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Les capacités illimitées de la mémoire(photos)
Par GEBEYLI Claire, le 13 février 2003 à 00h00
On a beau savoir que la mémoire s’exerce et s’améliore à tout âge, les oublis, même mineurs, paniquent bon nombre d’entre nous. Surtout depuis qu’on sait qu’ils constituent un des premiers signaux d’alarme dans le grand fléau des temps modernes: la maladie d’Alzheimer... Complexe, exigeante, détentrice de capacités à limites très larges, cette fonction constitue une des plus importantes activités cérébrales. Son affaiblissement signifie un handicap majeur et sa perte une grave infirmité. Heureusement, sauf dans certains cas pathologiques graves, la mémoire se cultive et s’améliore à tout âge. Les spécialistes sont formels: la mémoire est plus efficace à 60 ou à 70 ans qu’à 30 ans! En dehors, certes, des états pathologiques, tels que la maladie d’Alzheimer ou l’amnésie, il est possible à tout âge d’accumuler des souvenirs neufs. Ce qui paraît assez extraordinaire quand on pense que nous perdons des milliers de neurones quotidiennement. Compte tenu du fait que le cerveau humain compte une centaine de milliers de ces cellules nerveuses, la réserve est suffisante pour couvrir amplement la durée d’une vie humaine. À condition toutefois de l’exercer pour entretenir son acuité... Car bien plus important que le nombre des neurones est celui des connexions établies entre eux. Plus les neurones sont sollicités, stimulés, confrontés à de nouvelles notions (informations), plus les chemins pour retrouver une information se dégagent et se multiplient. C’est là, dans ce réseau fabuleux, où l’intelligence trouve son nid. L’accumulation de données-souvenirs permet la confrontation et l’adaptation à des situations diverses, voire de les anticiper même. Nées avec la mémoire, les expériences passées s’entretiennent et s’étendent tout au long d’une vie par d’innombrables stimulations. Le tout accompagné du plaisir d’exercer les réseaux neuronaux et de profiter et jouir de cette expérience. Cadeau suprême, la mémoire entretenue, donc exercée, ne cesse de s’améliorer à condition, certes, de préserver et de maintenir la santé du grand maître: le cerveau... Une bonne mémoire constitue un atout majeur dans l’apprentissage scolaire. Un fait qui ne doit pas échapper aux parents, car cette aptitude est également liée à l’alimentation et l’hygiène de vie (sommeil, état de santé, lecture, initiation aux notions). Les cinq niveaux de l’archivage des souvenirs La mémoire immédiate. Dépendante de l’hippocampe, la mémoire «immédiate» permet de fixer des informations: cinq à neuf, selon les individus, en une fraction de seconde, le temps de faire le tri entre ce qui sera conservé dans la mémoire à long terme et le reste. La mémoire immédiate («implicite», selon la qualification scientifique) ne vise pas la récupération consciente du souvenir. La mémoire procédurale dépend du cerveau et des noyaux gris centraux. Elle gouverne les automatismes, les habitudes et fonctionne même chez les sujets atteints d’amnésie. Indestructible, elle est implicite. La mémoire épisodique dépend de l’hippocampe et des régions cérébrales postérieures et frontales. Elle est aussi appelée autobiographique car elle conserve à long terme les épisodes vécus par le sujet ainsi que des souvenirs de son enfance. La mémoire de travail relève du cortex préfrontal. Mémoire à court terme, elle conserve durant une brève période des informations facilement accessibles, utiles à une activité donnée (liste des achats, horaires d’arrivées ou de départs, message à transmettre, etc.). Elle sert à organiser, planifier ou adapter les comportements de ce qu’on perçoit et aux diverses tâches à effectuer dans la vie quotidienne. Il s’agit d’une mémoire explicite, ce qui signifie une récupération consciente des souvenirs. La mémoire sémantique est dépendante de tout le cortex. À long terme, cette mémoire explicite garde les notions acquises, c’est-à-dire le savoir intellectuel et les connaissances générales, l’habileté d’expression verbale, motrice et cognitive. Elle sert à élaborer et définir la personnalité du sujet. À savoir Les souvenirs sont gérés par ces cinq mémoires, gérées, à leur tour, par de vastes réseaux neuronaux dont les nœuds sont localisés dans les zones des mémoires citées (l’hippocampe, le cerveau et les noyaux gris centraux, le cortex préfrontal, les régions frontales et postérieures, le cortex). Les souvenirs ne sont pas