La jeune Palestinienne qui avait tué la veille quatre Israéliens lors d’un attentat-suicide a été enterrée hier à Gaza, où elle faisait l’objet de discussions et de débats intenses, le fait qu’il s’agissait, pour la première fois, d’une mère de famille, ne semblant pas faire l’unanimité.
Reem Saleh al-Riyachi, 22 ans, qui a laissé une fille de trois ans et un garçon de 18 mois, a été inhumée en début d’après-midi dans le petit cimetière du quartier de Cheikh Ejleen devant une petite foule entièrement composée d’hommes, comme le veut la tradition.
Vingt-quatre heures plus tôt, elle avait actionné une ceinture explosive qu’elle portait dans un bâtiment du terminal d’Erez, le principal point de passage entre Israël et la bande de Gaza, tuant deux soldats, un membre de la police des frontières et un agent de sécurité.
L’attentat avait été revendiqué conjointement par les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, dont elle était membre, et par les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, un groupe armé issu du Fateh, le mouvement de Yasser Arafat. Des dizaines de combattants des deux organisations, en treillis militaires et en cagoules, fusil automatique à la main, ouvraient le cortège, illustrant la coopération grandissante sur le terrain entre deux mouvements pourtant rivaux.
C’est la première fois que le Hamas, le plus important mouvement islamiste palestinien, choisissait une femme pour perpétrer ce que les Palestiniens qualifient d’« opération martyre ». Mais ce ne sera pas la dernière fois, à en juger par les propos tenus par l’un de ses chefs, Mahmoud Zahar, lors des obsèques dans la plus grande mosquée de la ville.
Avant elle, cinq autres Palestiniennes avaient commis des attentats-suicide, alors qu’environ deux douzaines de femmes qui projetaient de le faire sont actuellement emprisonnées en Israël. Mais aucune n’avait d’enfant...
À l’université al-Azhar, la majorité des étudiants « est contre l’attentat parce qu’elle avait des enfants », estime Amani, qui parle elle-même d’erreur. Cette opinion n’est toutefois pas partagée par tout le monde.
Le recours à des femmes pour des attentats-suicide a toujours été un sujet théologique délicat pour l’islam. Le Hamas et le Jihad islamique, l’autre mouvement islamiste palestinien, ont longtemps été contre.
Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa ont été les premières à utiliser des femmes, avant d’être imitées par le Jihad islamique.
Le fait que le Hamas ait décidé de suivre semble dû à des considérations purement tactiques, à savoir les difficultés croissantes de sa branche armée à tromper la vigilance des services de sécurité israéliens.
« Ce n’est pas contre l’islam », affirme une vieille femme toute vêtue de noir, accompagnée de sa belle-fille, qui tient dans ses bras sa fille de cinq mois. « C’est Allah qui a voulu que ce soit une femme », dit-elle, disant approuver l’attentat et ajoutant que Dieu « protégera les enfants » de la défunte. Mais quand on lui demande si elle comprendrait que sa bru fasse de même, la réponse fuse : pas question.
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