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Dopage - Les revers de la médaille du sport Quand les enjeux tuent le jeu

Le sport aujourd’hui, avec la profonde mutation qu’il a connue au cours du siècle dernier, a vu son poids s’étoffer considérablement au sein de la société. Toutefois, cette montée en puissance a été ébranlée par une mainmise économique et politique qui a entraîné des dérives, comme le dopage. Le problème du dopage n’existe pas encore réellement au Liban, car le sport n’y est pas d’un haut niveau en l’absence de profession- nalisme, si ce n’est le basket qui semble en bonne voie de professionnalisation. Ainsi, s’il continue son expansion, on risque de voir l’interférence d’enjeux extrasportifs qui feront surgir le spectre du dopage. Un triste constat s’impose : se lancer dans le sport de haut niveau s’accompagne d’une dépendance à différents engrenages qu’il devient hélas impératif d’admettre pour espérer accéder aux sommets de la gloire.
Le dopage se traduit par l’utilisation d’une « potion magique » visant à accroître artificiellement et provisoirement les capacités physiques. Il existe trois catégories principales de produits dopants : les stimulants comme les amphétamines très utilisées dans le monde du cyclisme et qui augmentent la vivacité et l’endurance.
Viennent ensuite les agents anabolisants comme la nandrolone qui sont monnaie courante dans le football, le judo et le basket et qui ont pour fonction d’améliorer la capacité à l’entraînement physique et musculaire et d’accélérer la guérison des blessures. Enfin, les hormones de croissance comme l’EPO qui favorisent l’oxygénation des muscles, ces hormones étant principalement utilisées en cyclisme, ski de fond, natation et athlétisme. Ces substances sont bien entendu strictement interdites aux sportifs, car leurs effets secondaires sont particulièrement dangereux : troubles cardio-vasculaires et neurologiques, tension élevée, cancer, infarctus.
On peut dire donc que le dopage tue, les cyclistes en sont les plus grandes victimes avec plusieurs d’entre eux qui meurent avant 50 ans dont le très grand Jacques Anquetil, quintuple vainqueur du Tour de France, décédé à 52 ans. L’athlétisme a vu sa meilleure athlète de tous les temps, Florence Griffith-Joyner, détentrice du record du monde sur cent mètres avec 10’49 (aux JO 88 de Séoul), mourir en 2001 à l’age de 41 ans, suite à un cancer qui peut légitimement faire penser qu’il était dû au dopage... D’où la nécessité d’éradiquer ce fléau du sport.

La surmédiatisation :
escalier roulant vers le dopage
Les enjeux financiers sont désormais la plaque tournante du sport. La clé de la mutation du sport a été la transformation du rôle des médias, autrefois simples moyens de suivre un événement sportif et aujourd’hui pôle principal dans l’organisation des compétitions.
En effet, les dates et les horaires des compétitions sportives sont imposés par les chaînes de télévision aux différentes fédérations et équipes, qui se retrouvent avec une panoplie de partenaires commerciaux. Ce monopole médiatique et publicitaire fait naturellement la joie de l’univers sportif, car il génère des fonds considérables. Le grand bémol est que cette pression médiatique et publicitaire va chercher à agrandir ce marché si porteur et ainsi entraîner l’augmentation du nombre de compétitions et de matches, au grand dam des athlètes. Ces derniers sont désormais soumis à des calendriers démentiels, comme en football où, en une saison, un joueur évoluant dans un grand club européen comme le Bayern de Munich ou le FC Arsenal, jouant les premiers rôles sur tous les tableaux, prendra part à près de soixante rencontres sans compter ses éventuelles sélections en équipe nationale. Pour maintenir leur constance dans l’excellence, tout au long de la saison, les sportifs demanderont de l’aide à leurs « druides ».
Les différentes instances et fédérations sportives qui sont censées combattre ce fléau mènent une politique hypocrite à l’égard de cette tare, car bien que sachant ce qui se trame derrière la rapidité d’un peloton ou l’endurance d’un fondiste, elles préfèrent fermer les yeux et laisser le système tel quel avec les très lucratifs avantages qu’il produit, bafouant ainsi les valeurs du sport et mettant en danger la santé des sportifs.

Les enjeux politiques
Les enjeux politiques se sont, eux aussi, mêlés au sport. En effet, dans tout budget gouvernemental, la part accordée au sport ne cesse de s’accroître. Tous les pays occidentaux détectent leurs champions potentiels dès leur plus jeune âge (douze ans dans certains sports). Ces champions en herbe quittent le cocon familial avec une vision très simpliste du sport pour intégrer des centres de formation. Force est de constater que le sport contribue à la grandeur nationale d’un pays.
L’illustration parfaite de ce lien est la guerre froide, quand l’URSS et les États-Unis, loin d’être rassasiés de leur duel à Cuba ou au Vietnam, éprouvèrent le besoin d’en découdre également par athlètes interposés, avec comme arme atomique le dopage. L’apogée de cette confrontation, officiellement sportive et officieusement politique, eut lieu lors des JO de Munich en 1972, où les deux géants monopolisèrent les podiums avec des performances, suscitant très souvent le doute.
Il semble indéniable que l’interférence d’intérêts politiques dans le sport a entraîné des débordements et des tricheries comme le dopage, qui s’est avéré être le moyen le plus efficace pour faire retentir des Marseillaises ou des God Save the Queen. Le sport est un vecteur de rapprochement et doit le rester, une langue commune entre les peuples qu’il faut totalement dissocier du politique. Au levain de dérives comme le dopage, les intérêts financiers et politiques ne semblent pas avoir leur place dans le sport. Soit, on accepte la fonction du dopage, qui est de transformer l’homme en machine à battre des records, pour le plus grand bonheur des médias, des publicitaires, des politiciens et de nous-mêmes simples spectateurs, en se fichant de l’éthique et de la santé des athlètes, soit, on œuvre sérieusement pour assurer la propreté du sport, par des contrôles antidopage plus efficaces, décelant toutes les substances interdites, des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes et surtout en limitant les enjeux extrasportifs.

Khalil HATEM
Le sport aujourd’hui, avec la profonde mutation qu’il a connue au cours du siècle dernier, a vu son poids s’étoffer considérablement au sein de la société. Toutefois, cette montée en puissance a été ébranlée par une mainmise économique et politique qui a entraîné des dérives, comme le dopage. Le problème du dopage n’existe pas encore réellement au Liban, car le sport n’y est pas d’un haut niveau en l’absence de profession- nalisme, si ce n’est le basket qui semble en bonne voie de professionnalisation. Ainsi, s’il continue son expansion, on risque de voir l’interférence d’enjeux extrasportifs qui feront surgir le spectre du dopage. Un triste constat s’impose : se lancer dans le sport de haut niveau s’accompagne d’une dépendance à différents engrenages qu’il devient hélas impératif...