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Actualités - INTERVIEWS

Rencontre Ghassan Rahbani : l'impertinence des mots (photos)

Il avait trois ans et demi quand il a composé et enregistré sa première chanson. Normal, direz-vous, chez les Rahbani, la musique coule de source. Ghassan Rahbani, enfant rebelle fait «ce qui lui plaît». Traduire : composer paroles et musique, chanter, monter sur les planches d’un théâtre, être le producteur des «4 Cats»… Il sait également faire le zouave dans ses vidéo-clips dans lesquels il ne s’empêche guère – loin de là – de faire une satire mordante de la société, de critiquer politiciens et politiques. Discussion, à bâtons rompus, avec un jeune homme dont le franc-parler, l’intelligence et ce gène artistique dont il use avec un sans-gêne en font un artiste accompli… et comblé. «Il est vrai que j’ai reçu l’art en héritage, mais il s’agit d’un don, d’une oreille musicale qui se transmettent par les gènes. Ce n’est pas comme la politique que les pères enseignent à leurs fils. Ils leurs montrent quelles sont les poses à adopter et comment frimer». Et de poursuivre : «La musique, c’est “l’instinct animal” en moi. J’ai bien essayé de contrer cette nature. Peine perdue. À l’école, je voulais devenir architecte. Mais mes notes en maths ne me l’ont pas permis». Là, pour le moment, il n’a pas envie de faire des concerts. La qualité la plus importante chez un chanteur est le self-control, assure-t-il. «Il doit pouvoir s’arrêter quand il le faut. Et de ne pas avoir la grosse tête». Il tient avec opiniâtreté à ses opinions, à ses décisions. Et se déclare aussi perfectionniste que les Allemands. Ghassan Rahbani se consacre actuellement à trois activités. Outre le rôle de Judas qu’il endosse dans la pièce Et il ressuscita au troisième jour, il savoure le succès des clips Ijit Sint el-Alfein et Rahit Sint el-Alfein et il prépare la sortie de l’album des «4 Cats». Les «4 Cats» qu’on désigne parfois par les «Spice Girls version libanaise». «En fait, l’idée de créer ce “girls band” m’est venue suite à une souffrance. Une souffrance due à l’état catastrophique dans lequel se trouvait le paysage de la musique pop libanaise». Le jeune Rahbani a donc cherché un moyen pour faire bouger un peu les choses, «égayer le paysage morne de l’environnement musical», comme il dit : «J’ai pensé à créer un “girls band”. Elles ont la beauté sensuelle, sans vulgarité, de la jeune Libanaise éduquée. Et de bonnes oreilles musicales». Il a donc puisé dans les tiroirs de son père, ressorti et arrangé des chansons signées Élias Rahbani comme Ya Nassini ou Hanna el-Sakran. «Les mauvaises langues disent que les voix des “4 Cats” ne sont pas de la trempe de Oum Kalsoum ou de Feyrouz. C’est absurde de comparer deux styles de musique aussi différents». Sautant du coq à l’âne, comme mû par une impulsion soudaine, il attaque les compagnies de production qui ont, selon lui, une ignorance totale, «utopique et irréelle» de la musique. Les chanteurs ont besoin d’être dirigés, le public d’être éduqué. «Partout, on entend la même mélodie, les mêmes sons, la même introduction. Pas d’innovation. Pas de création, de compositions originales. On dérobe des airs de la Turquie, de Grèce, de l’Inde». Quoi qu’ il en soit, Ghassan Rahbani poursuit sa révolution politico-culturelle via ses vidéo-clips. Les deux derniers en date, Ijit Sint el-Alfen et Kholsit Sint el-Alfein cartonnent sur les ondes hertziennes et cathodiques. Boui Boui Bouwaa, le refrain (à baragouiner avec tapotements sur joues et lèvres) est devenu «un hymne national», plaisante-t-il. À travers ces sonnets, il veut à l’évidence faire passer un message. Impertinent et pertinent à la fois…
Il avait trois ans et demi quand il a composé et enregistré sa première chanson. Normal, direz-vous, chez les Rahbani, la musique coule de source. Ghassan Rahbani, enfant rebelle fait «ce qui lui plaît». Traduire : composer paroles et musique, chanter, monter sur les planches d’un théâtre, être le producteur des «4 Cats»… Il sait également faire le zouave dans ses vidéo-clips dans lesquels il ne s’empêche guère – loin de là – de faire une satire mordante de la société, de critiquer politiciens et politiques. Discussion, à bâtons rompus, avec un jeune homme dont le franc-parler, l’intelligence et ce gène artistique dont il use avec un sans-gêne en font un artiste accompli… et comblé. «Il est vrai que j’ai reçu l’art en héritage, mais il s’agit d’un don, d’une oreille musicale qui se...