localisés dans une région spéciale du cerveau. Les mémoires, toutefois, qui les gèrent dépendent de vastes réseaux neuronaux dont les nœuds sont localisés dans les zones citées ci-haut. Courrier des lecteurs Précisions sur le Botox À la suite de notre article «Botox dangereux» paru dans notre rubrique du 27 novembre 2002, nous publions certaines précisions concernant cette méthode susceptibles de mieux éclairer le public à ce propos, dues au Dr Joyce Azar, dermatologue, spécialiste en toxine botulinique. Dans l’impossibilité de reproduire in extenso le commentaire de cette spécialiste, nous reproduisons certains passages susceptibles de mieux éclairer le public sur ce sujet de grande actualité. La toxine botulinique A est une puissante neurotoxine avec de multiples usages pharmaceutiques dans différentes spécialités et dans plus de cinquante indications. En cosmétologie, sa mise sur le marché, après une autorisation de la Food and Drug Administration (FAD) obtenue en 2002, a enregistré une augmentation de l’ordre de 1500% au cours des quatre dernières années. Des traitements à la toxine botulinique étaient réalisés parfois au cours de réunions sociales (Botox Parties) au mépris de la rigueur et des précautions exigées par un tel acte. Peu après son autorisation à des fins esthétiques, l’American Academy of Dermatology (AAD) a découragé tout traitement par toxine botulinique pratiqué hors du cadre strictement médical. La toxine botulinique A est en effet une puissante neurotoxine, connaissant de multiples usages pharmaceutiques appliqués dans différentes indications. Son autorisation d’application dans le domaine de la cosmétique par la Food and Drug Administration des États-Unis a été accordée en 2002 pour le traitement des rides (réduction) faciales dynamiques de l’expression. Rapidement, en effet, le traitement par la toxine botulinique a connu un essor international, d’autant plus qu’il s’était avéré dépourvu d’effets secondaires à court ou à long terme. La toxine botulinique A, avec un recul de plus de quinze ans pour certaines indications et une application à des milliers de personnes de différents groupes d’âge, s’est avérée libre de tout effet secondaire notable. Les études publiées au cours de ces dernières dix années consacrées à la toxine botulinique, strictement contrôlées par des autorités scientifiques, ne révèlent aucun effet secondaire à court ou à long terme. La très sourcilleuse FDA des États-Unis n’aurait d’ailleurs jamais accordé une licence à un médicament utilisé à des fins cosmétiques ou autres si toutes les conditions de son innocuité absolue («safety») n’étaient pas remplies. La seule condition de l’utilisation optimale de ce traitement serait d’être appliqué par un médecin spécialiste en mesure d’assurer son indication. Ce qui est d’ailleurs une considération de base indispensable pour tout geste concernant la santé et l’intégrité physique de tout individu. L’Académie française présidée par le Pr Baulieu Le Pr Étienne-Émile Baulieu, biochimiste, chercheur et médecin, vient d’être nommé président de l’Académie des sciences de France. De notoriété internationale, le Pr Baulieu a contribué à la mise au point de la pilule RU486 (dite «pilule abortive») ainsi qu’à la découverte de la molécule DHEA aux effets antivieillissement. Tout jeune, il découvre, en 1959, la DHEA, une nouvelle hormone dont on découvrira plus tard les extraordinaires applications médicales. Sa découverte l’introduit rapidement dans les hautes sphères de l’endocrinologie internationale américaine. Mais c’est beaucoup plus tard que Baulieu se mettra à l’étude des multiples exploitations potentielles de sa découverte sur le plan thérapeutique et pharmacologique. À Boston, aux États-Unis, sa découverte lui ouvre rapidement les portes du monde de l’endocrinologie internationale et suscite l’intérêt des cercles scientifiques et industriels américains. Mais elle ne sera exploitée que trente ans plus tard! À Boston, c’est le père de la pilule contraceptive, Gregory Pineus, qui orientera son intérêt et sa carrière vers la contraception, l’initiant à de nouvelles techniques d’exploration dans l’étude des hormones. De retour en France, Étienne-Émile Baulieu introduit, via son laboratoire à l’Inserm, de nouveaux procédés d’explorations biochimiques. Ses travaux dans ce domaine lui permettent de découvrir d’abord des récepteurs aux hormones sexuelles puis, en 1980, la célèbre pilule «abortive» RU486. Ce produit qui a suscité des