Des opposants saoudiens en exil et des partisans d’une monarchie constitutionnelle en Arabie saoudite ont exprimé hier leur déception face aux restrictions annoncées par Ryad au processus de réformes dans le pays. « Ces prétendues réformes sont en fait des ordres dictés par les États-Unis », estime Saad Faqih, porte-parole du Mouvement islamique pour la réforme en Arabie (Mira, opposition en exil à Londres).
Il commentait un discours la veille du prince héritier Abdallah ben Abdel-Aziz dans lequel il s’est engagé à des « réformes étudiées et progressives », après une session de « dialogue national », tenue à huis clos à La Mecque sur le thème « Extrémisme et modération », entre une soixantaine de dignitaires religieux et d’intellectuels.
Le prince Abdallah a en même temps averti que « le gouvernement ne permettrait à personne d’entraver ce processus, soit par l’appel à l’immobilisme, soit par l’appel à l’aventure irréfléchie ».
Mais « le soi-disant dialogue national ne porte pas sur des priorités comme la participation populaire, l’indépendance de la justice, la lutte contre la corruption et l’absolutisme politique de la famille régnante », indique M. Faqih.
Selon lui, le discours du prince Abdallah « ferme aussi la porte à toute possibilité d’une monarchie constitutionnelle », réclamée par un groupe de 116 activistes qui ont remis en décembre à 16 princes, dont Abdallah et le ministre de l’Intérieur Nayef ben Abdel-Aziz, une pétition appelant à transformer le royaume en une monarchie constitutionnelle. Les signataires ont demandé notamment « une réforme constitutionnelle globale garantissant une participation populaire par le biais d’un Parlement élu, reconnaissant les droits politiques, culturels, économiques et sociaux des citoyens et la séparation des trois pouvoirs ».
Ils ont réclamé la mise en place d’une commission indépendante pour préparer, dans un délai de trois ans, une Constitution, affirme l’un des pétitionnaires et universitaire, Abdallah al-Hamad.
Un autre signataire, Matrouk al-Falah, professeur de sciences politiques à l’Université du roi Saoud à Ryad, estime qu’« il n’y a rien de nouveau dans le discours » du prince héritier. « Nous ne cherchons pas la provocation. Nous voulons un changement en douceur. La solution est dans la réforme constitutionnelle », résume M. Hamad, qui assure avoir été plusieurs fois emprisonné et licencié de l’université pour son activisme politique.
Pour Abdel-Aziz Khamis, directeur du Centre saoudien des droits de l’homme, basé à Londres, « le soi-disant dialogue (à La Mecque) s’est déroulé à huis clos entre une élite. Même le régime s’est borné à observer de loin, alors qu’il devrait être partie prenante au dialogue. Si le régime continue à monopoliser le pouvoir, je crains que la violence, qui sévit actuellement, ne s’exacerbe », a-t-il averti.
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