Toujours prompts à s’émouvoir, à se rebeller et à manifester, ils ont cette manière de dire ce qui est, sans fleurs et sans détours. Cette attitude incite leurs aînés à les traiter parfois de « simplistes » ou d’« immatures ».
Il s’agit évidemment des étudiants libanais qui, quelles que soient leurs appartenances confessionnelle ou politique, ont tous au moins un point commun : il suffit qu’ils se sentent agressés (sans l’être nécessairement) pour réagir au quart de tour.
Armés d’un sens critique à toute épreuve, un certain nombre d’entre eux rêve de faire table rase du présent et d’en finir avec les « symboles du passé ».
Lors d’un débat récemment organisé par l’amicale de la faculté de droit de l’USJ, un étudiant avouait cependant que « la résistance » des jeunes était « paresseuse ». Et c’est effectivement là où le bât blesse. Car s’il faut reconnaître la pertinence de leurs contestations, on peut toutefois reprocher à ces étudiants de calquer souvent leur comportement sur celui des générations précédentes, et de persévérer dans les mêmes erreurs, du fait sans doute que la mémoire collective fait cruellement défaut à ce pays.
En effet, comment ne pas être atterré par les rixes et les bagarres sanglantes qui, au dernier trimestre 2003, ont opposé dans plusieurs universités, des étudiants de différents courants politiques.
Et dans quel but ? Pour remporter la présidence ou les sièges d’une amicale ! Au nom de qui ? Au nom de quoi ? Au nom de ces mêmes personnes et partis politiques qui ont fait du pays des Cèdres un champ de ruines sous prétexte d’en finir avec le Liban de papa... Mais le pire est que cette violence est stérile, et que le chef (ou rayess) se complaît dans le prestige que lui confère son poste, reléguant aux calendes grecques l’application de son programme électoral.
Mais heureusement, la vie estudiantine n’a pas que des aspects négatifs. En effet, devenues plus concrètes en 2003, les revendications n’étaient plus seulement politiques, elles étaient parfois sociales. C’est ainsi que les étudiants ont fait preuve d’une très belle solidarité par exemple, lors de la manifestation organisée à la fin de l’année en signe d’appui à l’Université libanaise.
Il y a plus important encore : de plus en plus de jeunes prennent conscience de l’inanité d’une politisation à outrance de la vie universitaire. Des représentants qu’ils choisissent, ils commencent à réclamer la réalisation des promesses faites lors des campagnes électorales. Ces étudiants se rendent compte ainsi de la nécessité d’améliorer d’abord leur propre quotidien avant de songer à des réformes à l’échelle planétaire...
En un mot, ils font leurs premiers pas sur la voie d’une vraie démocratie, tandis que leurs aînés continuent souvent à s’empêtrer dans des idéologies importées et démodées.
José JAMHOURI