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DÉVELOPPEMENT - Les éleveurs de vaches demandent encore plus d’attention de l’État Des centres de stockage de lait pour les fermes de la Békaa et du Liban-Nord(PHOTOS)

Les travaux de construction de centres de stockage du lait au Liban-Nord ont démarré. Financés grâce à des prêts du Fonds international pour le développement agricole (Fida), de l’Opec et du Fonds arabe, ces projets se situent dans le cadre d’un plan du ministère de l’Agriculture pour généraliser l’expérience de création de centres de stockage du lait entamée dans la Békaa. Si les deux projets dans les régions de Abda et de Zghorta (dans le village de Kfarchakhna) sont sur le point d’être achevés, celui de la région de Wadi Khaled devrait démarrer incessamment.

Le président du service agricole du Nord, l’ingénieur Maan Jamal a estimé que la mise en place de ces centres se situe dans le cadre de la politique du ministère de l’Agriculture de soutien aux agriculteurs et éleveurs de vaches, en facilitant à ces derniers la distribution du lait et sa commercialisation.
Quant aux objectifs de ces centres, ils consistent à assurer un contrôle sanitaire sur la qualité du lait afin de le rendre apte à la fois à la consommation industrielle et celle des foyers, à commercialiser les quantités produites, à augmenter la production et à améliorer les conditions financières des éleveurs. Ce dernier objectif pourrait être atteint en fixant le prix annuel du lait, afin d’assurer aux éleveurs un revenu mensuel fixe.
M. Jamal a, par ailleurs, observé que ces centres seraient fournis en équipements modernes, de même qu’en réfrigérateurs pour conserver le lait, et en camions destinés à assurer le transport du lait à partir des fermes. Ce qui permettrait de mieux contrôler la qualité du lait et de le rendre conforme aux normes internationales.
Le président du service agricole du Nord a estimé que, dans une étape ultérieure, les centres assureraient des conseils aux agriculteurs et aux éleveurs, leur permettant ainsi d’augmenter et d’améliorer la qualité du lait produit, de marquer le bétail selon les normes internationales, de le vacciner et d’améliorer le fourrage destiné à son alimentation.
Et l’ingénieur de préciser que ces centres opéreront sous la direction et la supervision des experts du ministère de l’Agriculture.

Des doléances légitimes
De leur côté, les éleveurs espèrent que ces centres modernes leur garantiront des rentrées financières substantielles, leur permettant de développer le secteur de l’élevage bovin. Mais ils ont, par ailleurs, demandé au ministère de l’Agriculture de se pencher sur le problème des éleveurs et de leur apporter un soutien, en mettant à leur portée les techniques modernes d’élevage, notamment celles relatives à l’entretien du bétail, à son alimentation et à sa vaccination. Car ils estiment que le Akkar, région agricole par excellence, peut récolter des revenus non négligeables d’un élevage moderne, vu la mise en place dans la région de nombreuses laiteries et installations agricoles.
Quant à l’élevage des animaux laitiers, il occupe une place de taille dans le caza du Akkar. En effet, selon l’encyclopédie des ressources animalières de l’année 1986, le cheptel bovin du Akkar se chiffre à 12717 têtes, représentant 62,1% de l’ensemble du bétail au Liban, dont 5863 sont locales, 6327 sont racées et 554 sont importées.
Observant que la production de lait varie selon les régions, la même source précise que la région du Nord produit 43,1% de la production nationale de lait de vache, alors que le caza du Akkar produit 54,2% du lait de cette région et 23,3% de l’ensemble de la production de lait de vache du pays.
Quant au cheptel ovin et caprin du Akkar, il se chiffre à 33759 moutons et 29937 chèvres, représentant respectivement 56,7% et 33% des ovins et caprins du Nord et 10,5% et 6,1% du cheptel du pays.

Des prix qui découragent
le consommateur
Évoquant les obstacles qui empêchent le développement du secteur de l’élevage, un éleveur de bétail de la région du Akkar, Walid Mitri, déplore la hausse des coûts d’élevage des vaches, et par conséquent des coûts de production du lait, alors que le prix du lait distribué aux usines et sur le marché accuse une baisse sensible. Et M. Mitri de préciser à ce propos que les coûts d’alimentation des bêtes, représentant 70% des coûts globaux de production du lait, varient entre 250 et 300 LL par litre de lait. Ces coûts excluent les investissements, la main-d’œuvre, les frais d’électricité ainsi que les frais de traitement et de prévention. Quant au prix de vente brut du lait, au départ de la ferme, il varie entre 250 et 550 LL. «Certaines usines achètent le litre de lait aux agriculteurs à un prix variant entre 400 et 550 LL et le revendent au consommateur à 1500, voire 1800 LL, après sa pasteurisation et son remplissage, ce qui représente une augmentation de 300%», déplore-t-il, précisant que cette pratique a détourné les consommateurs du lait frais et les a poussés à consommer du lait en poudre, mettant les éleveurs en mauvaise posture financière. Et d’espérer que l’État subventionne ce secteur pour l’aider à se relever, notamment dans les campagnes et plus précisément dans la région du Akkar.
D’autres obstacles viennent s’ajouter au problème financier des éleveurs, notamment l’absence de label de qualité de la production agricole, vu le manque de contrôle sanitaire officiel, l’inexistence d’une politique d’information et de sensibilisation du consommateur, visant à soutenir le développement d’un tel secteur, et finalement l’absence de sources de crédit agricole qui aideraient l’essor du secteur.
«D’autant plus, poursuit Walid Mitri, que les techniques d’élevage et de production ne sont pas suffisamment développées, notamment au niveau de l’alimentation des bêtes et des méthodes de traite et de stockage qui demeurent encore primitives dans de nombreuses exploitations et plus spécifiquement les plus petites.» En baissant la qualité de la production, ces petits éleveurs empêchent ainsi son écoulement.
Et M. Mitri de déplorer, par ailleurs, la hausse des prix des prises en charge vétérinaires privées, qui constituent un obstacle supplémentaire empêchant le développement du secteur. Car, explique-t-il, dans le domaine vétérinaire, les autorités officielles brillent par leur absence. Ceci pousse de nombreux éleveurs à retarder le traitement de leurs bêtes, dont certaines finissent par mourir.
Les éleveurs sont convaincus que seule une subvention de l’État pourrait les aider à relever ce secteur qui émerge difficilement. Encore faudrait-il que le ministère de l’Agriculture prête l’oreille à leurs doléances.

Michel HALLAK
Les travaux de construction de centres de stockage du lait au Liban-Nord ont démarré. Financés grâce à des prêts du Fonds international pour le développement agricole (Fida), de l’Opec et du Fonds arabe, ces projets se situent dans le cadre d’un plan du ministère de l’Agriculture pour généraliser l’expérience de création de centres de stockage du lait entamée dans la Békaa. Si les deux projets dans les régions de Abda et de Zghorta (dans le village de Kfarchakhna) sont sur le point d’être achevés, celui de la région de Wadi Khaled devrait démarrer incessamment.Le président du service agricole du Nord, l’ingénieur Maan Jamal a estimé que la mise en place de ces centres se situe dans le cadre de la politique du ministère de l’Agriculture de soutien aux agriculteurs et éleveurs de vaches, en facilitant...