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VIENT DE PARAÎTRE - Larsa, une publication scientifique du bureau de l’Ifapo à Beyrouth Les résultats des fouilles françaises au Sud de l’Irak(photo)

Si certains scientifiques ont déployé des efforts pour sauver le patrimoine irakien suite au pillage du musée de Bagdad, d’autres avaient déjà entamé cette tâche des années plus tôt. La mission française qui avait effectué des fouilles à Larsa, site sumérien situé au sud de l’Irak, dans les années 80 a poursuivi l’étude du matériel malgré l’inaccessibilité au site. Les résultats de ces recherches viennent d’être publiés à la collection Bibliothèque archéologique et historique (BAH) de l’Institut français d’archéologie au Proche-Orient (Ifapo, bureau de Beyrouth). Larsa, travaux de 1987-1989 est un ouvrage collectif auquel ont participé plus de quinze auteurs, donnant tous les détails des fouilles. Architecture, céramique, objets de valeurs: ce livre scientifique renferme une partie des secrets de cette grande ville située au cœur même de la civilisation sumérienne en Basse-Mésopotamie. Les villes d’Ur – réputée pour sa ziggourat et ses tombes royales – et d’Ourouk – où est née l’écriture – se situent à une dizaine de kilomètres de Larsa. Celle-ci est moins connue que ces deux prestigieux sites, mais elle n’est toutefois pas moins importante. «Larsa et son voisinage ont été occupés de la préhistoire à l’époque hellénistique, explique le professeur Jean-Louis Huot. Les vestiges archéologiques recouvrent alors plus de six mille ans d’histoire. Cette ville a revêtu une importance particulière à l’époque de Hammourabi pour devenir même la capitale de la Mésopotamie. D’ailleurs, dans la chronologie de l’Irak, le Xe siècle avant J-C correspond à ce que les archéologues appellent l’époque de Larsa.» L’ouvrage en question expose les résultats des fouilles des deux maisons de l’époque Hammourabi et celles des habitations privées, des bâtiments des administrations publiques et du temple dédié au grand dieu Shamash. «Les fouilles de Larsa ont donné un nouvel éclairage sur la vie des habitants de la Basse-Mésopotamie, note M. Huot. Car sur les sites d’Ur et d’Ourouk, les palais et les temples constituaient les principales zones de fouilles. Juste un petit quartier de la ville était déterré. On croyait alors que ce type de petites maisons serrées était la règle. Or les fouilles de Larsa ont prouvé le contraire. Les demeures de grands commerçants de la ville s’étendaient sur plus de 500 m. Et les textes cunéiformes découverts dans leurs salles montrent que ces maisons étaient gérées d’une manière identique aux palais royaux.» Pillage intensif de Larsa Malheureusement, les fouilles sur le site de Larsa sont suspendues depuis l’invasion du Koweït et l’embargo qui a suivi. Le site était laissé sous la protection du gardien qui a été tué durant cette guerre. Profondément humain, M. Huot, dans son avant-propos, a rendu hommage à cet homme qui l’avait secondé pendant des années. «Mes collègues irakiens, souligne-t-il, me racontaient qu’il a été assassiné par les pilleurs qui s’acharnaient sur le site, mais après avoir rendu visite à sa famille, j’ai su qu’il a été tué dans une embuscade.» M. Huot affirme que le geste qui l’a le plus touché était celui de voir sa photo avec le gardien accrochée sur le mur de la maison à la place de la rituelle photo du président déchu Saddam Hussein. En 1998, M. Huot a visité le site de Larsa et ne l’a pas reconnu. «La maison de fouille était démolie, précise-t-il. Les trous creusés par les fouilleurs s’étalaient sur les lieux, à tel point que je n’ai pas reconnu le site. Il m’est évidemment impossible de dire quelle est l’ampleur des pertes. On ne sait jamais ce que renferme un sol archéologique», déplore -t-il. Certes, le pillage de Larsa constitue une perte pour le patrimoine de l’humanité, mais on peut voir dans la nouvelle publication de la BAH une lueur d’espoir. Comme si tout n’est pas perdu... J.F.
Si certains scientifiques ont déployé des efforts pour sauver le patrimoine irakien suite au pillage du musée de Bagdad, d’autres avaient déjà entamé cette tâche des années plus tôt. La mission française qui avait effectué des fouilles à Larsa, site sumérien situé au sud de l’Irak, dans les années 80 a poursuivi l’étude du matériel malgré l’inaccessibilité au site. Les...