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Les films à la télé De quoi satisfaire les amateurs(photos)
Par PLISSON Alain, le 22 février 2003 à 00h00
Vous aimez le cinéma? Tant mieux. Cette semaine vous apportera des motifs de satisfaction. Car si vous aimez le cinéma, vous aimerez «Ed Wood», magnifique hommage rendu – en noir et blanc de surcroît – par Tim Burton à celui qui fut le plus mauvais réalisateur de l’histoire du cinéma. Avec, en prime, Martin Landau incarnant un Bela Lugosi plus vrai que nature et même Orson Welles... Vous aimerez l’intelligence avec laquelle John Ford, en pleine guerre du Pacifique, est allé tourner «They Were Expendable» à bord d’un torpilleur américain avec Robert Montgomery, en commandant plus vrai que nature puisqu’il en était un... Vous découvrirez que Michael Crichton, l’auteur de nombreux best-sellers dont «Jurassic Park» (voir notre encadré!), est aussi un cinéaste à ses heures perdues (?) et qu’il nous gratifia notamment d’un étonnant film de fiction, intitulé «Westworld». Enfin un solide film de «conspiration» avec un Tony Scott en forme qui démontre, avec «Enemy of The State», que nul n’est à l’abri de tout soupçon... surtout pas les politiciens! Il faut vraiment aimer le cinéma comme Tim Burton pour oser faire un film comme Ed Wood, qui illustre la vie du plus mauvais cinéaste de l’histoire du cinéma! Edouard Davis Wood Jr., né en 1924 dans une bourgade de l’État de New York, adore le cinéma, surtout les films d’horreur, et voue un culte à Bela Lugosi. À la fin des années quarante, après l’armée et un passage désastreux au théâtre, il décide de se lancer dans le cinéma. En marge des studios, sans argent mais avec un enthousiasme formidable, il parvient à constituer une équipe et à tourner en quatre jours des films de série B ahurissants de naïveté, avec une tendance pour le morbide et le grandiloquent. Il joue dans Glen or Glenda, son premier long métrage, où il met en scène son goût pour le travestissement et les pulls angora. Il donne alors un rôle à son idole, Bela Lugosi, star oubliée, rongée par la morphine. Celui-ci jouera aussi dans Bride of The Monster, financé par un boucher en gros, et dans Plan 9 From Outer Space, mais il décède au début du tournage. Ed Wood continue sa carrière approximative et meurt dans la misère à 54 ans. Il n’a connu que des échecs et a été sacré le plus mauvais cinéaste de tous les temps. Et pourtant, il tournait. L’affectueux hommage de Tim Burton, cinéaste à succès, à un aîné moins chanceux, brillamment incarné par Johnny Depp. Ce film, respirant un amour sincère et vibrant du cinéma, est aussi un émouvant éloge de la différence. Diffusion samedi à 01h00 sur Future TV Cinéma musclé, à l’image de son interprète, ainsi se présente Demolition Man avec Sylvester Stallone. En 2032, la paix règne à Los Angeles, Californie. Sous le gouvernement du docteur Cocteau, la violence a disparu. C’est alors qu’un criminel psychopathe des années 90 s’évade du cryo-pénitencier. Phoenix (un numéro insensé de Wesley Snipes) échappe facilement aux policiers qui ne savent plus combattre un tel fauve. Seule solution: ramener à la vie un superflic de son époque, lui aussi cryogénisé à la suite d’une bavure... Sylvester Stallone s’amuse énormément à incarner ce Demolition Man, décalé, dans un futur surprenant (pas de champs de ruines, un «paradis» ambigu), qui joue la carte de la drôlerie: les jurons interdits sanctionnés d’une amende immédiate, l’écœurante nourriture de fast-food écolo, les relations sexuelles sans se toucher, etc. Le sommet, c’est la tête de Stallone quand il apprend que Schwarzenegger a été élu président comme Reagan! Mais c’est aussi du grand spectacle de science-fiction, signé Marco Brambilla, petit génie italien de la pub. Diffusion lundi à 20h35 sur LBCI They Were Expendable est certainement un