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Actualités - CHRONOLOGIE
Communautés - La cérémonie traditionnelle de la Saint-Maron Mgr Boulos Matar : L’Église maronite n’adhère qu’au Liban de tous
le 10 février 2004 à 00h00
Comme le veut la tradition, l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré hier, en présence de représentants du chef de l’État, du président de l’Assemblée et du Premier ministre, Jean-Louis Cardahi, Abdel Latif Zein et Bahige Tabbarah, la messe officielle en l’église Saint-Maron de Gemmayzé.
Une foule de personnalités politiques chrétiennes et musulmanes, parmi lesquelles on notait en particulier l’ancien président de la République Amine Gemayel, ainsi que l’ancien président de l’Assemblée Hussein Husseini et les anciens chefs de gouvernement Sélim Hoss et Rachid el-Solh, ont assisté à l’office. Les ministres Michel Samaha, Farès Boueiz et Assaad Diab étaient également présents.
Le nonce apostolique, Mgr Luigi Gatti, a transmis aux fidèles rassemblés la bénédiction du chef de l’Église catholique romaine.
Le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audeh, a également assisté à la cérémonie.
Dans l’homélie qu’il a prononcée, Mgr Boulos Matar a commencé par évoquer « l’immense joie nationale due au retour dans leur patrie de nos enfants qui enduraient contre toute justice les rigueurs des prisons ennemies ». « Il y a là, a-t-il dit, la preuve que toute action sincère et tout sacrifice pour le Liban sont gages de sa liberté et de sa dignité. »
« Nous souhaitons aussi que cette joie englobe toutes les familles du Liban qui attendent le retour d’êtres chers qui demeurent encore loin de chez eux », a ajouté Mgr Boulos Matar, dans une allusion aux détenus qui restent emprisonnés ou disparus, que ce soit dans les geôles israéliennes ou, comme l’affirment de nombreuses familles, en Syrie.
Toutefois, Mgr Matar a tenu à affirmer que cette œuvre de libération extérieure doit être « parachevée » par « la libération de la personne humaine ainsi que de nos sociétés ».
Sur un plan plus étroitement politique, l’archevêque de Beyrouth a affirmé que la réconciliation nationale demeure inachevée, ajoutant, sans établir un rapport direct avec cette première question, que le Liban manque toujours d’une « loi électorale établissant l’égalité entre les citoyens et les régions ».
Évoquant le synode patriarcal maronite qui s’est ouvert en juin dernier, Mgr Matar a affirmé que les recherches effectuées dans le cadre de cet événement aboutiront « à ce que l’Église maronite renouvelle ses options fondées sur les principes solides issus de sa vocation sainte, des leçons de l’histoire et des impératifs du futur ».
« Le Liban, tel que l’Église maronite le conçoit, n’est que le Liban de tous », dira en particulier, à la suite du synode patriarcal, l’archevêque de Beyrouth, exprimant de la sorte le refus de toute tentation séparatiste, l’une des principales leçons de l’histoire récente, sinon la principale.
La patrie de la liberté
Voici, du reste, les passages de l’homélie où il en est question :
« Le Liban fut d’abord et restera, pour elle (l’Église maronite), comme pour tout Libanais, la patrie de la liberté, cette fleur éclose sur son sol et que tous ses fervents ont arrosée du sang de leur cœur et de la sueur de leur front, comme il restera la patrie de la coexistence interactive et créatrice entre ses fils, chrétiens et musulmans. L’Église maronite ambitionne avec tous les Libanais de bonne volonté de voir en cette patrie s’édifier, immuable, l’État de droit et que persiste sur son sol le brassage culturel pour le bien de toute la civilisation humaine. Le Liban, tel que l’Église maronite le conçoit, n’est que le Liban de tous. Sur lui fut noué notre consensus et il demeurera.
