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Actualités - CHRONOLOGIE

MUSIQUE Dimitri Bertman, l’homme qui a révolutionné le théâtre musical russe

Si l’art appartenait au monde de l’entreprise, le Russe Dimitri Bertman serait cité en exemple dans les manuels pour créateurs de start-up : au début des folles années 90, ce rénovateur du théâtre musical a créé à Moscou avec quelques amis Helikon-Opera, devenu depuis une institution célèbre, sans rien perdre de son punch. Révolutionnaire ? Réformateur ? « Je suis juste un bon gars qui couche avec Helikon », dit le metteur en scène de 36 ans aux yeux rieurs, qui parvient rapidement à convaincre le visiteur de son bureau encombré de bibelots hétéroclites – et d’une dizaine de Masques d’or, les Oscars du théâtre russe – qu’il ne se prend pas trop au sérieux. Mais il reconnaît que le théâtre russe doit quelque chose aux grands bouleversements historiques. « Chez nous, tout se fait en temps de guerre ou de révolution, dit-il, c’est après 1917 que sont apparus tous les géants, Vakhtangov ou Meyerhold ». Et, toutes proportions gardées, c’est ce qui est arrivé au jeune diplômé de 23 ans de l’Institut d’art dramatique de Moscou, juste avant la chute du communisme et la mort définitive du « réalisme socialiste » dans l’art. Il cherche alors un opéra pour quatre solistes, car il n’a avec lui que quatre camarades de l’institut, et trouve par chance un parraineur, créateur d’une boîte d’informatique, qui lui donne 1 000 dollars. C’est assez pour monter la Mavra de Stravinsky. Le succès est au rendez-vous. Helikon – dont le nom est celui d’une montagne mythique en Grèce où les artistes chantaient pour Apollon, et aussi celui d’une trompette géante – est né. « Notre réforme, c’était revenir à la tradition. On prend les notes, les didascalies de l’auteur, on rejette les clichés, cela vous donne du fresh feeling », dit Bertman, glissant du russe à l’anglais. Il insuffle une énergie nouvelle et même de l’humour dans les grands opéras classiques. Plus question de s’endormir avant la fin de La Traviata ou de Nabucco, car ses mises en scène, aidées par deux scénographes de talent, Tatiana Touloubieva et Igor Nejni, surprennent, séduisent, font rire. Helikon, installé dans un vieux palais proche du Conservatoire de Moscou, emploie aujourd’hui près de 400 personnes, un orchestre de 120 membres, un chœur de 60 chanteurs et une soixantaine de solistes. À côté de la grande salle de 280 places, un salon accueille des mini-opéras pour une quarantaine de spectateurs, Apollon et Hyacinthe de Mozart, Bauernkantate ou Kaffeekantate de Bach, ou encore Serva Padrona de Pergolesi. Dans une ambiance de théâtre privé, les chanteurs communiquent directement avec le public, à qui on sert du vin, de la bière ou du café, selon le spectacle. « Chaque centimètre carré de théâtre doit servir à faire du théâtre, explique Bertman. Si, dans un théâtre, il y a une pièce vide avec un piano silencieux, c’est que ce théâtre est mort. » Le sien n’est pas menacé. Et il répand son énergie à l’étranger – en France, en Espagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou au Liban –, où sont joués désormais la moitié de ses nombreux spectacles. À Moscou même, Helikon est souvent invité à chanter dans les ambassades occidentales. L’ex-ambassadeur de France en Russie, Claude Blanchemaison, a joué un rôle actif dans l’histoire du théâtre en suggérant de mettre en scène Pierre le Grand de Grétry, généreusement financé par le groupe pétrolier français Total. Tout bouillonnant d’énergie qu’il est, Helikon-Opera s’engage dans une passe difficile : deux ans de travaux d’agrandissement attendent son vieux palais étroit. Aussi, Bertman espère-t-il trouver une ville qui prendrait Helikon en résidence temporaire. Peut-être en France, où il entretient des relations suivies avec plusieurs théâtres, dont celui de Massy, en région parisienne.
Si l’art appartenait au monde de l’entreprise, le Russe Dimitri Bertman serait cité en exemple dans les manuels pour créateurs de start-up : au début des folles années 90, ce rénovateur du théâtre musical a créé à Moscou avec quelques amis Helikon-Opera, devenu depuis une institution célèbre, sans rien perdre de son punch.
Révolutionnaire ? Réformateur ? « Je suis juste un bon gars qui couche avec Helikon », dit le metteur en scène de 36 ans aux yeux rieurs, qui parvient rapidement à convaincre le visiteur de son bureau encombré de bibelots hétéroclites – et d’une dizaine de Masques d’or, les Oscars du théâtre russe – qu’il ne se prend pas trop au sérieux.
Mais il reconnaît que le théâtre russe doit quelque chose aux grands bouleversements historiques. « Chez nous, tout se fait en temps de...