Bassora s’est mobilisée hier pour soutenir l’opposition du grand ayatollah Ali Sistani au plan de transition convenu entre l’exécutif provisoire de Bagdad et l’administrateur américain Paul Bremer, qui doit participer à la réunion sur l’Irak le 19 janvier à l’Onu.
Dans la région à majorité sunnite au nord de la capitale, trois passagers d’un bus universitaire ont été tués par une explosion et mercredi, sept Irakiens ont trouvé la mort dans des accrochages avec des soldats américains.
À Bassora, à 550 km au sud de Bagdad, des dizaines de milliers de manifestants ont marché pour soutenir la position de l’ayatollah Sistani, le plus influent dignitaire chiite d’Irak, qui rejette l’Assemblée désignée prévue par l’accord de transition, exigeant des élections générales rapides.
« Oui, oui à Sistani, non, non aux désignations ! », a crié la foule, à l’appel de l’hodjatoleslam Ali Abdel-Karim Safi al-Moussaoui, représentant de l’ayatollah dans cette région. Les manifestants, encadrés par les partis chiites al-Daawa et le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), brandissaient des banderoles proclamant : « La Marjaïya (la direction religieuse chiite) est la vraie direction irakienne ». L’ayatollah Sistani a reçu dans la ville sainte chiite de Najaf (centre) le président du Congrès national irakien (CNI) Ahmed Chalabi, membre du Conseil, qui a refusé de dévoiler le contenu des entretiens. « Nous sommes au service de sayyed Sistani », s’est-il contenté de dire aux journalistes. « Il y aura des discussions tripartites (Onu-coalition-Irak) avec l’ambassadeur Bremer et (le secrétaire général des Nations unies) Kofi Annan », qui a convoqué la réunion, a déclaré par ailleurs le président en exercice du Conseil de gouvernement irakien, Adnane Pachachi.
Les discussions vont porter sur le rôle de l’Onu, qui s’est retirée d’Irak à la suite d’attentats en août et septembre contre son siège à Bagdad qui ont fait 23 morts, dont son plus haut représentant dans le pays, Sergio Vieira de Mello. « Je suis sûr que les entretiens auront un résultat positif. Nous allons pouvoir obtenir du secrétaire général et de ses adjoints des clarifications sur ce que peut faire l’Onu durant les prochains mois, période pendant laquelle l’Irak recouvrera sa souveraineté », a ajouté M. Pachachi.
Le ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari s’est déclaré pour sa part « très, très optimiste sur un retour de l’Onu en Irak ». « La coalition désire ce retour pour ne pas apparaître comme la seule partie qui est en charge des affaires de l’Irak », a-t-il estimé.
M. Zebari a en outre indiqué avoir soumis à l’approbation du Conseil une liste d’ambassadeurs choisis en fonction des « critères du professionnalisme, de l’expérience et de la capacité, sans aucune considération partisane », ajoutant que les consulats irakiens dans le monde avaient repris leurs activités.
Trois civils tués et deux
blessés
Dans le Nord, trois civils ont été tués et deux autres blessés lorsque le bus dans lequel ils se trouvaient a heurté une charge explosive près de Tikrit.
« Le bus a probablement roulé sur une mine », a déclaré le lieutenant-colonel Steve Russell du 1er bataillon du 22e régiment de la 4e division d’infanterie, précisant que les passagers étaient probablement des étudiants, car le bus appartenait à l’Université de Tikrit, à 180 km au nord de Bagdad.
Mercredi, sept Irakiens ont été tués par des soldats américains dans trois accrochages séparés, selon le sergent Robert Cargie, de la 4e division.
Par ailleurs, M. Pachachi a assuré que l’abrogation, le 29 décembre, du code de la famille de 1959, considéré comme l’un des plus avancés des pays musulmans, ferait encore l’objet de discussions. « La loi n’a pas été promulguée et nous en discuterons encore », a-t-il dit, ajoutant qu’elle « ne reflétait pas les vues de tous » les membres de l’exécutif provisoire.
Le Pentagone demande l’ouverture
d’une enquête sur Halliburton
Le service des audits du Pentagone (DCAA) a demandé mercredi l’ouverture d’une enquête formelle sur le groupe de services pétroliers américain Halliburton accusé d’avoir surfacturé ses livraisons de carburant en Irak, ont annoncé mercredi des responsables du département de la Défense. Cette demande d’enquête faite à l’inspecteur général du ministère de la Défense intervient après que le service des audits a mis en cause Halliburton en décembre dernier.
Selon ce service, Kellogg Brown and Root (KBR), une filiale d’Halliburton chargée des exportations de carburant du Koweït vers l’Irak, a gonflé les prix de l’essence exportée vers l’Irak pour un montant pouvant s’élever jusqu’à 61 millions de dollars. L’audit du Pentagone relevait également d’autres irrégularités.
Halliburton a toujours réfuté point par point les accusations portées contre sa filiale.
Alliot-Marie à Washington
« dans un esprit de coopération »
La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, effectue depuis hier une visite de deux jours aux États-Unis « dans un esprit positif et de coopération » au-delà des divergences sur l’Irak, a indiqué le ministère de la Défense.
Mme Alliot-Marie s’est entretenue hier à Washington avec son homologue Donald Rumsfeld, puis, à la Maison-Blanche, avec la conseillère du président George W. Bush pour la Sécurité nationale, Condoleezza Rice. Mme Alliot-Marie sera reçue aujourd’hui à New York par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan.
C’est la première fois qu’un ministre français se rend aux États-Unis pour s’entretenir avec des dirigeants américains depuis le déclenchement, auquel la France était opposée, de la guerre en Irak par la coalition américano-britannique.
Lakhdar Brahimi nommé conseiller
de Kofi Annan
Lakhdar Brahimi, ancien représentant spécial en Afghanistan du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a été nommé conseiller du secrétaire général, a annoncé hier le porte-parole de M. Annan.
Le porte-parole a ajouté que M. Brahimi deviendrait sous-secrétaire général et qu’il conseillerait M. Annan sur des thèmes liés aux zones de conflit, une annonce qui intervient alors que l’Onu examine la possibilité d’un retour en Irak.
Diplomate algérien septuagénaire, vétéran de l’Onu dont il est l’une des « figures », Lakhdar Brahimi avait officiellement cessé début janvier les fonctions qu’il assurait à Kaboul. Il y avait été nommé il y a deux ans pour guider et encadrer la reconstruction du pays après la chute du régime taliban chassé du pouvoir par la force.
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Dans la région à majorité sunnite au nord de la capitale, trois passagers d’un bus universitaire ont été tués par une explosion et mercredi, sept Irakiens ont trouvé la mort dans des accrochages avec des soldats américains.
À Bassora, à 550 km au sud de Bagdad, des dizaines de milliers de manifestants ont marché pour soutenir la position de l’ayatollah Sistani, le plus influent dignitaire chiite d’Irak, qui rejette l’Assemblée désignée prévue par l’accord de transition, exigeant des élections générales rapides.
« Oui, oui à...