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Centre-ville - Jean-Michel Wilmotte à la conquête de l’espace public Un mobilier urbain haute couture... et l’histoire juste à côté (photos)

À l’instar de « la plus belle avenue du monde » (les Champs-Élysées), le centre-ville de Beyrouth portera lui aussi l’estampille Jean-Michel Wilmotte. De Saïfi à Wadi Abou Jmil en passant par la place des Martyrs, Maarad, Foch, Allenby et le quartier du port, Wilmotte mettra en scène un mobilier urbain accordé par sa « force » à celle qui l’accueille, jouant avec la mémoire, les structures, les volumes subsistants et réapparus. Non pas avec un mimétisme discret où le sens du passé serait conservé dans un éternel présent, mais au contraire par une marque franche, que l’on peut interpréter comme une volonté de se tourner vers l’avenir, même si ce dernier est voué à demeurer indéterminé. « L’idée est d’inventer un mobilier qui ait une personnalité suffisamment forte pour qu’il devienne un élément structurant de la ville, une sorte de vocabulaire qui appartient à ses quartiers et en même temps une signature qui fera partie de son image », explique Wilmotte. Le grand architecte et designer décrit par Richard Meier comme « l’homme de la renaissance française moderne, respectueux du passé mais indiscutablement contemporain », aura pour mission de planter le décor du domaine public dont la superficie s’étale sur 876 000 m2 parmi lesquels 592 000 m2 de routes et 284 000 m2 d’espaces publics.
Une poubelle, une borne signalétique, un abribus, un bac à fleurs... émergent d’une vague d’acier lisse, précise, contemporaine. Le principe, clair et pertinent, relève d’une jonction subtile et rigoureuse entre un élément vertical et un élément horizontal et, se faisant, décline à chaque fois une œuvre nouvelle. D’une difficile exigeance, parce que toute simple. À ce jeu, Wilmotte sait se montrer génial. Minimaliste, sa ligne, qui tient à la fois d’une technologie avancée et d’une finition rigoureuse de matériau, constituera le code réglementant le domaine public du centre-ville.

Un fabuleux exercice
de géométrie
Avec Wilmotte et ses associés pour l’occasion, le bureau d’architecture Ziad Akl & Partners, la rue trouvera « son » style, la circulation piétonne sera créée, les fonctions distribuées, les espaces rythmés. Luminaires, auvents, abribus, réseau de cabines téléphoniques, kiosques, bancs, bornes signalétiques, barrières ou clôtures, panneaux publicitaires plantés sur les terrains vagues ou encore, longeant les terrasses-cafés, des jardinières « prévues à la hauteur du passant, pour influencer réellement la perception de l’utilisateur... » Le mobilier urbain, conçu comme une véritable sculpture, est réalisé en acier épousant par endroit la « finition d’une rouille » qui, de nuit, devient quasi invisible, alors que la partie supérieure ressort comme une espèce d’élément flottant dans l’air. Le projet commandité par la société Solidere comprend aussi « un chapitre éducatif ». Des textes d’interventions baliseront, point par point, comme de la couture, le parcours du centre-ville, pour raconter l’opération de reconstruction et dérouler l’histoire et la mémoire des lieux.
L’histoire, c’est ce que Jean-Michel Wilmotte aime le plus. Il a signé ses plus belles créations dans le monde de la muséographie, mais aussi en « greffant des racines à la modernité ». Pour ne citer que quelques œuvres, l’Opéra de Nîmes ; le centre œnologique dans les ruines du château d’Ortenberg, dans le Bas-Rhin ; le musée d’Art et d’Industrie à Saint-Étienne ; de même à Paris, la restructuration et l’architecture intérieure des musées Carnavalet, d’histoire naturelle, de l’aile Rohan ou encore de l’aile Richelieu au Grand Louvre où il crée une bibliothèque considérée par les critiques comme « un exemple parfait, un fabuleux exercise de géométrie ». Wilmotte qui, en 1982, avait réalisé sa première commande officielle en aménageant la chambre du président Mittérand à l’Élysée, est un des architectes d’intérieur les plus célèbres en France et... hors frontières. Il a à son actif le palais de l’émir de Qatar, la rénovation de l’Inner Courtyard du British Museum, à Londres ; du musée du Chiado à Lisbonne ; Mercian au Japon et le musée national de Beyrouth. Wilmotte est aussi l’auteur de l’aéroport de Nîmes-Arles-Camargue, du terminal 2C de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, du palais des Congrès à Bordeaux et de celui de Monaco, du musée du Septennat à Sarran, des musées nationaux de Séoul, de la Corée et de la Chine... Mais la liste est longue. Trop longue. Disons toutefois qu’intégrant architecture, architecture d’intérieur et design, Wilmotte a tracé une trajectoire sans rupture ni temps morts. Créateur aux facettes multiples, il dessine des canapés, des chaises, des tables, des lampes, des cendriers, des brûle-parfums pour les jardins du Palais-Royal et même des pylônes à très haute tension pour EDF. L’esprit Wilmotte emporte partout un vif succés : « La lampe d’or du Salon international du luminaire » à Washington ; « Le Lin d’or » à Milan ; « Créateur de l’année du Salon international du meuble et Médaille d’architecture intérieure de l’Académie d’architecture », à Paris ; « Prix Europa Nostra » pour la restauration du Grenier à sel en Avignon ; « Oscar du design du Nouvel Économiste » pour l’espace Technal à Toulouse;
« Prix d’aménagement et d’urbanisme du Moniteur des villes, catégorie espaces publics pour le mobilier urbain d’Agle et du Cap-d’Agde »...
Jean-Michel Wilmotte, qui a conçu les deux immeubles jumeaux de Ramlet el-Baïda, travaille actuellement à l’agrandissement du musée Nicolas Sursock. Le programme comprend l’aménagement des bâtiments existants et la construction de quatre sous-sols qui abriteront une grande salle pour les expositions temporaires, une salle polyvalente, une bibliothèque, une salle d’audiovisuel, des surfaces de réserve, un parking et le traitement du jardin en surface.
May MAKAREM
À l’instar de « la plus belle avenue du monde » (les Champs-Élysées), le centre-ville de Beyrouth portera lui aussi l’estampille Jean-Michel Wilmotte. De Saïfi à Wadi Abou Jmil en passant par la place des Martyrs, Maarad, Foch, Allenby et le quartier du port, Wilmotte mettra en scène un mobilier urbain accordé par sa « force » à celle qui l’accueille, jouant avec la mémoire,...