Cinq personnes étaient en garde à vue hier dans l’enquête sur un présumé trafic de dizaines de produits dopants autour de l’équipe cycliste française Cofidis révélant, selon la police, l’ampleur du réseau.
La police a confirmé que, en l’état de ses investigations, l’affaire « pourrait éclabousser à terme le peloton ». D’autres coureurs professionnels devaient être entendus dans le cours de son enquête, une trentaine selon elle.
À Hyères, aux domiciles respectifs de Marek Rutkiewicz et Robert Sassonne, deux anciens coureurs de Cofidis, des produits interdits – amphétamines, érythropoïétine (EPO), hormones de croissance, testostérone et autres anabolisants – ont été saisis, a-t-on précisé de même source.
Une quantité qui rend peu crédible la thèse de la « consommation personnelle » ou d’un « dopage à leur insu », fait-on valoir, avancée par certains des suspects, et « accrédite » celle d’un trafic.
L’affaire n’en est qu’à ses ramifications, a-t-on présisé de source policière, et se révéle pour l’heure « positive » : des dizaines de produits dopants « en tous genres » ont été saisis ainsi que des documents qui vont tous faire l’objet d’analyses.
Lundi, une vaste opération policière a été déclenchée par la brigade des stupéfiants de la police judiciaire (PJ) parisienne. Les « stups » travaillaient depuis huit mois sur cette enquête, initiée à partir d’un « renseignement » selon la même source, sur commission rogatoire d’un juge d’instruction de Nanterre, Richard Pallain.
« À leur insu »
Cela a conduit dans un premier temps lundi à l’interpellation du Polonais Marek Rutkiewicz, qui a été placé en garde à vue au siège de la PJ Quai des Orfèvres.
Il est considéré par les enquêteurs comme l’un des « principaux maillons » du réseau.
Le soigneur polonais de Cofidis Bogdan Madejak, qui avait échappé au coup de filet policier de lundi, a été arrêté et placé en garde à vue la veille au soir. Robert Sassone a également été arrêté mardi et mis en garde à vue. Double médaillé aux championnats du monde sur piste (1re course à l’américaine en 2001, 2e course scratch en 2003), le Français a rejoint cette saison l’équipe Oktos-Saint-Quentin. Il figurait parmi les titulaires en puissance de la sélection pour les Jeux olympiques d’Athènes.
La fille, pharmacienne, et l’épouse de M. Madejak étaient également en garde à vue hier matin, présumées être des « intermédiaires ». Une autre de ses filles a été relâchée dans l’après-midi de mardi, ajoute-t-on de source policière.
Ces cinq personnes devaient être présentées au juge Pallain, pour être mises en examen.
Bogdan (dit Bob) Madejak est soupçonné d’être le « cerveau » de ce trafic présumé, ce qu’il nie, ont précisé les enquêteurs.
Rutkiewicz a été arrêté lundi à l’aéroport de Roissy, en provenance de Varsovie, d’où proviendraient les produits dopants. Il était en possession de produits suspects.
L’équipe cycliste Cofidis avait demandé la veille à Bob Madejak de rentrer en France pour se mettre à la disposition de la police, ce qu’il a fait. Il a été arrêté mardi soir à Roissy après avoir quitté Calpe (Espagne), où la totalité des coureurs, à l’exception des pistards, est rassemblée dans un stage d’avant-saison, a précisé le manageur du groupe cycliste, Alain Bondue.
Cofidis, tout comme M. Bondue, ont réagi mardi pour évoquer implicitement des « comportements isolés condamnables » qualifiant cette affaire de « malheureuse » mais « bénéfique si elle permet de démasquer des tricheurs ».
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