En abordant l’informatique, on a souvent tendance à croire que les différentes branches des technologies de l’information sont rigides, compartimentées, spécialisées à l’extrême, et que les services résultants de ces technologies ne sont complémentaires que dans leur application. Une idée largement battue en brèche par Jean-Loup Khayat et Michel George, deux ingénieurs informaticiens, cofondateurs de DataFlow, une entreprise de développeurs de logiciels installée à Beyrouth depuis 1993, devenue aujourd’hui véritable société touche à tout. DataFlow continue certes de développer des programmes sur mesure (gestion de stocks, facturation, bases de données…) pour ses clients traditionnels, mais elle s’est lancée parallèlement dans un projet WAP grand public, qui a toutes les chances de contribuer à généraliser les transactions commerciales, voire financières, en ligne. Le WAP, s’il est encore besoin de le rappeler, est un langage permettant de porter sur l’écran du téléphone cellulaire l’information puisée sur l’Internet. Une sorte de langage HTML allégé, davantage compatible avec les faibles débits (9 600 bps) propres aux systèmes GSM. Une des priorités de Jean-Loup Khayat et Michel George est d’amener l’utilisateur à «sortir sur le WAP, tout comme il est sorti sur le Web». Or, qui dit WAP, dit forcément réseau GSM, et il était de ce fait logique que les responsables de DataFlow établissent une certaine forme de partenariat avec les opérateurs du téléphone cellulaire au Liban. Pour l’heure, celle-ci existe avec la société LibanCell, et tout porte à croire qu’elle s’étendra à la société concurrente Cellis. Le projet WAP de DataFlow s’articule aujourd’hui autour du portail Internet mobiliban.com. Celui-ci permet à l’utilisateur, à travers une multitude de services pratiques, de recevoir d’abord directement l’information en ligne sur son téléphone portable et d’initier ensuite, par une série de commandes spécifiques, des opérations d’achats, de vente, de réservation de billets de cinéma ou de places au restaurant, etc. En somme, avec le WAP, il ne s’agit plus de e-commerce, cet ensemble de transactions aujourd’hui en vogue sur l’Internet, mais de m-commerce (pour mobile commerce) par le biais du réseau cellulaire. En partenariat avec Microsoft Établi en partenariat avec Microsoft – Liban, notamment pour la plate-forme MobilMail et SMS, le portail mobiliban.com, qui a été présenté la semaine dernière au cours du Termium – GITEX, fonctionne de la façon suivante : l’utilisateur se branche d’abord sur le site au moyen de son ordinateur, se fait enregistrer, obtient un login, un mot de passe et, par la même occasion, une boîte postale électronique de type xxx@mobiliban.com. À partir de là, s’il est muni d’un téléphone cellulaire compatible WAP, comme le sont les appareils de la dernière génération, il peut avoir accès, pour le prix d’une communication locale avec mobiliban.com, à une foule de services : réception, consultation et envoi de e-mail, infos en ligne, cours de la Bourse et des valeurs, météo, horoscope, guide télé et cinéma, guide restaurants, pages jaunes de l’annuaire, numéros de téléphone utiles, carnet d’adresses personnel, etc. Le tout s’affichant sur le mini-écran de son téléphone cellulaire, dans une interface texte souple, intuitive, pilotable par des menus très faciles à utiliser. Profiter de tous ces services, ne veut pas nécessairement dire qu’il faut rester branché sur le site. On peut par exemple se faire notifier par un message SMS, si une information d’un type particulier vient de tomber, ou si une valeur boursière subit une modification non prévue. Tout ceci ne veut pas dire que les téléphones non compatibles WAP sont exclus du réseau. Si ces appareils ne sont pas en mesure de profiter pleinement des services proposés, ils peuvent néanmoins afficher l’essentiel, à savoir, les e-mails courts et les notifications SMS à chaque réception d’un nouveau message. Informations en ligne, courrier électronique, transactions commerciales, réservations en ligne… Le projet de DataFlow, fournisseur de solutions informatiques certifié par Microsoft, est très prometteur et n’a rien à envier, pour l’essentiel, aux grands portails WAP européens. Il reste qu’au Liban, l’éducation informatique, ce réflexe de la connexion pour s’informer ou profiter d’un service, tarde encore à décoller. Mais Jean-Loup Khayat et Michel George sont confiants : les jeunes, les universitaires sont totalement convertis aux technologies de l’information et représentent forcément les utilisateurs et l’espoir de demain.