des meilleurs (et aussi un des plus méconnus) des films sur la guerre dans le Pacifique. Le film porte une signature prestigieuse, celle de John Ford et ce dernier a signé là un film néoréaliste, avant même l’utilisation de ce mot au cinéma. Car pour décrire la vie des marins, à bord d’un torpilleur, John Ford obtint la permission de déplacer ses caméras à bord d’un véritable navire et non pas dans une reconstitution en studio. Et, pour accentuer le réalisme de l’ensemble, John Ford donna le rôle principal du commandant du navire à l’auteur Robert Montgomery qui, justement, était engagé comme officier dans la marine. On retrouvera, bien entendu, John Wayne, acteur fétiche de John Ford. Seul le général MacArthur refusa de jouer son propre personnage et fut remplacé par un comédien (Robert Barrat). Aujourd’hui encore, cette authenticité est payante et le film a une véritable aura. Même s’il sacrifie aux impératifs hollywoodiens en incorporant une idylle entre John Wayne et une nurse incarnée par Donna Reed, John Ford le fait avec discrétion et pudeur. Un grand film! Diffusion lundi à minuit sur LBCI Encore une histoire de cambriolage qui tourne mal: c’est là le thème de Crooks and Coronets tourné en Angleterre par Jim O’Connolly, avec des acteurs anglais et américains. Les Américains, dans ce cas précis, sont les malfaiteurs dont il est question dans le titre. Leur but est de dépouiller une riche et vieille douairière, incarnée par la grande actrice anglaise Dame Edith Evans, dont la demeure est un véritable musée. Pour parvenir à leurs fins, les malfaiteurs, Telly Savalas, Warren Oates et Cesar Romero, réussissent à se faire engager dans le personnel de la demeure mais, finalement, au contact de leur victime, ils décident de renoncer à leurs mauvaises intentions... Cela se veut être une comédie, mais rien dans la mise en scène ou dans le scénario de Jim O’Connolly ne parvient à susciter quelque intérêt que ce soit, sinon la présence de Dame Edith Evans qui nous gratifie de son magnifique talent. Diffusion mardi à 01h00 sur Future TV Peu de films ont abordé le problème de la robotisation dans le futur avec autant d’intelligence que Westworld de Michael Crichton, auteur à succès, réalisateur de ce scénario dont il fut l’auteur. Delos est un camp de vacances de grand luxe. Pour mille dollars par jour, ceux qui s’y rendent peuvent, selon leur goût, se retrouver soit dans la Rome antique, soit au Moyen Âge, soit enfin au Far West. Des robots perfectionnés figurent les habitants de ces trois époques. John Blane et Peter Martin, deux hommes d’affaires de Chicago, arrivent à Delos pour y retrouver le Far West de leurs ancêtres. Martin affronte et tue un robot vêtu de noir. Il apprend qu’un mécanisme de sécurité empêche les visiteurs de Delos d’être tués par les robots. Les visiteurs peuvent donc en toute tranquillité se mesurer à eux... Le point de départ du film est une idée de génie. Imaginez ce centre d’attraction exceptionnel qu’est le camp de Delos avec ses trois époques, Rome, le Moyen Âge et le Far West, et ses robots qui se battent pour le plaisir des visiteurs. Dans cet univers où l’électronique règne en permanence, chacun des visiteurs peut se livrer à ses fantasmes, et Peter Martin se plaît à faire feu sur le robot westernien auquel il s’oppose selon son plaisir avec l’impunité d’un homme qui aurait un permis de tuer. Mais tout ne fonctionne pas aussi bien qu’on le pense à Delos et l’hypertechnicité des robots va soudain se retourner contre leurs créateurs et leurs visiteurs de luxe. Auteur du sujet, Michael Crichton a assuré lui-même la réalisation du film. Le cinéma fantastique contemporain produit rarement des films aussi originaux que Mondwest. La performance de Yul Brynner en robot indestructible est remarquable. Diffusion jeudi à minuit sur LBCI Enemy of The State de