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États-Unis - Dixième candidat à l’investiture du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de novembre 2004 Wesley Clark, candidat quatre étoiles à la Maison-Blanche (photo)

Washington, de Philippe Gélie
Il a toujours visé haut et, cette fois, il vise le sommet : l’ex-général Wesley Clark, 58 ans, ancien commandant suprême des forces de l’Otan en Europe, est entré hier dans la course à la Maison-Blanche. Dernier de dix prétendants démocrates, nul ne sait encore s’il sera capable de bouleverser la donne ou s’il ne sera qu’une étoile filante. Mais un premier signe peut l’encourager : ses rivaux le prennent au sérieux.
À quatre mois du début des primaires, il n’était que temps de se décider pour ce novice en politique : « Quand vous faites une reconversion pareille, vers quelque chose d’entièrement nouveau, vous devez être prudent, a-t-il expliqué, vous devez être sûr que c’est vraiment le bon choix. » Ce qui l’en a convaincu, c’est le soutien spontané de milliers d’électeurs « de base », regroupés dans deux réseaux sur Internet, et qui ont déjà levé 1,3 million de dollars pour sa campagne. C’est aussi la confiance mise en lui par de nombreux ténors du Parti démocrate et d’anciens conseillers de l’équipe Clinton-Gore. L’ancien président, originaire d’Arkansas comme Wesley Clark, n’a-t-il pas déclaré récemment que le Parti démocrate comptait « deux étoiles », sa femme, Hillary Rodham-Clinton, et le général à la retraite ? Ce qui, surtout, a compté dans la décision du nouveau candidat, c’est la conviction intime d’être taillé pour relever ce défi. Personnage complexe, doté d’une intelligence brillante, d’un caractère rugueux et dominateur, animé d’un désir brûlant de gagner, souvent décrit comme « intense », voire « incandescent », Clark compte autant de critiques que d’admirateurs dans les rangs de l’armée. Général quatre étoiles, il a mené la campagne alliée au Kosovo en 1999 à la tête d’une large coalition qui l’a laissé convaincu des vertus du multinationalisme. Soldat, il était déjà jugé « trop politique », n’hésitant pas à passer par-dessus ses supérieurs pour obtenir directement de la Maison-Blanche le feu vert à une intervention terrestre contre l’armée yougoslave. Il l’a payé lorsque le Pentagone a brutalement écourté de quatre mois son mandat à la tête de l’Otan.
Revenu à la vie civile depuis trois ans, après trente-quatre années sous l’uniforme, une blessure au Vietnam et les plus hautes décorations au revers de sa veste, Wesley Clark s’est surtout fait connaître des Américains grâce au petit écran : commentateur militaire sur plusieurs chaînes, il a fait sonner l’une des rares notes discordantes au milieu du consensus en dénonçant dès le départ l’aventure irakienne de George W. Bush. Non seulement l’Irak ne lui paraissait pas constituer une menace terroriste sérieuse, mais il a d’emblée mis en garde sur les risques de l’après-guerre et sur la nécessité d’y aller avec un plan élaboré. Cette démarche donne aujourd’hui tout son poids à sa candidature : face à lui, Bush « ne portera plus sa veste d’aviateur pendant la campagne », prédit Charles Rangel, élu de New York et figure influente de la communauté noire.
Ainsi, les atouts du candidat Clark se déclinent-ils surtout par rapport à ses rivaux. Major de l’académie militaire de West Point, passé par Oxford comme Bill Clinton, il affiche un curriculum vitae à faire pâlir les autres démocrates, y compris le vétéran du Vietnam, John Kerry. Venu du Sud des États-Unis, qui a envoyé à Washington les trois derniers présidents, il marche sur les plates-bandes des sénateurs de Floride, Bob Graham, et de Caroline du Nord, John Edwards. Porté par « la base », comme l’ancien gouverneur du Vermont Howard Dean, il risque de lui faire de l’ombre sur son terrain de prédilection, jusque-là déserté par la troupe des prétendants : l’opposition à la guerre et à l’occupation de l’Irak.
Mais le postulant quatre étoiles a aussi des faiblesses. Son entrée tardive dans la course risque de limiter sa capacité à lever des fonds, nerfs de la guerre dans toute campagne. Avec moins de 2 millions de dollars en poche, il ne peut rivaliser avec les ténors du parti, huit ou dix fois mieux dotés. Sans la moindre expérience politique, il se lance sur un terrain miné par les préoccupations quotidiennes très concrètes de l’électorat. Jusqu’ici, il s’est prudemment dit favorable à un maintien partiel des baisses d’impôt pour les revenus moyens et à une couverture médicale universelle de base. Mais ses propositions restent floues sur l’économie, terrain où se gagne généralement la présidentielle.
Wesley Clark souffre en outre d’un handicap presque incongru, dont il est difficile d’évaluer l’impact : il ne s’est déclaré « démocrate » que le 4 septembre, et avoue avoir voté jadis pour le républicain Ronald Reagan. Cela suffit à certains pour voir dans sa candidature un simple ballon d’essai. Si la « mayonnaise » ne prend pas auprès de la base du parti, son tour de piste l’aura placé en situation idéale pour être coopté par l’un de ses rivaux et postuler à la Maison-Blanche... comme vice-président.
Washington, de Philippe GélieIl a toujours visé haut et, cette fois, il vise le sommet : l’ex-général Wesley Clark, 58 ans, ancien commandant suprême des forces de l’Otan en Europe, est entré hier dans la course à la Maison-Blanche. Dernier de dix prétendants démocrates, nul ne sait encore s’il sera capable de bouleverser la donne ou s’il ne sera qu’une étoile filante. Mais un premier signe peut l’encourager : ses rivaux le prennent au sérieux.À quatre mois du début des primaires, il n’était que temps de se décider pour ce novice en politique : « Quand vous faites une reconversion pareille, vers quelque chose d’entièrement nouveau, vous devez être prudent, a-t-il expliqué, vous devez être sûr que c’est vraiment le bon choix. » Ce qui l’en a convaincu, c’est le soutien spontané de milliers...