Au moins deux chauffeurs étrangers travaillant pour un fournisseur de l’armée américaine ont été tués hier dans l’attaque de leur convoi près de Tikrit, quelques heures après un attentat à la voiture piégée qui a fait deux morts à Baaqouba.
Dans le même temps, la coalition annonçait la capture de l’un des lieutenants du président déchu Saddam Hussein.
L’armée américaine a par ailleurs annoncé avoir tué mardi neuf membres de la guérilla irakienne, dont huit dans un accrochage près de Samarra. À Baaqouba, à 60 km au nord de Bagdad, deux civils ont été tués et une trentaine de personnes, dont une dizaine de policiers, blessées dans l’attentat perpétré devant le poste de police-secours, selon des sources hospitalières.
Le vice-ministre de l’Intérieur, le général Ahmad Ibrahim, a affirmé qu’il s’agissait d’un attentat-suicide, mais l’armée américaine a démenti cette hypothèse. « Ce n’était pas un attentat-suicide », a déclaré le commandant Aberle, évoquant un engin explosif artisanal déclenché à distance. Auparavant, un membre de la protection civile, Haïdar Ismaïl, avait affirmé que la voiture avait forcé son passage en direction du poste de police-secours. L’attentat a probablement été commis par un « étranger », a estimé le gouverneur Abdallah Rachid, ce qu’a confirmé le général Ibrahim.
Selon lui, cet attentat et celui qui avait été perpétré vendredi dernier contre une mosquée chiite de Baaqouba, faisant cinq morts, ont « probablement été perpétrés par le même groupe ».
Par ailleurs, l’armée américaine a annoncé la capture de l’ancien gouverneur de la province de Kerbala, Khamis Sarhane al-Mohammad, numéro 54 sur la liste des 55 ex-dirigeants les plus recherchés par les États-Unis. « Il a été capturé le 11 janvier dans les environs de Ramadi », à 100 km à l’ouest de Bagdad, a déclaré le général Mark Kimmitt, ajoutant que « c’était un instigateur de nombre d’attaques contre des Irakiens et les forces de la coalition ». Le précédent responsable capturé figurant sur cette liste était Saddam Hussein, pris le 13 décembre.
Sur un autre plan, un représentant de l’ayatollah Ali Sistani, le plus influent dirigeant chiite d’Irak, s’est dit opposé à la lutte armée pendant la période actuelle, l’estimant « dommageable aux intérêts du peuple ».
Berlin n’écarte plus
un engagement militaire en Irak
Le chancelier allemand Gerhard Schröder n’écarte plus la possibilité d’un engagement militaire de l’Allemagne en Irak, sous la forme d’hélicoptères d’évacuation médicale, affirme le quotidien allemand Die Welt dans son édition d’aujourd’hui. Selon le quotidien, le chancelier a évoqué hier devant la commission des Affaires étrangères du Bundestag la possibilité d’envoyer en Irak des hélicoptères de l’armée spécialisés dans l’évacuation des blessés, à la condition d’être mandaté par les Nations unies. Si l’Onu donnait mandat à l’Otan pour un engagement en Irak, ce qui est probable, selon le quotidien, « nous ne chercherons pas à l’empêcher », aurait déclaré M. Schröder aux députés. Une telle décision devrait être approuvée par le Bundestag. Toujours selon Die Welt, le chancelier a indiqué que l’Allemagne allait augmenter son soutien aux pays de l’Otan déjà présents en Irak, comme la Grande-Bretagne et la Pologne.
Les USA responsables de la mort des
journalistes à l’hôtel « Palestine », accuse RSF
Le gouvernement américain ainsi que le quartier général des forces américaines en Irak partagent la responsabilité de la mort des deux journalistes tués par un tir de char sur leur chambre, le 8 avril 2003, à Bagdad, estime un rapport de l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières. Selon ce rapport publié hier, et rédigé par le journaliste de l’hebdomadaire de gauche Le Nouvel Observateur Jean-Paul Mari, le quartier général du général Buford Blount, commandant la 3e division d’infanterie, « porte une lourde responsabilité, celle du manque d’informations qui a abouti à la mort des deux journalistes ». L’organisation considère en effet que le tir contre l’hôtel Palestine, où se trouvaient les deux journalistes, « n’est pas un tir délibéré contre des journalistes ou la presse à Bagdad » et que les militaires américains sur place n’étaient pas informés de la présence massive de journalistes dans l’établissement.
Saddam se méfiait des combattants arabes étrangers, selon le « New York Times »
L’ancien dirigeant irakien Saddam Hussein avait recommandé, alors qu’il se trouvait en fuite, aux chefs de la résistance antiaméricaine de se méfier des combattants arabes étrangers, rapportait hier le New York Times. Un document retrouvé lors de sa capture le mois dernier semble contredire la Maison-Blanche, qui a affirmé à plusieurs reprises que Saddam Hussein, quand il était au pouvoir, était en contact avec des groupes terroristes internationaux, dont le réseau el-Qaëda. Selon des responsables américains, Saddam Hussein avait donné cet ordre car il était convaincu que les motivations des combattants étrangers, engagés dans une guerre sainte contre l’Occident et les États-Unis, étaient différentes de celles du parti Baas, désireux de regagner la souveraineté sur l’Irak. Le Washington Post, qui a enquêté sur l’information après sa parution dans le New York Times, cite des responsables de la CIA, qui jugent ces documents authentiques.
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