Ignorant les avertissements des pays riches, France et Allemagne en tête, la Commission européenne proposera aujourd’hui de consacrer près de 1 000 milliards d’euros au financement de l’Europe élargie de 2007 à 2013. L’exécutif européen donnera le coup d’envoi d’une bataille longue et âpre lorsqu’il mettra sur la table ses propositions pour les « perspectives financières », le jargon européen pour le budget pluriannuel qui sera en vigueur pendant ces sept années. Malgré les réserves de plusieurs commissaires, notamment allemands, qui exhortaient leurs collègues à se montrer prudents au moment où les États membres traversent des difficultés budgétaires, ces propositions seront ambitieuses, ont annoncé plusieurs commissaires européens avant la décision. La Commission entend utiliser pratiquement toute la marge disponible – le plafond des dépenses est actuellement fixé à 1,24 % du revenu national brut (RNB) – pour financer l’intégration de 12 nouveaux pays, investir dans la recherche, continuer à verser des aides aux agriculteurs, assurer la sécurité aux frontières et jouer un rôle d’acteur mondial. Le budget passerait ainsi de 100 milliards d’euros dans l’Europe des Quinze à quelque 154 milliards en 2013 à prix 2004, mais beaucoup plus si l’on prend en compte les prix 2013. Cela représenterait un budget de quelque 986 milliards d’euros pour les sept années allant de 2007 à 2013, contre 750 milliards d’euros pour la période 2000-2006. La plupart des commissaires rejetteront ainsi les pressions exercées par six pays de l’UE – Allemagne, France, Suède, Pays-Bas, Autriche et Royaume-Uni –, qui avaient demandé à la Commission de geler les dépenses à leur niveau actuel de 1 % du RNB, afin de tenir compte des restrictions budgétaires. La France et l’Allemagne, qui consacreront respectivement 16 et 22 milliards d’euros au budget européen en 2004, ne refusent pas en bloc les propositions de la Commission et leurs diplomates saluent l’accent mis sur la compétitivité.