Tony Scott est un film qui mérite votre intérêt à plus d’un titre. Au-delà d’une réalisation brillante et d’une distribution hors pair, il fait partie d’une série de produits hollywoodiens qui ne manquent pas d’audace: sous-entendre que les gouvernants ne sont pas à l’abri de tout soupçon. Fugitif high-tech. Plus de boulot, plus de maison, plus d’argent. Du jour au lendemain, la vie d’un avocat de Washington est réduite en poussière parce qu’il est entré à son insu en possession de documents compromettant le chef du plus puissant service de sûreté du gouvernement. Et celui-ci est prêt à mettre en œuvre tous les extraordinaires moyens dont il dispose pour les récupérer: satellites-espions, caméras de surveillance, micros cachés et tueurs en costards... Big Brother vous enregistre. La nouvelle collaboration de Tony Scott avec le producteur Jerry Bruckheimer (Armageddon) est un thriller sur la société sous surveillance où quelqu’un d’un tant soit peu équipé a accès aux détails les plus intimes de la vie de n’importe qui. Délire paranoïaque? Après une heure de film, Gene Hackman entre en scène avec une autorité d’acier pour relancer l’action qui, justement, s’endormait un peu. Son personnage d’ancien espion spécialiste de la surveillance est un clin d’œil appuyé à celui qu’il jouait dans Conversation secrète, de Coppola, et, au-delà, à tous les grands films de conspiration des années 70, genre de nouveau très à la mode. Tony Scott, très en forme, le traite en film de poursuites, rythmé par des scènes d’actions avec moult exploits de cascadeurs (53 sont crédités au générique) et effets pyrotechniques. Il s’amuse aussi beaucoup avec la panoplie de gadgets sophistiqués que le scénario, assez linéaire par ailleurs, met à sa disposition. Mais c’est Will Smith, entouré d’une longue brochette d’acteurs dans les seconds rôles (Lisa Bonet, Gabriel Byrne, Jason Lee, Ian Hart, Jake Busey, Barry Pepper, Tom Sizemore, James Legros...), qui emporte le bout de gras. Son charisme charismatique compense les quelques longueurs du film. À l’aise dans tous les registres, il apporte énormément à son personnage d’innocent poursuivi et confirme, après Bad Boys, Independance Day, Men in Black, sa place parmi les comédiens «chauds». Diffusion jeudi à 20h30 sur Future TV Londres et la Riviera française servent de toile de fond à Kaleidoscope, un film policier divertissant, réalisé par Jack Smight. Warren Beatty, séduisant, élégant et malhonnête, a conçu un plan machiavélique pour faire fortune dans les casinos. Il pénètre dans une usine européenne où l’on fabrique des cartes à jouer, réussit à les marquer de signes distinctifs et, là-dessus, il se met à fréquenter tous les casinos où les cartes ont été distribuées. De cette façon, il est sûr de gagner à tous les coups et c’est ce qui lui arrive jusqu’au moment où il se trouve pris à son propre piège: il est contraint, pour ne pas aller en prison (son stratagème ayant été éventé!), de livrer une partie décisive avec un trafiquant notoire de drogue, recherché par la police... Tout cela est raconté d’une manière plaisante sans jamais se prendre au sérieux. Le charme de Warren Beatty s’exerce ici sur la belle Anglaise Susannah york qui s’avère être la fille d’un inspecteur de Scotland Yard interprété par Clive Revill. Et dans un petit rôle, Jane Birkin. Diffusion jeudi à minuit sur Future TV Le Tick... tick... tick! indique bien le bruit d’une bombe prête à exploser, le détonateur ayant été mis en marche. C’est justement ce qui se passait dans ce film de Ralph Nelson, qui avait signé quelques films policiers intéressants avant celui-ci. Il se trouvait donc en terrain familier pour expliquer la situation du maire d’une petite ville du Sud (brillamment interprété par Fredric March, un des plus grand acteurs de sa génération et qui avait 72 ans lorsqu’il joua ce