Les cédés
Jacques Dutronc
Madame l’existence
Jacques Dutronc est enfin de retour, et s’il l’est maintenant, c’est qu’il en avait vraiment envie. On prend les mêmes et on recommence, Jacques Lanzmann réitère au côté du chanteur aux lunettes noires et au cigare, mais cette fois Jacques Dutronc a coécrit les textes avec lui. Onze chansons pour cet album studio, le treizième seulement en quarante ans de carrière. Il signe ici un album au style affirmé où il joue avec sa voix, variant d’une chanson à l’autre son éternel spoken word, et les trémolos de sa voix. Il reprend aussi Un jour tu verras de Mouloudji, joue les misanthropes pour rire et les humanistes pour émouvoir. Un opus qui confirme ce que Dutronc a toujours été, un très grand musicien.
Norah Jones
Come Away with me - Édition 2 cd
C’est vrai que ce premier album de Norah Jones est sorti l’année dernière, mais le succès qu’il a connu n’est pas pour rien dans cette réédition incluant quatre titres inédits. Norah Jones est la révélation musicale de l’année 2002. Elle a remis au goût du jour des variations jazzy d’une musique pop de départ. Du jazz à portée de tous pour cette jeune femme de 23 ans qui a raflé la plupart des Grammy Awards. Ce qui domine sur cet album, c’est la maturité de la chanteuse, qui s’est imposée d’emblée dans le rude monde musical américain. On retrouve la plupart de ses titres dans les B.O. de certaines productions hollywoodiennes. À découvrir si ce n’est pas déjà fait et à écouter en boucle.
Stephan Eicher
Taxi Europa
Il aurait, paraît-il, sillonné l’Europe en taxi, et de ce périple a découlé ce nouvel album. Après avoir travaillé sur la musique du film Monsieur N, le chanteur suisse le plus connu de son pays a retrouvé son collaborateur de toujours, l’auteur Philippe Djian, et même croisé le chemin de Benjamin Biolay. Il sort donc un album aux sonorités résolument rock, mais ne s’interdit pas quelques envolées gospel dans la chanson On nous a donné ou jazzy avec Si on s’y mettait. Un album apaisé sorti quatre ans après Louanges et Hôtel S, sa compilation personnelle de ses quelques dix années de carrière. Un disque qui dépasse les frontières et qui plaira sûrement aux amateurs de cette voix si particulière.
Vladimir Horowitz
reDiscovered - Récital du 16 nov. 1975 au Canergie Hall
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Horowitz est l’un des derniers grands pianistes du XXe siècle. Né en Ukraine en 1903, il y étudiera au Conservatoire de Kiev, et c’est à onze ans que sa carrière démarre vraiment, lorsque sa route croise celle du compositeur russe Scriabin. Depuis, Horowitz devient le pianiste de référence du compositeur. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il quitte l’URSS pour les États-Unis où il continuera de se produire en solo ainsi qu’avec de nombreux chefs d’orchestre. C’est de cette période d’exil qu’est tiré l’album que nous vous proposons: 1975, Canergie Hall. L’intégral de ce concert est inédit. Un très beau récital donné onze ans avant son grand retour à Moscou.
Les DVD
The Recruit
Roger Donaldson
On nous annonçait un duo de choc campé par Al Pacino et Colin Farrell, on a reçu un thriller plutôt agaçant et déjà vu. La première heure du film était pourtant bien lancée, mais la suite du film, pas vraiment convaincant, laisse sur sa faim. L’histoire de ce jeune homme surdoué en informatique recruté par la CIA et entraîné dans une « ferme » comme Nolwenn dans le château de Star Academy est très stéréotypée. Dans le genre « ne faites confiance à personne », « tout ce qui paraît est faux » et « soyez sidéré par les rebondissements incroyables de l’histoire », on avait vu mieux. Dommage pour Al Pacino et la nouvelle « recrue » de Hollywood, le jeune Colin Farrell, que toutes les starlettes et stars s’arrachent, ils auraient pu mieux faire. C’est donc ce qu’on nomme communément de « film à voir à la maison »... en DVD bien évidemment.
Bowling for Columbine
Michael Moore
Si vous ne connaissez pas le cinéaste d’investigation et auteur Michael Moore, vous vous rappellerez sûrement ses discours de remerciement aux Oscars et Césars, en faveur de la paix en Irak et évidemment anti-Bush. Ce film intitulé ainsi à cause de la tuerie dramatique qui a eu lieu dans l’école de Columbine est un film d’utilité publique dans ce contexte qu’on plaît tant à qualifier « d’insécurité ». Moore enquête sur cette attirance que les Américains ont toujours eu pour les armes. Il y interviewe Charlton Heston, dirigeant de la NRA, principal lobby des armes américain. Une rencontre choc, un portrait cruel des États Unis, nécessaire, salutaire et effrayant, pour mieux comprendre par exemple la manipulation médiatique et le sensationnalisme tant chéri par les Américains. Un documentaire à voir absolument.
Taxi 3
Gérard Krawczyk
Qui aurait pensé que ce film sur un chauffeur de taxi et un flic ferait autant d’émules, et deviendrait une véritable saga. Et comme toute série, à quelques exceptions près, une fois passé la fraîcheur du premier épisode, la maturité du deuxième, le troisième volet s’étiole un peu côté scénario, mais ici pas du point de vue du divertissement. Courses-poursuites, pédale de vitesse scotchée au plancher, scènes hilarantes, apparition surprise de Stallone, le film possède une maîtrise technique de gros calibre. Une technique à la Besson. La star de ce troisième épisode, c’est incontestablement Bernard Farcy alias le commissaire Gilbert, hystérique et facétieux à souhait. Dans le DVD, plein de bonus. Bande-son, court métrage délirant, clips et démos jouables de Taxi 3. Ne succombez pas bêtement aux tentations... Crétin celui qui l’aurait oublié.
How to Lose a Guy in 10 Days
Donald Petrie
Kate Hudson, digne fille de sa mère Goldie Hawn est l’héroïne de ce « girls movie », ce film pour filles. Elle est journaliste, et pour les besoins d’un article, elle doit séduire un homme et tout faire pour qu’il la largue en dix jours chrono. Pari inverse et bien rémunéré pour Mathew McConaughey qui doit faire tomber une femme en dix jours. La suite vous la devinez. Ils se rencontrent, elle lui rend la vie dure, il la choie. La situation absurde à souhait provoque quelques scènes amusantes, et dommage qu’une fois de plus la fin soit si prévisible et si joyeusement américaine. Ça serait sympa de voir une fois les choses tourner différemment sans pour autant tomber dans la mièvrerie. En bref, un film à regarder un après-midi de grosse chaleur orageuse, avec quelques copines, en épargnant les hommes.
RUBRIQUE RÉALISÉE PAR MÉDÉA AZOURI HABIB