Après la fausse alerte de mercredi, la vigilance était toujours de mise hier à Roissy-Charles-de-Gaulle. Les passagers des vols Air France et United Airlines Paris-Los Angeles étaient soumis à des mesures de sécurité renforcées entraînant des retards de plusieurs heures. L’identité de ces voyageurs ainsi que celle des passagers de Paris-Newark étaient d’autre part communiquées par la Police aux frontières (PAF) aux services de renseignements français, au premier rang desquels la Direction de la surveillance du territoire (DST), pour vérification.
Newark est l’un des trois aéroports new-yorkais avec La Guardia et John-Fitzgerald-Kennedy et présente la particularité d’être le plus proche de la ville. Il est, avec Los Angeles, l’une des deux destinations désignées comme « sensibles » par les autorités américaines. En réponse, la communication des listes de passagers aux services de renseignements français avait débuté dès le mardi 23 décembre. Le même jour, des gendarmes du GIGN montaient à bord de ces vols pour y assurer la sécurité (nos éditions du 25 décembre). Débattue depuis les attaques du 11 septembre 2001, cette mesure est encore exceptionnelle en France. Elle est en revanche appliquée de longue date par Israël sur les vols de la compagnie El Al et plus récemment par d’autres pays comme la Suisse, l’Autriche ou les États-Unis.
En France, cette mission d’un nouveau type a logiquement été confiée aux gendarmes du GIGN, grands spécialistes de la protection des transports depuis les premiers détournements d’avions déjoués dans les années 70. Le GIGN est également l’unité d’intervention spécialement chargée de la mise en œuvre de Piratair, le plan d’intervention spécialisée contre le terrorisme aérien. De source policière, on précisait hier que ce dispositif de filtrage et de protection en vol serait maintenu jusqu’à nouvel ordre. Une réunion interministérielle, rassemblant des représentants des ministères de l’Intérieur, des Transports et des Affaires étrangères, était en cours hier en fin d’après-midi à l’hôtel Matignon pour discuter de cette question.
Policiers et magistrats spécialisés dans la lutte antiterroriste ont de leur côté réaffirmé que l’enquête sur les passagers des deux vols Air France Paris-Los Angeles annulés le 24 décembre n’avait donné aucun résultat. L’identité des voyageurs devant embarquer à bord des vols AF068 et AF070 a été systématiquement vérifiée. 13 d’entre eux, 4 Algériens, 5 Américains, 2 Français, 1 Belge et 1 Allemand, ont été entendus par la police française à partir d’une liste communiquée par les services de renseignements américains. Leurs bagages ont également été inspectés sans résultat. Les passagers devant embarquer sur le vol AF068 du 25 décembre n’ont pu en revanche être interrogés. Cité par le Washington Post, un officiel américain précisait hier que les autorités américaines voulaient «toujours parler aux gens qui ne sont pas montés [à bord des avions]» et annonçait une suite à cette affaire dans les jours à venir. Une suite des plus hypothétiques côté français. « Quand nous avons interrogé les policiers sur cette opération, précise un magistrat, ils nous ont simplement répondu : tout est zéro. »
La section antiterroriste du parquet de Paris a d’ailleurs estimé que l’ouverture d’une enquête préliminaire ne s’imposait pas en l’absence de tout élément concret. « Les renseignements américains étaient probablement de qualité, indique un spécialiste de la lutte antiterroriste, mais le tuyau n’était pas le bon ou il a été éventé. Paradoxalement, cette fausse alerte sert les intérêts des terroristes dont l’objectif est de semer la peur et la confusion. »
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