COLLOQUE - Le monde arabe représente 0,13 % des dépenses de recherche et de développement à l’échelle mondiale L’excellence scientifique, seule issue pour l’industrie nationale

«L’excellence scientifique et technologique est la seule issue pour l’industrie nationale ». C’est par ces termes que le président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, a entamé la première journée du colloque sur « Les travaux de recherches industrielles », organisé par le ministère de l’Industrie et l’Association des industriels, en coopération avec neuf universités libanaises et l’institut Friedrich Ebert.
M. Abboud a souligné que l’industrie libanaise ne peut être compétitive qu’à travers la promotion des travaux de recherche et de développement.
« Il est vital de parrainer les recherches industrielles et de soutenir les jeunes diplômés en créant des incubateurs de travail dans l’ensemble des régions libanaises », a-t-il ajouté.
Le représentant des industriels a cependant reconnu que la coopération entre l’association et les universités est insuffisante. « En Europe, c’est le secteur industriel qui récolte à la fin de chaque année les idées et les créations des étudiants les plus brillants, a-t-il expliqué, alors qu’au Liban, la créativité universitaire est ignorée. »
Donnant l’exemple des études en ingénierie mécanique, M. Abboud a déploré également le fait que la formation universitaire ne corresponde en général en rien aux besoins du marché du travail.
Par ailleurs, le président de l’association a estimé que la recherche et le développement ne signifient pas uniquement « le fait de concevoir un avion ou un appareil portable, mais de créer des choses beaucoup plus simples, comme la découverte d’une nouvelle sauce par exemple ». « Le Liban doit investir dans la recherche au niveau de l’agroalimentaire et de l’emballage », a-t-il ajouté.
Le directeur général du ministère de l’Industrie, Fadi Samaha, a pour sa part exposé le programme de soutien aux travaux de recherche qui vise à moderniser les laboratoires universitaires, encourager la coopération entre les usines et les étudiants (formation, accès aux laboratoires), financer les travaux pratiques, organiser des Salons pour exposer les créations industrielles libanaises, etc.
De son côté, le secrétaire général du Conseil national de recherche scientifique (CNRS), Mouïn Hamzé, a dressé, chiffres à l’appui, un sombre tableau des l’état actuel de la recherche scientifique dans le monde arabe.
Selon lui, le budget alloué aux travaux de recherche et de développement dans le monde arabe ne représente que 0,13 % des dépenses mondiales.
De plus, les dépenses sur la recherche scientifique par individu s’élèvent à 600 dollars par an aux États-Unis et au Japon, alors que la moyenne arabe n’atteint que 3,2 dollars par an (avec des variations allant de 40 dollars pour le Koweït à un dollar pour le Soudan).
Toujours selon le secrétaire général du CNRS, le nombre de chercheurs scientifiques à plein temps s’élève à quatre millions dans le monde, tandis que celui des chercheurs arabes atteint à peine les 90 000 (soit une part de 0,5 %).
M. Hamzé précise que le CNRS français emploie à lui seul 31 000 chercheurs à plein temps. Ce même centre de recherche dispose de 1500 laboratoires spécialisés, alors que ceux-là ne totalisent que 320 dans l’ensemble du monde arabe.
Quant au nombre de centres de recherche dans les pays arabes, il s’élève à 600, dont 6,6 % sont dirigés par le secteur privé.
Le colloque se poursuit jusqu’à demain au Centre de promotion des exportations, au port de Beyrouth, parallèlement à un Salon exposant les principaux travaux de recherches industrielles pour l’année 2003.

Rana MOUSSAOUI