Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Centre culturel français - Le centre-ville portera l’estampille J.-M. Wilmotte Le mobilier urbain à la conquête de l’espace public

À l’instar de la plus belle avenue du monde (les Champs-Élysées), le centre-ville portera lui aussi l’estampille Jean Michel Wilmotte, concepteur de « l’architecture intérieure des villes ». C’est dans le cadre de la semaine organisée par le Centre culturel français sur le thème « Vivre la ville » que le spécialiste français et ses associés pour l’occasion, le bureau d’architecture Ziad Akl & Partners, ainsi que Fadi Jamali, directeur du département d’urbanisme de Solidere, ont présenté le plan directeur pour le domaine public du centre-ville de Beyrouth. Rappelons que le projet, révélé dans ces mêmes colonnes en novembre dernier (1), a été confié par la société Solidere à l’architecte et designer français et au bureau Ziad Akl & Partners. Il a pour objectif de définir un concept d’utilisation du domaine public ainsi que les outils nécessaires au contrôle de cette utilisation pour éviter une occupation anarchique. Au-delà de cet aspect réglementaire, un mobilier urbain spécifique viendra habiller la ville en fonction des quartiers à caractère historique et ceux à caractère moderne. La conférence a débuté par la projection d’un film documentaire intitulé Beyrouth : trois visages de la mémoire. Réalisé en 2001 par François Caillat, le court métrage déroule les images du centre-ville, du quartier Monnot, devenu le Soho de Beyrouth, et le quartier Bachoura détruit par la guerre et rongé par la misère. Dans le film, l’architecte et urbaniste Jade Tabet commente les disparités flagrantes de ce « Beyrouth fait de mosaïques, éclaté en territoires qui n’arrivent pas à fonctionner ensemble ». Il dénonce un centre-ville « aseptisé », où les promoteurs ont fait table rase du passé, et de sa vocation de lieu de mixité. « Absolument faux », rétorque le directeur du département d’urbanisme de la société foncière, affirmant que selon les statistiques établies, le centre-ville reste le « lieu de rencontre où convergent annuellement trois millions de visiteurs venus de diverses régions du Liban ». Mettant l’accent sur « une capitale tournée résolument vers l’avenir », Fadi Jamali a ensuite présenté les grandes lignes du schéma directeur qui comprend un plan d’action détaillé, programmé et coordonné en vue de la création d’un secteur moderne couvrant 1,84 million de m2 (soit 184 ha) dont 1,2 millions de m2 (120 ha) constituant le centre-ville traditionnel et 645 000 m2 (64 ha) de terrains gagnés sur la mer. Le projet comporte environ 913 000 m2 (91 ha ) d’espaces publics dont 592 000 m2 (59 ha) de routes et 321 000 m2 (32 ha) d’espaces ouverts. Prenant à son tour la parole, Ziad Akl a présenté les grandes lignes du projet élaboré avec Wilmotte pour « organiser et habiller l’espace publique » dans le périmètre de Solidere. Il devait souligner que le mobilier urbain participera au confort des usagers, à la mise en valeur des quartiers historiques ou modernes, et permettra aussi d’éradiquer tout facteur de nuisance et de désordre. La rue trouvera son style, la circulation piétonne sera créée, les fonctions distribuées et les espaces rythmés. De même, des textes d’intervention baliseront le parcours du centre-ville pour raconter l’opération de la reconstruction et dérouler l’histoire et la mémoire des lieux. Avec projection d’images à l’appui, l’architecte et designer français Jean-Michel Wilmotte a présenté à son tour le mobilier qui sera mis en scène de Saïfi à Wadi Abou Jmil en passant par la place des Martyrs, Maarad, Foch, Allenby et le quartier du port. Jardinières pour séparer les terrasses des cafés trottoirs, bancs, poubelles, auvents, abribus, kiosques, cabines téléphoniques, bornes signalétiques découlent de « la jonction d’un cylindre avec un élément plat ». Les objets, conçus comme de véritable sculptures, sont réalisés en inox et en une matière dite patine, couleur écrue, bronze ou grise, qui se marie à la pierre existante. De nuit, l’inox devient quasi invisible alors que la partie patine ressort comme une espèce d’éléments flottant dans l’espace. Minimaliste, contemporaine, sa ligne, qui tient à la fois d’une technologie avancée et d’une finition rigoureuse de matériau, constituera le code réglementant le domaine public du centre-ville. L’architecte et designer français a également dressé un « catalogue-charte » de chaises et de tables pour les cafés trottoirs. Côté luminaire, il préconise un système incorporé aux corniches qui couronnent les édifices ou encore un système incrusté dans le sol. Le jacaranda, le magnolia, l’olivier, le citronnier ou le palmier planteront le décor végétal. Quel mobilier pour le reste de la ville ? Il semble que Jean-Michel Wilmotte ait proposé au mohafez de Beyrouth un cahier de « dessins très simples à exécuter par les artisans des quartiers de Beyrouth qui pourront ainsi fabriquer le mobilier dont on aura besoin. Le tout dans une couleur unifiée », a dit l’architecte qui, rappelons-le, travaille actuellement à la rénovation et l’agrandissement du musée Nicolas Sursock. Il a à son actif la restructuration et l’architecture intérieure des musées Carnavalet, d’Histoire naturelle, de l’aile Rohan ou encore de l’aile Richelieu au Grand Louvre ; la rénovation de l’Inner Courtyard du British Museum à Londres, du musée Chiado à Lisbonne, Mercian au Japon, Il est également l’auteur du terminal 2C de l’aéroport Roissy-Charles-de Gaulle, du Palais des congrès à Bordeaux et de celui de Monaco, des musées nationaux de Corée et de Chine... Créateur aux facettes multiples, Wilmotte dessine des canapés, des chaises, des tables, des lampes, des cendriers, des brûle-parfums pour les jardins du Palais royal et même des pylônes à très haute tension pour EDF. L’esprit Wilmotte emporte partout un vif succès : La lampe d’or du Salon international du luminaire à Washington ; Le Lin d’or à Milan ; le prix Europa Nostra, l’Oscar du design du Nouvel Économiste, Créateur de l’année du Salon international du meuble, Médaille d’architecture intérieure de l’Académie d’architecture, à Paris. Mais la liste est longue. M. M. (1) voir « L’Orient-Le Jour » du 18 novembre 2003
À l’instar de la plus belle avenue du monde (les Champs-Élysées), le centre-ville portera lui aussi l’estampille Jean Michel Wilmotte, concepteur de « l’architecture intérieure des villes ». C’est dans le cadre de la semaine organisée par le Centre culturel français sur le thème « Vivre la ville » que le spécialiste français et ses associés pour l’occasion, le bureau...