Howard Dean est officiellement passé hier du statut d’outsider à celui de favori pour l’investiture démocrate à l’élection présidentielle américaine de novembre 2004. Déjà en tête des sondages, il a reçu le soutien public d’Al Gore, ancien vice-président de Bill Clinton et rival malheureux de George W. Bush en 2000.
L’annonce par Gore, il y a un an, qu’il ne tenterait pas sa chance une nouvelle fois avait ouvert la voie à une pléthore de candidats. Ils sont encore neuf sur la ligne de départ, alors que la saison des primaires démarre le 19 janvier prochain dans l’Iowa. Howard Dean, longtemps considéré comme un électron libre par l’establishment démocrate, devance désormais largement les poids lourds du parti : selon le dernier baromètre USA Today-CNN-Gallup, il est le préféré de 25 % des électeurs inscrits dans le camp démocrate, devant le général en retraite Wesley Clark (17 %), l’élu du Missouri Richard Gephardt (13 %) et le sénateur du Connecticut Joe Lieberman (10 %). John Kerry, sénateur du Massachusetts et vétéran du Vietnam, qui faisait figure d’homme à battre sur le papier, traîne misérablement à 7 % d’intentions de vote.
« Howard Dean est véritablement le seul candidat qui ait été capable d’inspirer à la base dans tout le pays le genre de passion et d’enthousiasme pour la démocratie, le changement et la transformation de l’Amérique dont nous avons besoin », a déclaré hier Al Gore. Estimant que l’ancien gouverneur du Vermont représente « la meilleure chance de l’emporter et de mener notre pays dans la bonne direction », l’ancien vice-président a pressé le camp démocrate de mettre un terme aux attaques et aux divisions qui ont marqué le début de la campagne. « Nous devons tous être derrière le meilleur candidat, a-t-il insisté. J’invite les autres prétendants à garder l’œil sur le but ultime de la course. Cette nation ne peut pas se permettre quatre années de plus avec l’Administration Bush-Cheney. »
Qualifié « d’énorme » par l’équipe de campagne de Howard Dean, l’adoubement de Gore porte un coup sérieux à Joe Lieberman, son partenaire pour la vice-présidence lors de la campagne de 2000. La plupart des candidats s’efforcent de mener une campagne au centre sur le modèle de Bill Clinton en 1992 et 1996, alors que Dean courtise surtout l’aile militante du parti, estimant qu’il sera toujours temps de recentrer son discours, une fois seul face à George W. Bush. Sous cet angle, le choix de l’ancien vice-président démocrate constitue aussi une reconnaissance que la scène politique américaine est plus divisée que jamais entre droite et gauche.
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