De l’Irak à l’Afghanistan, les États-Unis ont incité tout au long de la 40e conférence internationale sur la sécurité, qui s’est achevée hier à Munich, leurs alliés au sein de l’Alliance à assumer plus de responsabilités, au risque de surcharger l’Otan de manière irréaliste.
L’avenir de l’Otan, à peine remise de ses divisions l’an passé sur l’Irak, et l’appel au renouveau des liens transatlantiques ont dominé la conférence qui a réuni dans la capitale bavaroise de hauts responsables dont le chef du Pentagone Donald Rumsfeld et le « gratin » des milieux de la Défense.
Pour autant, la conférence n’a pas permis de masquer la persistance de divergences profondes ni certaines rancœurs, à l’image des interventions samedi du secrétaire américain à la Défense et du chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer, qui sont restés figés sur leurs positions.
Par souci d’éviter la polémique, les participants à la conférence ont en outre globalement passé sous silence la controverse sur l’absence de découverte d’armes de destruction massives en Irak, invoquées pour justifier le conflit.
Donald Rumsfeld, qui s’est livré à une défense passionnée de la guerre en Irak, avait dès vendredi, à l’occasion d’une réunion informelle des ministres de la Défense de l’Otan précédant la conférence, exhorté les pays membres : « Les États-Unis estiment que l’Otan peut et devrait jouer un rôle plus grand en Afghanistan et en Irak. »
L’Otan commande depuis août à Kaboul une force internationale de sécurité et cherche à l’étendre dans les provinces afghanes. Les Britanniques ont proposé ainsi de renforcer leur présence dans le nord de l’Afghanistan. Quant à l’Irak, l’Alliance se contente d’aider la division polonaise dans ce pays. Toutefois, du côté des opposants à la guerre, l’Allemagne et la France en tête, la prudence a été de mise.
Joschka Fischer s’est dit lui-même « profondément sceptique » à l’égard d’un tel rôle, tout en assurant que son pays ne bloquerait pas « un consensus au sein de l’Otan » en cas d’éventuel engagement collectif de l’Alliance en Irak.
Pour sa part, la ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie a reconnu que l’ambiance à Munich était « nettement meilleure » que l’an passé et estimé qu’« au vu des événements sur le terrain, voire des difficultés, les Américains se sont rendu compte que les analyses d’alliés pouvaient avoir quelque chose de crédible ».
Mais la France est restée prudente sur une éventuelle implication de l’Alliance en Irak, Mme Alliot-Marie soulignant en outre, sans citer nommément les États-Unis, qu’il n’était « pas question que l’Otan effectue une mission sous le commandement d’un pays de l’Alliance » en Irak.
La question d’une participation de l’Otan en Irak, conditionnée à un gouvernement légitime et à un mandat de l’Onu, paraît malgré tout de plus en plus plausible, dans la perspective notamment du sommet de l’Alliance à Istanbul fin juin, a-t-on indiqué de sources diplomatiques.
Reste à assurer, face aux pressions américaines, que l’Otan en ait la capacité, alors que l’organisation rencontre des difficultés pour dégager les ressources nécessaires pour mener à bien son actuelle mission en Afghanistan.
« Il y a une vraie inquiétude quant au risque de surcharge », a-t-on indiqué de source proche de l’entourage de l’état-major militaire de l’Otan.
Le nouveau secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a d’ailleurs battu le rappel : les pays de l’Alliance font « face à un déficit considérable de forces effectivement déployables ».
« Si ce déficit n’est pas comblé, nous allons bientôt approcher le moment où nos ambitions politiques dépasseront nos capacités militaires », a-t-il prévenu.
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De l’Irak à l’Afghanistan, les États-Unis ont incité tout au long de la 40e conférence internationale sur la sécurité, qui s’est achevée hier à Munich, leurs alliés au sein de l’Alliance à assumer plus de responsabilités, au risque de surcharger l’Otan de manière irréaliste.
L’avenir de l’Otan, à peine remise de ses divisions l’an passé sur l’Irak, et l’appel au renouveau des liens transatlantiques ont dominé la conférence qui a réuni dans la capitale bavaroise de hauts responsables dont le chef du Pentagone Donald Rumsfeld et le « gratin » des milieux de la Défense.
Pour autant, la conférence n’a pas permis de masquer la persistance de divergences profondes ni certaines rancœurs, à l’image des interventions samedi du secrétaire américain à la Défense et du chef de la diplomatie...
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