film!) lorsque le shériff (George Kennedy) se voit remplacé par un nouveau shériff (Jim Brown). Or comme ce dernier est noir, vous pouvez présumer de la suite des événements avec une forte poussée du racisme latent. James Lee Barrett fut l’auteur d’un scénario dont les rebondissements entretiennent la tension jusqu’à la conclusion. Diffusion vendredi à minuit sur LBCI Vous cherchez un divertissement sans prétention? Nothing to Loose, de Steve Oedekerk, répondra à votre attente. Et Martin Lawrence, généralement imbuvable, prouve qu’il lui faut un metteur en scène pour le diriger, comme ici. Nick Beam a tout pour être heureux: un job passionnant dans une agence de publicité et une femme ravissante. Mais ce soir-là, alors qu’il rentre à l’improviste chez lui, il distingue dans la pénombre Phillip Barrow, son patron, dans les bras de son épouse. Abasourdi, il fuit au volant de sa jeep. Et comme un malheur ne vient jamais seul, il voit surgir, au premier feu, un individu armé bien décidé à le dépouiller de son portefeuille. Trop excédé pour avoir peur, Nick se débarrasse de l’objet convoité, enlève son agresseur, médusé, et enfonce l’accélérateur pour une folle virée qui les conduit en plein désert. Sans papiers ni argent, Nick sait qu’il doit désormais faire équipe avec T. Paul, son «otage». Celui-ci ne tarde pas à lui souffler l’idée de se venger de Barrow. Ce projet va entraîner les deux hommes dans de rocambolesques aventures. Le sempiternel duo contrasté qui finit par s’accorder devant l’adversité. Bref, rien de bien neuf dans cette gentille fable, si ce n’est le rôle, plus comique qu’à l’ordinaire, dévolu à Tim Robbins en pataud débonnaire. Diffusion vendredi à minuit sur Future TV dossier Michael Crichton («Westworld»): le Jules Verne de Hollywood Son premier roman, The Andromeda Strain, eut un tel succès qu’en 1971, il était adapté au cinéma par Robert Wise. Deux ans plus tard, il devenait réalisateur d’un de ses scénarios, Mondwest, avec Yul Brynner (à l’affiche télé cette semaine). Il n’en est pas resté là et a mis en scène Coma. Puis, c’est donc The Great Train Robbery avec Sean Connery. Il a aussi réalisé Runaway, avec Tom Selleck. Lui-même médecin de formation, Michael n’a pas son pareil pour imaginer des théories scientifiques et les rendre crédibles. Comme Jurassic Park, qui lui a demandé sept ans de travail. Le roman s’étant vendu à trois millions d’exemplaires aux États-Unis, et en cédant ses droits et en signant l’adaptation avec Spielberg, il a déjà gagné 3700000 dollars (de 22 millions de francs) et ce n’est pas fini avec le triomphe international du film et les deux suites qu’il a connues. Aujourd’hui Michael Crichton trône sur une montagne de plus de 300 millions de dollars grâce à Jurassic Park, Le Monde perdu, Sphere ou encore Turbulences. En tout, huit thrillers publiés sous le pseudonyme de John Lange, un livre sous celui de Hudson et onze romans signés de son vrai nom. Il fait concurrence à Jules Verne, avec plus de 100 millions d’exemplaires vendus à travers le monde.
Vous aimez le cinéma? Tant mieux. Cette semaine vous apportera des motifs de satisfaction. Car si vous aimez le cinéma, vous aimerez «Ed Wood», magnifique hommage rendu – en noir et blanc de surcroît – par Tim Burton à celui qui fut le plus mauvais réalisateur de l’histoire du cinéma. Avec, en prime, Martin Landau incarnant un Bela Lugosi plus vrai que nature et même Orson Welles... Vous aimerez l’intelligence avec laquelle John Ford, en pleine guerre du Pacifique, est allé tourner «They Were Expendable» à bord d’un torpilleur américain avec Robert Montgomery, en commandant plus vrai que nature puisqu’il en était un... Vous découvrirez que Michael Crichton, l’auteur de nombreux best-sellers dont «Jurassic Park» (voir notre encadré!), est aussi un cinéaste à ses heures perdues (?) et qu’il nous...