Souffrant d’ostracisme depuis les attentats du 11 septembre 2001, les trois millions d’« Américains arabes » des États-Unis veulent saisir l’opportunité de l’élection présidentielle pour démontrer qu’ils représentent une véritable force politique.
« Votez le 7 février ! » : la banderole, écrite en anglais et en arabe, accrochait l’œil dans l’une des rues principales de Dearborn, dans la banlieue de Detroit. Elle invitait les électeurs démocrates à participer au caucus de samedi destiné à sélectionner le candidat qui affrontera le président George W. Bush en novembre.
Dearborn est l’antithèse d’une cité arabe avec ses façades de briques rouges, ses larges avenues aux trottoirs recouverts de neige et l’ombre des immenses usines de Ford, dont le siège trône à deux kilomètres de la mairie. Pourtant, cette ville est considérée comme « la capitale » des Américains arabes, qui sont 300 000, originaires de 22 pays différents, à vivre sur son territoire ou aux alentours. Au total, leur nombre est estimé à trois millions aux États-Unis, « ce qui représente une force politique non négligeable », souligne Imad Hamad, directeur pour le Michigan du Comité antidiscrimination américain arabe (ADC), une organisation indépendante.
Jusqu’à présent, les Américains arabes ne pesaient guère sur l’échiquier politique, notamment face aux Américains africains ou aux Hispaniques, bien plus nombreux et mieux représentés.
Mais le choc du 11 septembre 2001, suivi par les guerres en Afghanistan et en Irak, « a changé la donne », explique M. Hamad. « Cela a été une période très dure. De nombreux membres de notre communauté ont été pris dans l’étau de la “guerre contre le terrorisme” menée par le gouvernement. Il a fallu décider de relever la tête et d’affirmer : “nous aussi sommes fiers d’être américains, comme n’importe quel citoyen de ce pays”. »
Pour cela, « il n’y avait qu’un moyen : participer au processus », c’est-à-dire se faire entendre politiquement, et donc voter, résume M. Hamad, aux États-Unis depuis 1980 après avoir grandi au Liban.
Cette offensive a été organisée par différentes organisations représentatives, comme le Comité d’action politique arabe américain (AAPAC) ou le Conseil des relations américaines musulmanes (CAIR), et parfois relayée dans les mosquées et les églises, une forte proportion d’Américains arabes étant chrétiens. Dans tout le pays, comme à New York, en Californie ou en Floride, des campagnes d’inscription sur les listes électorales ont donné « des résultats encourageants », selon leurs promoteurs.
Si la politique étrangère reste l’un des enjeux, avec au premier plan le conflit israélo-palestinien, les préoccupations domestiques semblent primer aux yeux des électeurs. C’est le cas à Dearborn, sinistrée par la crise de l’industrie manufacturière et où « de plus en plus de gens sont au chômage et sans couverture sociale », constate le patron d’une supérette.
De ce fait, nombre d’Américains arabes pourraient se détourner, le 2 novembre, du président George W. Bush, à qui ils avaient donné leur préférence en 2000. L’AAPAC l’avait notamment soutenu en le présentant comme un homme politique « qui écoute » et semble « flexible sur les questions du Proche-Orient ».
Or M. Bush n’avait dû sa victoire contestée qu’à quelques centaines de suffrages en Floride. « Cela nous a aidés à faire réaliser à nos membres que chaque électeur comptait », souligne M. Hamad.
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Souffrant d’ostracisme depuis les attentats du 11 septembre 2001, les trois millions d’« Américains arabes » des États-Unis veulent saisir l’opportunité de l’élection présidentielle pour démontrer qu’ils représentent une véritable force politique.
« Votez le 7 février ! » : la banderole, écrite en anglais et en arabe, accrochait l’œil dans l’une des rues principales de Dearborn, dans la banlieue de Detroit. Elle invitait les électeurs démocrates à participer au caucus de samedi destiné à sélectionner le candidat qui affrontera le président George W. Bush en novembre.
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