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SPECTACLE - Au Casino du Liban, ce soir et demain Laurent Gerra : il imite comme eux respirent ! (Photo)

19h, sur la terrasse de l’ hôtel Albergo, Laurent Gerra est là, ponctuel au rendez-vous. Accompagné de son équipe (« six personnes avec qui je travaille depuis sept ans, sans qu’il n’y ait jamais eu une seule dispute entre nous », signale-t-il), l’imitateur, qui n’est plus à présenter, est à Beyrouth le temps de deux spectacles (ce soir et demain) au Casino du Liban.
C’est lui qui a voulu venir,
« tout heureux de pouvoir, dit-il, exporter mes bêtises dans un pays parfaitement francophone ». Son producteur prend contact avec Radio Nostalgie et Magicbox Events, « mais, à cause du 11 septembre, une première tournée prévue en 2001 tombe à l’eau. Puis il y a eu la guerre et, enfin, me voilà doublement survivant ».

Ses cibles
Il nous arrive donc plein de peps et d’entrain avec un spectacle qui a déjà fait ses preuves lors de tournées en France et au Québec. Au programme, ses cibles favorites, à savoir : Céline Dion,
« j’adore lui faire dire des horreurs » ; Thierry Ardisson,
« l’intégriste de la télé », Chirac,
« facile à imiter » ; Johnny Hallyday et Jean-Paul Belmondo,
« deux personnes que j’admire beaucoup », mais aussi Patrick Bruel, Jean-Claude Brialy, Nicolas Sarkozy, Léon Zitrone, Charles Aznavour, un rappeur... Il va même épingler Le fabuleux destin d’Amélie Poulain , « un film dont je n’ai vraiment pas compris le succès phénoménal », et va même chanter un pot-pourri – arrangé bien sûr à sa manière – de chansons françaises à texte, « un genre que j’apprécie beaucoup ».
On l’aura compris, Laurent Gerra tape sur tout ce qui bouge, enfin presque ! Il n’épargne dans ses imitations musclées ni les gens qui l’exaspèrent ni ceux qu’il admire.
On comprend du coup qu’il ait fait sienne cette phrase de Frédéric Dard : « Exagérer, c’est être libre. » Et se reconnaît dans ce que Guy Marchand (jazzman et comédien, alias Nestor Burma) a dit de lui un jour : « Laurent, c’est un rebelle bien élevé. »

Imitations en chansons
En effet, hors scène, attablé devant un grand verre d’arak et une coupe de pistaches, Laurent Gerra est un homme charmant, presque timide. Qui se livre aisément au jeu de l’interview... tout en faisant remarquer que ce n’est pas facile de parler de soi. « Mon terrain de jeux – c’est le cas de le dire –, c’est la scène », fait-il remarquer.
Un terrain de jeux où il a fait ses premières imitations... à cinq ans. En chanson, comme dirait Sardou qui a eu la primeur de ses parodies, puisque, poussé sur scène par son grand-père (président de la fanfare de Bourg-en-Bresse, son village natal dans la région lyonnaise) à l’âge des dents de lait, Laurent Gerra choisit d’entonner Les bals populaires de Sardou... évidemment à la façon de Sardou. Après ce baptême de feu, enhardi, il commence, à partir de sept ans, à faire régulièrement des spectacles de fin d’année avec sa bande de copains. Et puis « à quatorze ans, j’ai eu peur que ma voix en muant ne me permette plus de faire des imitations dans les aigus. » Ce qui est un peu le cas puisqu’il avoue ne pas être à l’aise avec les tessitures féminines. Il n’a dans son répertoire que Céline Dion « dont je reproduis plus l’accent que la voix. Et Pascal Sevran », lance-t-il dans une boutade.
Il n’a jamais pris de cours de comédie ou de chant et pourtant il chante, il pastiche, il parodie, il singe, il caricature tout le monde. « Tout le monde, non, sinon je serais un mutant », se récrie-t-il. Il admet cependant volontiers qu’il fait dire à ses personnages ce qu’il ressent d’eux, donc qu’il y met quelque chose de lui.

Une question de respiration
Comment naissent ses parodies ? « Je suis très observateur. Parfois j’ai des flashs, à d’autres moments je peaufine un personnage . Pour Cabrel par exemple, j’ai remarqué un jour qu’il y avait beaucoup de cailloux dans ses chansons : des pierres, des galets, du sable, etc. Je me suis dit, c’est un chanteur minéral. Et on peut faire de la poésie avec n’importe quoi. »
Comment s’exerce-t-il ? Devant la glace, en enregistrant sa voix ? « Non, je n’aime pas me regarder dans la glace et je déteste entendre ma voix. Je ne travaille pas beaucoup mes personnages. Le gros de mon travail se passe en spectacles et tournées. En fait, ce qui est important, c’est de respirer comme la personne qu’on veut imiter. Et ça, je l’ai toujours fait inconsciemment. » A-t-il des sujets tabous ? « J’ai une grande liberté et j’en abuse. Même si ça me coûte parfois, mais ça me rapporte plus que ça ne me coûte », plaisante-t-il . Est-ce qu’il a un jour regretté d’avoir blessé quelqu’un dans ses imitations ? « Non parce que ce que je dis est généralement réfléchi et assumé. Et puis je pars du principe que je ne suis pas là pour faire de la peine. Je pense que le public ne vient pas voir un règlement de comptes. Je pense que quand on répartit les vacheries de chaque côté, ça passe mieux que si j’avais un parti pris. Je tape vraiment de A à Z, surtout sur les choses qui sont à la mode. »
Il s’inspire de l’actualité, des effets de mode, même s’il n’aime pas la mode. « Il n’y a rien de plus démodé que d’être à la mode », marmonne-t-il. Et d’ajouter : « Vous avez vu comment je m’habille ? Mais bon, je ne vais pas m’amuser à imiter Mireille Mathieu alors que je pense que c’est plus intéressant de taper sur les crétines de Star Academy. » Il aime bien aussi croquer l’élite pseudo-intellectuelle parce que, dit-il, « je n’aime pas les imposteurs ». Il n’aime pas beaucoup non plus en vrac : la jet-set, les peoples –
« même si, de temps en temps, je vais à leurs soirées pour m’en inspirer »– et Paris-Match, depuis un certain article sur sa vie privée.
Il récuse l’hypocrisie qui fait dire à certains de ses collègues qu’il faut aimer les personnes qu’on imite. « J’imite Le Pen, je ne l’aime pas. Je ressens juste plus ou moins bien le personnage. C’est la même démarche et le même plaisir de parodier les gens qu’on aime et ceux que l’on n’aime pas. » D’autant que les gens et les choses qui le font le plus rire sont aussi ceux qui l’exaspèrent.
19h, sur la terrasse de l’ hôtel Albergo, Laurent Gerra est là, ponctuel au rendez-vous. Accompagné de son équipe (« six personnes avec qui je travaille depuis sept ans, sans qu’il n’y ait jamais eu une seule dispute entre nous », signale-t-il), l’imitateur, qui n’est plus à présenter, est à Beyrouth le temps de deux spectacles (ce soir et demain) au Casino du Liban. C’est...