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L’unique femme cosmonaute de Russie n’a jamais volé dans l’espace Nadejda Koujelnaïa, ou l’« Espoir » déçu…

Depuis plus de neuf ans, Nadejda Koujelnaïa, unique femme de l’équipe actuelle des cosmonautes russes, s’entraîne à la Cité des étoiles, dans l’attente désespérée d’un vol dans l’espace qu’elle n’effectuera peut-être jamais.
« Aujourd’hui pour la Russie, une femme dans l’espace, c’est plutôt l’exception », explique Nadejda. « Lors du dernier recrutement des cosmonautes (en mai) il y a eu des femmes candidates, mais elles n’ont pas été admises », dit-elle. Un paradoxe pour le pays qui a été le premier à envoyer une femme dans l’espace en 1963, vingt ans avant les États-Unis, et deux ans seulement après le vol historique de Iouri Gagarine. « C’est une question de mentalité : les hommes en Russie affirment vouloir protéger les femmes des travaux difficiles », mais c’est une fausse indulgence, « en réalité discriminatoire », estime cette jolie femme blonde, âgée de 40 ans. La preuve : « Beaucoup de femmes russes travaillent comme ouvriers des chemins de fer », ajoute-t-elle amèrement.
Pour Nadejda, mère d’une fillette de 4 ans, être cosmonaute « n’est pas plus dangereux que de conduire une voiture ». Passionnée d’aviation, elle adhère à 20 ans à un club aéronautique où elle apprend à piloter et à sauter en parachute. Le vol de la deuxième femme cosmonaute soviétique Svetlana Savitskaïa en 1982 l’impressionne tant qu’elle veut suivre ses traces. « Je l’enviais terriblement et je me suis dit : pourquoi pas moi ? » raconte Nadejda dont le prénom signifie en russe « Espoir ».
Après avoir terminé ses études à l’Institut d’aviation de Moscou, elle commence à travailler comme ingénieur à la société de construction spatiale Energuia. Elle apprend à maîtriser les avions Soukhoï et les Yakovlev, ce qui lui permet d’adhérer à un groupe de pilotage féminin. Elle réalise au total 30 sauts en parachute et accumule 500 heures de vol. Ce n’est qu’en 1994 qu’elle se décide à présenter sa candidature pour le détachement de cosmonautes. Trois ans plus tard, elle est choisie comme candidate pour une mission sur la Station spatiale internationale (ISS). Son premier vol spatial, en tant qu’ingénieur de bord, doit avoir lieu en avril 2001, mais, trois mois avant le lancement, elle apprend que sa place est prise : c’est le millionnaire américain Dennis Tito qui partira sur l’ISS en payant 20 millions de dollars. En octobre de la même année, Nadejda est la doublure de l’astronaute française Claudie Haigneré. D’habitude, les doublures partent dans l’espace pour la mission suivante. Mais en avril 2002, c’est le deuxième touriste de l’espace, le millionnaire sud-africain Mark Shuttleworth, qui prend place dans le vaisseau Soyouz.
« La plus dure épreuve pour moi c’était de regarder un vaisseau spatial décoller sans moi », dit-elle, alors que ses yeux verts se remplissent de larmes. « Le secteur spatial russe avait besoin d’argent, soupire-t-elle. Depuis, on ne m’a plus rien promis. Mon nom ne figure pas dans la liste des équipages des prochaines missions. » Le directeur de l’Agence aérospatiale russe, Iouri Koptev, a tué en février son dernier espoir. Après la catastrophe de la navette américaine Columbia, qui a emporté les vies de 7 astronautes, M. Koptev annonce que l’envoi des femmes cosmonautes sur l’ISS « ne sera pas pour bientôt ».
Nadejda, dont le modeste salaire d’ingénieur est la principale source de revenu de la famille et qui vit avec son mari retraité et sa fille dans un minuscule studio de la Cité des étoiles, près de Moscou, continue cependant ses entraînements « pour rester en forme ».
Trois femmes russes ont volé dans l’espace : la première Valentina Terechkova le 16 juin 1963, puis Svetlana Savitskaïa (1982 et 1984) et Elena Kondakova (en 1994-1995 sur Mir et en 1997 à bord d’une navette américaine).
Depuis plus de neuf ans, Nadejda Koujelnaïa, unique femme de l’équipe actuelle des cosmonautes russes, s’entraîne à la Cité des étoiles, dans l’attente désespérée d’un vol dans l’espace qu’elle n’effectuera peut-être jamais.« Aujourd’hui pour la Russie, une femme dans l’espace, c’est plutôt l’exception », explique Nadejda. « Lors du dernier recrutement des...