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Les funérailles du reporter d’al-Jazira tué en Irak La colère éclate dans les rues de Amman(photo)

Amman - de Joanne FARCHAKH Une foule en deuil et en colère a traversé jeudi les rues de Amman. Le cercueil de Tarek Ayoub était déposé dans une voiture blanche, décorée de rubans. La foule suivait en hurlant : Tarek, Tarek... Reporter d’hier, martyr d’jeudi, Tarek Ayoub a enflammé la ville par sa mort. Selon un de ses collègues, sa mort est devenue le symbole de la « tyrannie impérialiste et du combat des musulmans dans ce XXIe siècle ». Ses funérailles ont en tout cas réuni dans une même salle les représentants du gouvernement et ceux de l’opposition. Mais jeudi, aucun discours politique n’a été prononcé alors qu’hier, les langues se déliaient. Certains politiciens avaient même enflammé les salons de condoléances en critiquant la politique du gouvernement face à la guerre, et en rappelant que tout le mal vient des États-Unis et d’Israël. D’ailleurs, pour cette foule, le « meurtre » de Tarek Ayoub est un acte prémédité. Ce reporter de la télévision arabe al-Jazira et correspondant du quotidien anglophone Jordan Times « a été tué car il disait la vérité ». Pour faire le deuil de Tarek, le Jordan Times est sorti hier en noir. Quatorze de ses seize pages lui étaient dédiées. Articles, condoléances, photos... tout est là. En feuilletant ce journal, on se demande toutefois si ce deuil ne cache pas un autre, et si la mort de Tarek ne rappelle pas d’autres. En fait, cet « assassinat » – selon les quotidiens jordaniens –, est identifié à celui du peuple palestinien. « Tarek couvrait les évènements dans la bande de Gaza. C’est un bon musulman qui croit profondément en la cause palestinienne. Il avait d’ailleurs l’habitude de distribuer des pâtisseries à chaque attentat suicide ayant causé la mort d’Israéliens. Il est mort comme tous les martyrs de la Palestine », affirme Walid, un Jordanien originaire de Ramallah, en pleurant Tarek à chaudes larmes. Les Irakiens : une grande déception À la tristesse de cette mort vient s’ajouter la déception. Les Jordaniens sont déçus de cette guerre. Ils sont déçus des Irakiens et se sentent trahis. « J’ai eu honte en regardant la télé, note Jihane, fonctionnaire d’État âgée de 25 ans. La semaine passée, j’ai pris le risque de participer à des manifestations (interdites en Jordanie depuis l’éclatement de la guerre) de soutien au peuple irakien. Et les voilà dans la rue applaudissant les Américains. Comment ont-ils pu nous faire cela ? », s’écrie-t-elle. Mohammed, lui, est encore plus dur dans ses jugements. « Ils ont bien mérité Saddam Hussein et maintenant ils méritent les Américains. Ces Irakiens dansent de joie dans les rue et pillent leurs propres institutions. C’est une honte. C’est une honte à la nation arabe », lance t-il dans un café populaire du vieux Amman en regardant les autres joueurs de cartes et « dégustateurs » de thé. Tous, réunis dans cette salle mal éclairée et enfumée, approuvent ses paroles en faisant un signe de tête. « Si seulement ils avaient combattu ! note le serveur en circulant entre les tables. Perdre une bataille est légitime, mais ne pas la mener est une... honte. » Honte, un mot qui se répète souvent dans les rues de Amman. Pour toute population, à grande majorité d’origine palestinienne, la guerre d’Irak est une autre bataille perdue. Maintenant, ils se sentent encerclés par leurs ennemis (Israéliens et Américains). Saddam n’était peut-être pas aimé, mais il symbolisait la lutte. Ali, un étudiant en droit à l’Université de Amman, explique, tout en ajustant ses petites lunettes noires et en se frottant la barbe : « Les images diffusées à la télé sont surréalistes. Je n’arrive pas à croire que Saddam Hussein, ce grand leader craint de tous, ait disparu en quelques jours. J’ai l’impression qu’il va ressurgir d’un tunnel ou d’un lieu caché. Ce n’est pas juste. Lui qui a toujours voulu libérer Jérusalem est maintenant à l’abri quelque part alors que sa propre capitale est occupée. »
Amman - de Joanne FARCHAKH Une foule en deuil et en colère a traversé jeudi les rues de Amman. Le cercueil de Tarek Ayoub était déposé dans une voiture blanche, décorée de rubans. La foule suivait en hurlant : Tarek, Tarek... Reporter d’hier, martyr d’jeudi, Tarek Ayoub a enflammé la ville par sa mort. Selon un de ses collègues, sa mort est devenue le symbole de la « tyrannie...