Une vie courte (naissance à Delft, Hollande, en 1632 et décès en 1675) et une production artistique limitée (45 tableaux dont il ne reste que 35) mais une gloire qui perdure. Une vingtaine de ces œuvres, portant la signature du célèbre Johannes Vermeer et regroupées pour la première fois, avaient été exposées à Washington et à La Haye dans les années 90. Un événement mémorable et si marquant que la romancière américaine Tracy Chevalier avait rédigé un roman consacré à l’une des toiles et portant le même titre, La jeune fille à la perle, frappée qu’elle était par le regard intense et énigmatique de la personne représentée. Tracy Chevalier n’était pas la première à avoir été fascinée par cette expression qui a valu à ce portrait d’être baptisé « La Joconde...
Actualités - CHRONOLOGIE
CORRESPONDANCE « La jeune fille à la perle » : Vermeer en cinématographie faite peinture
Par MOSALLI Irène, le 10 février 2004 à 00h00
WASHINGTON-Irène MOSALLI
Une vie courte (naissance à Delft, Hollande, en 1632 et décès en 1675) et une production artistique limitée (45 tableaux dont il ne reste que 35) mais une gloire qui perdure. Une vingtaine de ces œuvres, portant la signature du célèbre Johannes Vermeer et regroupées pour la première fois, avaient été exposées à Washington et à La Haye dans les années 90. Un événement mémorable et si marquant que la romancière américaine Tracy Chevalier avait rédigé un roman consacré à l’une des toiles et portant le même titre, La jeune fille à la perle, frappée qu’elle était par le regard intense et énigmatique de la personne représentée. Tracy Chevalier n’était pas la première à avoir été fascinée par cette expression qui a valu à ce portrait d’être baptisé « La Joconde hollandaise». Dans ce livre, devenu un best-seller, l’auteur avait imaginé ce qui se passait dans l’esprit de la jeune fille ainsi peinte.
Aujourd’hui, c’est au tour du grand écran d’avoir succombé à cette magie. Inspiré par ce livre, le metteur en scène anglais Peter Webber (ayant à son actif plusieurs documentaires sur l’art) en a tiré un film traité à la manière de l’esthétique du peintre et de son époque, sur fond d’attraction amoureuse.
L’art avant toute chose
Jouant de la caméra et de la lumière comme d’une palette et d’un pinceau, il a recréé l’ambiance et les nuances de l’environnement de Vermeer. Les extérieurs ont été tournés à Delft. Le studio de l’artiste a été reconstitué au Luxembourg.
Dans ce décor bien planté se déroule ce qui pourrait se cacher derrière le tableau : la relation entre le peintre et son modèle. Celle-ci, une jeune fille de 17 ans, nommée Griet, entre au service de la famille du peintre pour subvenir aux besoins de ses parents. Faire des travaux ménagers n’empêche pas son intelligence innée de transparaître. Elle est sensible au travail du maître qu’elle observe tout en nettoyant le studio. Lui est sensible à sa beauté et à sa compréhension naturelle des choses de l’art. Dans un premier temps, il lui demandera de l’aider à concocter ses couleurs. Et quand, pour exécuter un tableau sur commande, elle posera pour lui arborant une boucle d’oreille appartenant à son épouse, il s’établira entre eux une intimité et des émotions allant jusqu’à une sensualité exacerbée.
Le tout est dit en couleurs, tirées de la gamme de Vermeer, et en mouvements subtils plutôt qu’en mots. Il y a peu de dialogues parlés mais beaucoup d’échanges, à tous les niveaux, par gestes, regards et expressions interposés. Le rythme est lent, pour mieux permettre au spectateur de savourer la beauté du moment, comme il le ferait en visitant une exposition.
Les acteurs se prêtent parfaitement à ce style et à cette cinématographie faite peinture. Colin Firth campe un Vermeer profondément réservé, qui admet graduellement Griet dans son univers privé, celui de son obsession pour la perfection de son art. Presque indifférent à son cadre familial (épouse, belle-mère, enfants), il s’anime face à ses toiles et à son modèle. Scarlett Johansson (vedette du film de Sofia Coppola Lost in Translation) se fait aussi attrayante et mystérieuse que la jeune servante. Elle dit ce qu’elle ressent (sa frustration de domestique, ses espoirs et son attirance pour le peintre) par un extraordinaire vocabulaire d’expressions du visage. Elle ressemble au modèle original avec ses grands yeux, sa peau de pêche et ses lèvres pulpeuses. Le tout suggère à la fois l’innocence et l’éveil à l’amour. Tout à fait comme dans l’œuvre de Vermeer.
Le film utilise la peinture comme moyen et non comme fin pour raconter le processus de créativité. Pour preuve, l’image finale, qui couvre entièrement l’écran, la toile de Vermeer baptisée La jeune fille à la perle. L’art avant toute chose, c’est le cas de le dire.
WASHINGTON-Irène MOSALLI
Une vie courte (naissance à Delft, Hollande, en 1632 et décès en 1675) et une production artistique limitée (45 tableaux dont il ne reste que 35) mais une gloire qui perdure. Une vingtaine de ces œuvres, portant la signature du célèbre Johannes Vermeer et regroupées pour la première fois, avaient été exposées à Washington et à La Haye dans les années 90. Un événement mémorable et si marquant que la romancière américaine Tracy Chevalier avait rédigé un roman consacré à l’une des toiles et portant le même titre, La jeune fille à la perle, frappée qu’elle était par le regard intense et énigmatique de la personne représentée. Tracy Chevalier n’était pas la première à avoir été fascinée par cette expression qui a valu à ce portrait d’être baptisé « La Joconde...
Une vie courte (naissance à Delft, Hollande, en 1632 et décès en 1675) et une production artistique limitée (45 tableaux dont il ne reste que 35) mais une gloire qui perdure. Une vingtaine de ces œuvres, portant la signature du célèbre Johannes Vermeer et regroupées pour la première fois, avaient été exposées à Washington et à La Haye dans les années 90. Un événement mémorable et si marquant que la romancière américaine Tracy Chevalier avait rédigé un roman consacré à l’une des toiles et portant le même titre, La jeune fille à la perle, frappée qu’elle était par le regard intense et énigmatique de la personne représentée. Tracy Chevalier n’était pas la première à avoir été fascinée par cette expression qui a valu à ce portrait d’être baptisé « La Joconde...