Avec le monde arabe, l’Église maronite renouvellera une alliance que ses enfants ont commencée depuis la rencontre du christianisme et de l’islam sur notre sol commun. Il s’agit de la coopération, non seulement dans l’interaction au plan de la civilisation ou dans l’adoption de la langue arabe, le développement de ses lettres et leur ouverture sur toutes les expressions de la vie, mais dans l’insertion de l’Église maronite dans le destin d’un des peuples et des territoires de ce cher Levant. Sa Sainteté le pape, qui nous a recommandé cette insertion, dans son Exhortation apostolique, nous rappelait en fait la profondeur de notre patrimoine et son ouverture dans ce domaine. Il nous incombe dès lors, chrétiens et musulmans, tout en œuvrant à la libération des terres arabes et à la récupération des droits de leurs citoyens des mains de leurs usurpateurs, de concentrer aussi nos efforts pour parachever la libération de la personne humaine chez nous ainsi que de nos sociétés, en vue de notre entrée dans l’œuvre civilisatrice du monde sur fond de nos éminentes valeurs spirituelles. Notre Orient, berceau des religions, doit continuer à leur être une référence et un singulier pôle d’attraction.
« Quant au vaste monde, les enfants de notre Église et ceux de notre patrie y sont associés ensemble dans la mission à laquelle participe le Liban pour la rencontre internationale de toutes les religions. Pour cela, nos émigrés doivent veiller à ne pas se laisser engloutir par des civilisations étrangères au mépris de leur origine et de leur culture, sinon ils se perdraient. Nous ne voudrions pas non plus que nos enfants émigrent rien que pour le profit matériel, n’agissant ni ne réagissant dans leurs pays d’adoption. Nous voyons, au contraire, dans la rencontre entre l’Orient et l’Occident, à travers leurs personnes et leurs institutions, surtout dans notre période difficile actuelle, des occasions favorables à la rencontre et au dialogue des civilisations, apportant ainsi un cinglant démenti à leur lutte prétendument inéluctable, comme on est en train de le propager. Pour cela, nos émigrés ont besoin aujourd’hui et plus que jamais de rester en contact avec la culture de leur mère patrie, culture qui leur assure une bonne position et un rôle efficace dans le dialogue mondial, qui est seul de nature à conduire en définitive à l’avènement d’un monde unifié et d’une humanité réconciliée. »
La réconciliation inachevée
(...) « Cependant, il nous vient à l’esprit un verset évangélique rapportant les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ devant Ses apôtres sur leur fidélité à Son égard, au soir de Sa Passion : “L’esprit est prompt mais la chair est faible. ” L’esprit du Liban est fort et possède une énergie suffisante pour participer au progrès du monde. Mais en est-il ainsi de son corps, c’est-à-dire de sa réalité vécue dans sa chair et ses os ? Une guerre épouvantable a secoué notre pays et risquait de tout brûler. Avons-nous tourné définitivement cette page pour que rien ne vienne entraver notre marche en cours ? Avons-nous pansé toutes les plaies dans le corps de la patrie ? Qu’attendons-nous pour le faire ? Nous avons accompli du chemin dans la réconciliation nationale, mais nous ne l’avons pas encore achevée. Nous n’avons même pas voté une loi électorale établissant l’égalité entre les citoyens, ni entre les régions, de sorte qu’elle soit le point de départ qui nous impose le maximum de solidarité pour y remédier, mais nos forces sont-elles rassemblées et nos représentations unifiées pour atteindre ces objectifs ? Cela étant, voici que nos jeunes cherchent un emploi dans leur patrie, ce qui est leur droit le plus strict, et n’en trouvent pas. Alors ils émigrent, provoquant une nouvelle hémorragie dans le corps de la patrie. Le Liban est véritablement un message. Mais la patrie ne pourrait porter ce message à moins qu’elle ne soit en bonne santé, en parfaite possession de sa place et de sa décision. Elle ne peut être en bon état si elle est esprit sans corps ou corps sans esprit. Ramenons-lui donc son esprit, l’esprit d’unité et d’amour, l’esprit de réconciliation et de solidarité, celui des vastes horizons et de la noble vocation qu’attendent de cette patrie tous ceux qui l’aiment dans le monde entier. »
Comme le veut la tradition, l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré hier, en présence de représentants du chef de l’État, du président de l’Assemblée et du Premier ministre, Jean-Louis Cardahi, Abdel Latif Zein et Bahige Tabbarah, la messe officielle en l’église Saint-Maron de Gemmayzé.
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