La Cour suprême d’Israël a examiné hier deux appels sur la légalité de la barrière de séparation que l’État hébreu érige en Cisjordanie, deux semaines avant que la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye examine à son tour ce dossier controversé. Sur le terrain, les violences se poursuivaient, alors qu’on apprenait, par la voix de Nabil Chaath, ministre palestinien des Affaires étrangères, que le Premier ministre palestinien rencontrera son homologue israélien le 20 février prochain.
Les appels présentés par le Centre de défense de l’individu et l’Association pour les droits civiques en Israël portent sur le tracé de la barrière qui s’enfonce profondément en Cisjordanie afin d’englober les principales colonies juives. Des dizaines de localités palestiniennes et des faubourgs de Jérusalem-Est vont ainsi, selon ce tracé, être encerclés par cette barrière qui isolera 350 000 Palestiniens. Cette ligne est censée empêcher l’infiltration de kamikazes palestiniens en Israël.
Les appels présentés à la Cour suprême constituent une « répétition générale » avant l’audience de la CIJ qui permettra de « tester » les arguments juridiques du gouvernement, selon la radio militaire. Hostile à la saisine de la CIJ, le mini-cabinet israélien devait décider d’ici à demain si Israël la boycotte ou accepte d’envoyer des juristes à La Haye. La décision de la haute instance judiciaire israélienne devrait quant à elle intervenir dans les prochains jours.
À l’ouverture de l’audience, Michael Blass, du bureau du procureur de l’État, a soutenu que la Cour suprême se devait de rejeter le recours, ce dernier étant selon lui trop général et arguant qu’il aurait dû être présenté par des Palestiniens plutôt que par des associations israéliennes de défense des droits de l’homme.
« On ne peut attendre que chaque personne qui a souffert (de la construction de la ligne) ait trouvé son propre avocat pour faire appel. La plupart d’entre elles n’ont pas accès à un avocat », a rétorqué Me Avigdor Feldman, l’un des avocats du Centre de défense de l’individu. « Nous ne nous élevons pas contre l’existence d’une clôture de sécurité mais contre son tracé. Il n’est pas acceptable que le tracé de la clôture, pour englober des colonies, crée des enclaves pour les Palestiniens », a-t-il déclaré.
Le président du Conseil de sécurité nationale, Giora Eiland, chargé par le Premier ministre Ariel Sharon de superviser tout le dossier, a reconnu dimanche à Munich en Allemagne que des erreurs avaient été commises dans le tracé et que celui pourrait être rectifié, a rapporté le journal Haaretz.
Peindre le mur
Conscient de l’importance de la bataille qui se joue sur le front de l’opinion, Israël envisage de peindre une partie de cet ouvrage pour atténuer l’impact négatif des énormes blocs de béton dressés par endroits et filmés par les télévisions, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
Le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï entame de son côté cette semaine une tournée en Europe pour mobiliser contre cet ouvrage, que les Palestiniens qualifient de « mur de l’apartheid ». En Irlande, M. Qoreï a réclamé hier une réunion au plus haut niveau et le plus vite possible du quartette, à l’issue d’une rencontre avec son homologue irlandais, Bertie Ahern, qui lui a apporté son soutien.
La construction de la ligne entre dans le plan israélien plus vaste de séparation d’avec les Palestiniens dévoilé en décembre par M. Sharon. La direction palestinienne envisage de le contrer en proclamant un État indépendant, a indiqué Yasser Abed Rabbo, membre du Comité exécutif de l’OLP.
Aide espagnole
non remboursable
de 33 millions d’euros
Sur le front diplomatique, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nabil Chaath, a annoncé, au cours d’une conférence de presse avec la ministre espagnole des Affaires étrangères, Ana Palacio, que la première réunion des Premiers ministres palestinien et israélien, Ahmed Qorei et Ariel Sharon, aura lieu vers le 20 février et devrait permettre de relancer le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens. Interrogé sur les déclarations de Yasser Abed Rabbo, Nabil Chaath a estimé que si toutes les initiatives et les propositions palestiniennes étaient rejetées, cela pourrait alors arriver.
Nabil Chaath est venu à Madrid pour la réunion de la Commission mixte hispano-palestinienne de coopération culturelle, éducative, scientifique et technique. Les deux ministres ont signé à l’issue de cette réunion un accord prévoyant une aide espagnole non remboursable de 33 millions d’euros pour la période 2004-2006.
Sur le terrain, la violence se poursuivait. En Cisjordanie, un activiste palestinien a été tué dans un accrochage avec des soldats israéliens, alors que deux Palestiniens ont été retrouvés morts à Gaza. Ces décès portent à 3 745 le nombre de tués depuis le début de l’intifada en septembre 2000, dont 2 802 Palestiniens et 875 Israéliens.
Par ailleurs, M. Sharon, qui aura 76 ans le 26 février, devait subir en soirée une intervention après l’apparition de calculs vésicaux, selon son bureau. Dans la journée, il a remporté de justesse un vote de confiance au Parlement en dépit de la défection de plusieurs élus de sa coalition opposés au démantèlement des implantations juives de la bande de Gaza.
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