controverses et des débats houleux permettait de réaliser des avortements «médicamenteux», en provoquant l’interruption de la gestation, sans agresser l’utérus, par une prise de comprimé par voie orale. Une simple prise évitant l’épreuve d’une interruption de grossesse par voie chirurgicale. Cette découverte banalisait, en fait, un acte difficilement acceptable par la morale et la société, et très douloureux psychologiquement pour les femmes. On devine facilement les remous et l’agitation hostiles suscités par cette découverte d’interruption de grossesse «sans agression», privant cet acte d’un de ses effets dissuasifs majeurs. À présent, la RU486 est vendue dans de nombreux pays. À signaler à ce propos: dans les pays à statistiques fiables, on n’enregistre pas jusqu’à présent de regain ou d’augmentation notable d’avortements malgré l’avènement de la RU486. Retour à la DHEA Vers la fin des années 90, l’affaire de la RU486 cesse d’occuper l’actualité, alimentant débats et controverses. C’est alors que le Pr Baulieu relance les recherches sur l’hormone DHEA qui combat le vieillissement. À la suite de la publication d’un article, portant la signature du Pr Baulieu et de Françoise Forette, spécialiste de la maladie d’Alzheimer, publié dans la revue de l’Académie des sciences des États-Unis, illustrant les résultats très positifs de la prise de la DHEA (amélioration de la libido, de l’état de la peau et des os) chez les femmes de plus de 70 ans, une opposition très nette se manifeste dénonçant «une mystification» voire «une escroquerie de la pilule antiâge». Selon le professeur Forette, il faudrait, quant à la DHEA, avoir une évaluation à plus long terme, pendant cinq à dix ans, afin de définir les éventuels bénéfices et risques. «Mais aujourd’hui personne ne veut s’y investir», conclut le Pr Françoise Forette. Ce qui n’empêche nullement le Pr Baulieu de poursuivre ses recherches et ses travaux d’avant-garde. Un animal comme aide-soignant Depuis le milieu du XXe siècle, la contribution de l’animal domestique au moral, mais parfois aussi au traitement de certains malades a été reconnue par les hommes de science. Les résultats s’avèrent aujourd’hui étonnants. Déjà, certains animaux sont employés au cours de traitements éprouvants, pour tempérer le stress par leur action psychologique sur le malade, lui faisant mieux accepter certains traitements particulièrement éprouvants. Aujourd’hui, la science va plus loin que la reconnaissance de l’effet relaxant de cette relation. L’animal peut, en effet, dans certains cas, se transformer en précieux auxiliaire thérapeutique, aidant le malade à accepter des traitements parfois très éprouvants tout en freinant le stress. Mieux encore, l’animal peut même participer aux soins de son patron et à sa rééducation. Cette «participation» s’avère très bénéfique dans différents domaines: maladies coronariennes, autisme, handicap, rééducation, infirmités diverses. Des études sont poursuivies, à l’heure actuelle, pour évaluer avec précision l’efficacité de cette nouvelle méthode thérapeutique. Dans les cas de cancer, selon une étude dont le début remonte à 1993, les malades en phase terminale, auxquels ont été confiés des animaux de compagnie, ont pu réduire, en quelques jours, leur consommation en médicaments psychotropes de 63% et, pour certains d’entre eux, de 73%. Des études supplémentaires, à ce propos, ont révélé que la contemplation d’un aquarium reduirait la pression sanguine et le rythme cardiaque. Et cela autant chez les sujets hypertendus que chez les non-cardiaques. D’autres études ont mis en évidence le fait que la contemplation d’un aquarium allège l’angoisse et la tension nerveuse des patients.
On a beau savoir que la mémoire s’exerce et s’améliore à tout âge, les oublis, même mineurs, paniquent bon nombre d’entre nous. Surtout depuis qu’on sait qu’ils constituent un des premiers signaux d’alarme dans le grand fléau des temps modernes: la maladie d’Alzheimer... Complexe, exigeante, détentrice de capacités à limites très larges, cette fonction constitue une des plus importantes activités cérébrales. Son affaiblissement signifie un handicap majeur et sa perte une grave infirmité. Heureusement, sauf dans certains cas pathologiques graves, la mémoire se cultive et s’améliore à tout âge. Les spécialistes sont formels: la mémoire est plus efficace à 60 ou à 70 ans qu’à 30 ans! En dehors, certes, des états pathologiques, tels que la maladie d’Alzheimer ou l’amnésie, il est possible à...