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Congrès du World Archeological Congress à Washington L’Irak au centre des préoccupations de la communauté mondiale des archéologues

Plus de mille deux cents archéologues se sont donné rendez-vous cet été à Washington pour le cinquième World Archeological Congress (WAC 5). Cette réunion mondiale, unique en son genre, a lieu tous les quatre ans et dure quatre jours. De la politisation de l’histoire aux défis de la conservation du patrimoine bâti en passant par les nouvelles technologies adaptées à l’archéologie, tous les sujets ont été débattus librement.

Rares sont les organisations internationales qui travaillent dans le domaine de l’histoire et considèrent qu’il est impossible de séparer la politique de l’archéologie. Au WAC, la politisation de l’histoire et les différents enjeux politiques et économiques de la sauvegarde du patrimoine sont largement pris en considération pour la protection des sites archéologiques et l’arrêt du trafic clandestin. Les organisateurs de ce congrès international savent en effet que le premier obstacle à leur combat vient des politiciens. Le choix de Washington pour la tenue de la conférence 2003 n’est, dès lors, pas anodin. Les conférenciers veulent en effet être entendus par les hommes de pouvoir aux États-Unis quand ils crient au scandale et réclament de l’aide pour la sauvegarde du patrimoine irakien.
Des professeurs d’université américains, anglais, irakiens et autres ont ainsi débattu des menaces qui pèsent actuellement sur le patrimoine culturel et archéologique du pays des Sumériens et des Assyriens. Certains d’entre eux ont avancé des idées pour la protection des sites archéologiques de l’Irak, d’autres ont proposé des actions pratiques pour aider leurs collègues irakiens à briser le cercle vicieux du pillage. Ils ont expliqué que la pression sur les gouvernements des pays développés reste le moyen le plus efficace pour arrêter « l’hémorragie » des œuvres d’art. En effet, ce sont les marchés noirs d’antiquités situés dans les pays développés qui financent le trafic illicite dans les pays du tiers-monde. New York est ainsi la troisième ville du monde, après Genève et Londres, dans la vente des antiquités.
Dans ses résolutions, le World Archeological Congress a donc cherché à faire pression sur le gouvernement américain. La première résolution de WAC 5 appelle les États-Unis à signer instamment la convention de La Haye pour la protection du patrimoine culturel en cas de conflits armés. La seconde requiert des sénateurs américains qu’ils adoptent deux nouveaux projets de loi visant à protéger le patrimoine irakien et à reconnaître le caractère tragique de la situation de l’archéologie en Irak.

Les missions du WAC
« Le WAC est l’unique organisation mondiale regroupant des archéologues et des historiens en un même corps, explique Peter Stone, directeur exécutif de cette organisation. Le WAC soutient et renforce le dialogue entre les chercheurs concernés par l’histoire. D’ailleurs, le congrès a pour objectif de promouvoir l’échange des données scientifiques et des résultats des recherches à grande échelle. De plus, c’est une occasion exceptionnelle pour renforcer les liens entre les archéologues des pays développés et ceux des pays du tiers-monde », poursuit-il.
Évidemment, la crise économique mondiale actuelle rend difficile, voire impossible le voyage des chercheurs des pays pauvres. Pour résoudre ce problème, le WAC subventionne leur voyage et leur séjour. Les portes du Congrès restent ainsi grandes ouvertes à tout chercheur désirant assister aux sessions.
Plus de 1 300 archéologues, venus des quatre coins de la planète, adhèrent aujourd’hui à cette organisation. Tous croient à la gratuité de l’information et à la nécessité de promouvoir la protection du patrimoine de chaque pays par ses ressortissants. Les membres du WAC sont en outre de vifs opposants à toute démarche visant la légalisation de la vente d’antiquités dans le monde. Selon eux, les antiquités n’ont leur place que dans les musées de leur pays d’origine.
Leur action reste toutefois limitée à un aspect académique. Leur présence au Moyen-Orient est, par ailleurs, malheureusement quasi inexistante. Six chercheurs seulement – dont trois Libanais – ont représenté l’ensemble des pays du Levant et de l’Afrique du Nord au WAC 5. « Le nombre des membres du WAC dans cette région du monde ne dépasse pas la dizaine, déplore Claire Smith, présidente de l’organisation. J’ignore la cause de ce faible effectif, mais nous espérons remédier à cette situation en organisant des séminaires et des ateliers de travail thématique dans les différents pays du Moyen-Orient, créant ainsi des liens entre ces chercheurs et ceux de l’Occident », poursuit-elle.
Par son ouverture au monde et sa compréhension des situations politiques et économiques complexes des pays pauvres, le WAC représente assurément un espoir pour les jeunes archéologues du Moyen-Orient.
Joanne FARCHAKH

Pour savoir plus sur le World Archeological Congress, consultez le site Web : www.wac.uct.ac.za

Le témoignage de notre collaboratrice
Lors d’une session plénière intitulée « Breaking News, Iraq’s Heritage During the War » (Dernières nouvelles : le patrimoine irakien durant la guerre), notre collaboratrice, Joanne Farchakh, a donné une conférence intitulée « War on archeology in Iraq » (Guerre contre l’archéologie en Irak). Mlle Farchakh a présenté la situation du patrimoine millénaire de l’Irak après l’invasion américaine. Photos à l’appui, elle a montré le pillage intensif des cités sumériennes du sud de l’Irak. Elle a également rapporté l’histoire complète du pillage du musée de Bagdad et dénoncé l’inaction des forces de la coalition qui n’ont déployé aucun effort réel pour la protection du patrimoine irakien. Le témoignage de notre collaboratrice a été reproduit dans deux grands quotidiens américains, le Washington Post et USA Today.
Plus de mille deux cents archéologues se sont donné rendez-vous cet été à Washington pour le cinquième World Archeological Congress (WAC 5). Cette réunion mondiale, unique en son genre, a lieu tous les quatre ans et dure quatre jours. De la politisation de l’histoire aux défis de la conservation du patrimoine bâti en passant par les nouvelles technologies adaptées à l’archéologie,...