Jérusalem - Visite très controversée d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des mosquées Violents incidents entre israéliens et palestiniens (photo)

Une visite contestée du chef de la droite israélienne, Ariel Sharon, sur l’Esplanade des mosquées à Jérusalem a déclenché hier jeudi de violents heurts entre manifestants palestiniens et forces de sécurité israéliennes à Jérusalem et en Cisjordanie, qui ont fait de nombreux blessés. Ces heurts se sont produits alors qu’un soldat israélien succombait à ses blessures après avoir été victime la veille (mercredi) d’un attentat à l’explosif contre un convoi de colons juifs circulant dans la bande de Gaza. «Nous attendons de l’Autorité palestinienne qu’elle arrête et punisse les auteurs de ce très grave attentat qui a visé des civils et nos forces», a aussitôt déclaré le Premier ministre Ehud Barak à la suite de ce décès. Le chef des renseignements militaires, le général Amos Malka, a pour sa part mis en cause le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) qui est l’auteur de la plupart des attaques anti-israéliennes depuis six ans. «Le Hamas cherche constamment à nous frapper. Le plus souvent, il n’y parvient pas, cette fois il a réussi», a déclaré le général à la radio publique, mettant une nouvelle fois en garde contre des «tentatives d’enlèvements de militaires israéliens». Les incidents les plus spectaculaires ont eu lieu dans la matinée sur l’Esplanade des mosquées, dans la Vieille ville de Jérusalem, à l’occasion de la visite du chef du Likoud (principal parti de l’opposition de droite), Ariel Sharon. Selon un mouvement palestinien de défense des droits de l’homme, LAW, 24 Palestiniens ont été blessés, dont quatre par des balles caoutchoutées tirées par la police, les autres ayant été frappés. En outre, 25 policiers ont été atteints par des jets de pierre, dont l’un a dû être hospitalisé, selon des sources policières. Plusieurs centaines de jeunes Palestiniens s’étaient rassemblés très tôt pour manifester contre la visite au troisième Lieu saint de l’islam de M. Sharon, qui était accompagné de plusieurs députés de sa formation. Les incidents ont éclaté après qu’il eut quitté le complexe, lorsque les Palestiniens massés sur l’Esplanade – qui abrite la mosquée al-Aqsa et le dôme du Rocher – ont lancé des pierres sur les forces de sécurité, qui ont répliqué en tirant des balles caoutchoutées. Quelques heures plus tard, cinq autres manifestants palestiniens étaient blessés par des balles caoutchoutées à la lisière de la ville palestinienne autonome d’el-Bireh, limitrophe de Ramallah (nord de Jérusalem). Les militaires ont tiré pour disperser environ 300 jeunes qui leur lançaient des pierres et des bouteilles. Cette flambée de violence atteste des obstacles considérables que doivent surmonter Israéliens et Palestiniens pour conclure un accord de paix. Le président palestinien Yasser Arafat a condamné la visite de M. Sharon sur l’Esplanade, la qualifiant de «démarche dangereuse portant atteinte aux Lieux saints de l’islam». Le Conseil législatif palestinien (Parlement) a, quant à lui, accusé le gouvernement israélien de «complicité» pour avoir assuré la sécurité de M. Sharon. Cependant, le ministre israélien de l’Intérieur par intérim, Haim Ramon, a accusé lui aussi M. Sharon d’avoir causé les incidents. «Ariel Sharon ne s’est pas rendu pour une visite pieuse mais pour manifester. Sa manifestation a entraîné une contre-manifestation et il est responsable si ce lieu saint s’est transformé en champ de bataille», a déclaré à la télévision le ministre chargé du dossier de Jérusalem. M. Sharon a rejeté la responsabilité des incidents sur les députés arabes israéliens présents, qui lui ont lancé des invectives, affirmant qu’il était venu démontrer que le «mont du Temple est entre nos mains». Les Palestiniens, qui veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État, exigent la souveraineté sur l’Esplanade, mais Ehud Barak a de nouveau exclu cette possibilité, dans une interview publiée hier jeudi par le Jerusalem Post.