d’une voiture, avec un autre groupe de femmes « déguisées en hommes ». Mme Allaï admet que dans un pays où les femmes ne peuvent même pas voyager sans l’autorisation de leur mari ou d’un homme de leur famille, la question de la conduite est reléguée au bas de l’échelle des priorités, bien après l’emploi, qui reste la préoccupation majeure des Saoudiennes. « Les Saoudiens ne sont pas encore prêts à voir des femmes au volant d’une voiture. Cela ne veut pas dire que nous ne voulons pas conduire, bien au contraire », expliquait Selwa Alhazza, chef du service d’ophtalmologie à l’hôpital Roi-Fayçal devant un forum économique international en janvier à Djeddah. Notant que le fait qu’une femme sorte seule dans la rue est toujours une source de préoccupation dans certaines régions du royaume, elle a indiqué qu’« il y a des questions plus importantes (que la conduite) à régler avant ». Et la route est encore longue si l’on se souvient des récents propos tenus par le grand mufti du royaume sur les droits de la femme, et ce malgré le fait que Ryad soit signataire d’une convention internationale bannissant la discrimination à l’égard des femmes. « Les femmes doivent être reconnaissantes pour le respect que leur accorde l’islam en tant que mères », déclarait en effet cheikh Abdel Aziz al-Cheikh lors d’une intervention le 31 janvier au début du pèlerinage annuel à La Mecque. « Leur dialogue doit continuer à se faire sous le voile », a-t-il averti en référence au forum de Djeddah où des Saoudiennes s’étaient mêlées aux hommes et où certaines ont été filmées sans voile. Tout en écartant une rupture des traditions sociales par la levée de l’interdiction faite aux femmes de conduire, Thouraya Arrayed, conseillère de planification à Saudi Aramco, le géant de la pétrochimie en Arabie, suggère de faire de la conduite une simple possibilité. « Nous devons adopter la même approche suivie dans les écoles pour filles. Elle consistait à dire que si vous ne voulez pas envoyer votre fille à l’école, vous ne le ferez pas », dit-elle, affirmant que les habitants des régions qui étaient les plus hostiles au projet sont aujourd’hui à l’avant-garde des défenseurs des écoles pour filles. Mme Allaïl rappelle pour sa part que lors de l’introduction de la télévision en Arabie, « les gens pensaient que c’était Satan ». Aujourd’hui, au sein même du gouvernement saoudien, des voix s’élèvent contre la lenteur des réformes. Ainsi, le ministre saoudien de la Défense, le prince Sultan ben Abdel Aziz, a affirmé que les partisans de l’isolationnisme et de l’inertie ne pourraient pas entraver l’œuvre de développement et de réformes dans le royaume. Le ministre, qui s’exprimait dimanche à l’ouverture à Abha (sud) d’une conférence sur le commerce électronique, a souligné « le souci du gouvernement de réaliser le développement, d’éviter l’isolement civilisationnel et d’assurer un transfert de technologie » dans cette riche monarchie conservatrice. Mais, a-t-il ajouté, « cela se fait en préservant nos constantes, nos valeurs, notre authenticité (...) et à la lumière de la charia qui valorise la science et la sagesse ».
Alors que le ministre saoudien de la Défense, le prince Sultan ben Abdel Aziz, s’élevait hier contre l’isolationnisme et l’inertie de la société saoudienne, sur le terrain, les femmes du royaume wahhabite semblent avoir opté pour la prudence dans leurs revendications.

Tandis que de timides changements ont été amorcés en Arabie saoudite sur la place des femmes dans la société, celles-ci restent d’une grande prudence dans leurs revendications, y compris le droit de conduire des voitures qui leur est toujours nié.
Des femmes qui mènent campagne pour avoir le droit de conduire pensent qu’elles finiront par l’obtenir, à la faveur du processus de réformes soutenu par le prince héritier Abdallah ben Abdel Aziz. « Le changement va se réaliser. Le peuple le veut, mais nous devons nous y préparer », déclare...