C’est parmi 18 pays et 60 participants que Colette Masri, seule Libanaise à avoir pris part à cette manifestation, s’est distinguée en remportant le second prix du concours international d’art sur porcelaine qui s’est tenu, pour sa deuxième édition, en Égypte, du 7 au 15 décembre 2003. Elle en est revenue aussi emballée et modeste qu’à la veille de son départ.
Colette Masri vit dans cet atelier-maison où son travail est éparpillé sur la table: assiettes, porcelaines déclinées en différents objets qui portent sa signature. Ses murs sont, après tant d’années, envahis par son activité prolifique. Cette femme pleine d’énergie est généreuse mais prudente. «Je n’aime pas tout montrer», précise-t-elle; elle n’aime pas tout raconter, bien que chaque toile, chaque objet possède son histoire, des souvenirs et des émotions, qu’elle conserve jalousement. Mais il suffit qu’elle se mette à parler pour que, en toute pudeur, le feu qui brûle ressorte, faisant fondre ses réticences. Ce feu qui a grandi en elle, au fil du temps, et qu’elle exprime à chaque coin de phrase, intonation et mot qu’elle choisit attentivement. Dans la vie comme dans son travail, cet élément fait partie intégrante de ses activités. Colette Masri manie le « troisième feu », à savoir la peinture sur verre et porcelaine, depuis bien longtemps. Le dialogue entre eux semble parfait.
La peinture sous toutes
ses formes
Colette aime peindre depuis sa tendre enfance. Sa rencontre, brève, avec Georges Corm, ami de la famille et parent par alliance, qui lui donne ses premiers cours de dessin, bouleverse ses jeunes années. La rencontre fut interrompue par le décès de l’artiste. La jeune femme décroche son bac et s’inscrit à l’Alba. «Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en architecture d’intérieur, j’ai voulu me reposer un peu. Je me suis reposée beaucoup!» poursuit-elle dans un rire franc. Elle se cherche, collabore avec des confrères, crée des meubles, intègre timidement ses premiers vitraux dans des projets de décoration, des appartements et autres restaurants. Elle peint des chevaux, « c’est à cause de mon père, qui m’a appris à aimer la beauté et la liberté de cet animal», des paysages, des femmes. Elle part en Italie apprendre les techniques de la peinture sur porcelaine et revient au Liban où elle suit, quatre ans durant, des cours de peinture à l’atelier Emmagoss. Son style géométrique, fragmenté, découpé («ne me dites surtout pas que c’est du cubisme !» s’écrie-t-elle) s’impose sur ses toiles. De même que les couleurs chaudes de l’huile, dont elle précise: «Jongler avec les couleurs chaudes, c’est un peu jouer avec le feu.» Et d’ajouter : «J’aime la texture de l’huile: son odeur, sa sensualité, sur mes mains puis sur la toile. Lorsque j’ai peint ma première femme, je me suis vue en train de la traiter “ comme ça ”, je me suis vite retrouvée, c’était moi, il ne fallait surtout pas y toucher. Depuis, j’habille les hommes et les femmes à ma façon.» La peinture sur porcelaine fut donc une étape évidente, presque normale. «J’ai allié mes deux amours.»
Un prix bien mérité
Depuis 1995, Colette enseigne la peinture sur vitrail. Elle a pris part à de nombreuses expositions collectives au Liban, aux Émirats arabes unis et en France. La dernière en date fut donc la 2nd World Exhibition of Art on Porcelain. «Ce concours s’est tenu pour la deuxième fois. Cette année, il y eut un très bel hommage à Carlos Spira, l’ambassadeur de la porcelaine dans le monde. Soixante participants sont venus des quatre coins du monde, les USA, la Suisse, le Brésil, l’Espagne, la Colombie, le Portugal, la France, le Japon et même l’Australie.» Colette Masri remporte le deuxième prix pour une œuvre sur porcelaine intitulée Fusion. «Un homme, une femme, une union, la plus belle chose qui existe sur terre.»
On n’en saura pas plus, l’artiste nous avait prévenus, elle n’aime pas tout montrer. Mais on pourra lire, griffonné sur un papier à notre intention: «Quand je peins, ma toile est mon être, mes couleurs sont ma lumière, mes pinceaux sont ma musique.»
Carla HENOUD
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