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CORRESPONDANCE - Jack Shaheen en guerre contre Hollywood Ce vilipendeur des Arabes(photo)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Puissant et inébranlable Hollywood... Et pourtant, pourchassé, pourfendu et harcelé par un seul individu qui ne lui pardonne pas de déformer l’image des Arabes. Son nom, Jack Shaheen, né à Pittsburgh de parents libanais, professeur en communication à l’Université de l’Illinois, ancien consultant pour les affaires du Moyen-Orient près de la chaîne de télévision CBS et auteur de plusieurs ouvrages sur la catégorisation stéréotype du monde arabe. Son sang n’a fait qu’un tour en voyant comment, dans tous les films hollywoodiens, on affublait les criminels, les terroristes, les braqueurs, les truands et autres caractères crapuleux de la nationalité arabe. Alors comme David, Jack Shaheen n’a pas craint de s’attaquer sans répit au Goliath du septième art américain, ne laissant passer aucune occasion de dénoncer cette injustice. Manifestant son indignation par lettres aux producteurs et aux médias interposés après avoir constitué des dossiers en béton. Il vient de publier un livre à ce sujet qui en dit long sur ses recherches scrupuleuses et méticuleuses et sur cette passion qui l’anime pour défendre les victimes de la fantaisie discriminatoire et calomnieuse de l’industrie du cinéma. Il y a quelques jours, Jack Shaheen était invité par la fondation Mosaïque à parler de son expérience et de l’ouvrage qu’il vient donc de publier sous le titre : Les Arabes sur bobine : comment Hollywood dénigre un peuple. La causerie s’est déroulée dans l’auditorium de l’ambassade de Jordanie à Washington. Déjà le « Sheikh » avec Rudolph Valentino Un véritable réquisitoire que cette étude qui analyse plus de 900 films qui sont autant de chefs d’accusation. Cela va (par ordre alphabétique) de Abbot et Castello dans la légion étrangère à The Wind and the Lion en passant par Aladdin produit par Disney en 1992 ( dont certains dialogues ont été modifiés après intervention de Jack Shaheen), American Ninja, The American President, The Awakening, The English Patient, Raiders of the Lost Ark, The Siege, Son of Tarzan, Titanic. Et que dire d’Exodus? Cela remonte à bien plus loin que les Dix Commandements et que le 11 septembre, précise l’auteur qui évoque, déjà au temps du cinéma muet, le film The Sheikh avec Rudolph Valentino. Ici, l’héroïne ne répondra à l’amour du «sheikh» qu’en apprenant qu’il est, en fait, un comte de mère anglaise et de père espagnol, caché sous cette identité. Pas question pour elle de s’allier à un Arabe ! La discrimination sur grand écran a commencé par un goût pour l’exotisme puis s’est développée par l’emprise des producteurs juifs qui ont le monopole des réalisations cinématographiques. Ils sont les auteurs d’un film sur sept. Sans compter, souligne avec ironie Jack Shaheen, que « Washington et Hollywood ont en partage un même ADN ». Tous deux ignorent la réalité du monde arabe. Dans les films, les noms des pays sont souvent inexacts ou tout simplement inventés. Et lorsqu’elle est utilisée, la langue arabe devient un borborygme. Il explique aussi que d’autres groupes ethniques ont subi un tel sort. À commencer par les Indiens d’Amérique, toujours figés dans une image folklorique. Qu’est-ce qui a poussé Jack Shaheen à se faire l’avocat des communautés venues d’ailleurs, en particulier la communauté d’origine arabe à qui le cinéma dénie le melting pot ? « D’abord dans ma famille, répond-il, on privilégiait l’égalité de tous. Et à Pittsburgh, où je suis né et où j’ai grandi, la lutte des Noirs pour devenir citoyens à part entière a mis à vif mon sens de l’équité. Par ailleurs, le pouvoir tentaculaire de Hollywood (amplifié par le passage des films du grand au petit écran), aux États-Unis et partout dans le monde, peut être on ne peut plus dévastateur : pensez à la portée des erreurs et des préjudices qu’il véhicule ! Et qu’il répète. À ce sujet, je me réfère à un proverbe bien de chez nous : “Al tekrar bi allem al hmar ”, à savoir : à force de répétition, même l’âne se met à comprendre. Et, depuis des décennies, Hollywood matraque son public avec des images négatives et insidieuses sur le monde arabe... »
WASHINGTON-Irène MOSALLI Puissant et inébranlable Hollywood... Et pourtant, pourchassé, pourfendu et harcelé par un seul individu qui ne lui pardonne pas de déformer l’image des Arabes. Son nom, Jack Shaheen, né à Pittsburgh de parents libanais, professeur en communication à l’Université de l’Illinois, ancien consultant pour les affaires du Moyen-Orient près de la chaîne de...