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Web-Culture - La menace du piratage à grande échelle fait réfléchir les éditeurs De l'écriture à la lecture, le Net change la donne (photos)
Par HERT MAYA GHANDOUR, le 14 septembre 2000 à 00h00
Le commerce en ligne de livres bouleverse le monde de l’édition traditionnelle... et les habitudes de lecture. Quoi de neuf pour le lecteur ? L’Internet lui donne d’abord accès à d’énormes bases de données mondiales sur toutes sortes d’ouvrages. Sur Amazon.com, Alapage.fr, Fnac.com et autres librairies électroniques, il peut ensuite commander son livre, sans avoir à se déplacer. Le réseau permet aussi de dénicher des livres rares ou épuisés : Chapitre.com, par exemple, se charge de trouver l’exemplaire recherché en faisant appel à un réseau de bouquinistes, en 60 jours maximum. Librissimo.com (Phœnix Éditions) s’engage à imprimer à la demande un ouvrage totalement disparu (1 franc par page si l’ouvrage a été numérisé ; 3,95 francs par page sinon). Enfin, les livres interdits, à la vente en France (négationnistes, etc.) ou à plus forte raison chez nous sont assez largement disponibles chez les grands libraires électroniques américains. Autre possibilité offerte par le réseau : la livraison (chez 00h00.com par exemple) d’un ouvrage sous forme de fichier numérique, via e-mail ou en téléchargement. Cela coûte moins cher qu’un livre «solide». Deux inconvénients : exit le plaisir du livre qu’on feuillette et qu’on range amoureusement sur les rayonnages de sa bibliothèque. Et il faut imprimer le fichier, sauf à s’esquinter les yeux sur l’écran. Mais e-books et «encre électronique» pourraient changer tout cela. Quels avantages pour l’écrivain ? Les plus célèbres pourront peut-être se passer des éditeurs et des libraires en distribuant directement aux lecteurs leurs ouvrages sous forme numérique, comme Stephen King. Les plus obscurs, aux manuscrits refusés par les maisons d’édition, pourront aussi tenter le coup. Aux États-Unis, M.J. Rose s’était résignée à publier son roman érotique Lip Service à compte d’auteur, quand elle a l’idée de mettre le premier chapitre sur son site personnel, puis la totalité chez Amazon. Le roman devient une des meilleures ventes du libraire en ligne. L’éditeur Pocket Book décide alors de le publier sur papier. L’écrivain algérien Hamid Skif a publié deux ouvrages au nez et à la barbe de la censure algérienne, en passant par l’éditeur électronique 00h00.com. Le succès électronique de cet ouvrage a convaincu l’éditeur d’en publier la version papier. Les spécialistes de l’édition à compte d’auteur s’y mettent aussi : Publibook.com se présente comme «l’éditeur libre des 6 millions de Français» qui s’adonnent à l’écriture et sont peu familiers avec le Net. Quels effets sur la littérature ? Les liens hypertextes et l’image offrent de nouvelles formes de composition et de lecture. Le site uniterre. Com regroupe divers carnets de voyage d’internautes, sous forme multimédias. L’écriture elle-même peut devenir spectacle : au Brésil, Mario Prata avance, biffe et rature en ligne son dernier polar (Libération du 1er juillet), sous les yeux des internautes connectés sur son site. Par ailleurs, les expériences de Stephen King pourraient faire naître la mode du cyber-feuilleton. Enfin, le réseau ouvre au genre «journal intime» des perspectives fascinantes, si l’on n’est pas trop inhibé. Voir par exemple easynet. fr/nrv. Quel impact pour les éditeurs ? Les avantages d’Internet sont évidents : pas de frais d’impression, pas de mise en place en librairie. Mais existe-t-il un marché ? Plusieurs éditeurs, comme l’Américain Random House, ont décidé de tâter le terrain. Ce type de diffusion peut aussi servir de test à grande échelle le réseau transformé en grand comité de lecture ! Revers de la médaille : l’écrivain peut être tenté de procéder lui-même à la publication électronique. Stephen King en est un parfait exemple, qui a faussé compagnie à son éditeur sur l’Internet. Autre risque : la circulation de livres numériques sur le Net pourrait ouvrir la voie au piratage à grande échelle. La librairie est-elle condamnée ? Le petit libraire sera peut-être le dindon de la farce. Il lui faudra miser sur la convivialité et la fidélité des réfractaires à la «modernité», sans doute nombreux, en transformant sa boutique en lieu de rencontres, avec fauteuils profonds, causerie d’écrivains, thé et chocolat. Et pourquoi ne pas créer un site Web pour les fidèles ? Qu’est-ce qu’un livre électronique, ou e-book? C’est un type d’appareil, doté d’un écran au format A4, ou livre de poche, conçu spécialement pour la lecture des ouvrages numérisés. Avec un seul terminal, on peut «feuilleter» plusieurs ouvrages. Le Softbook Reader a été le premier livre électronique commercialisé, en 1998. Le Rocket e-Book de Nuvomedia a suivi. Le Cytale, initiative française, sera disponible à l’automne pour environ 4 000 francs. Le terminal de 900 grammes pourra contenir jusqu’à cent ouvrages. On fera le «plein» à partir du site du fabricant (1 000 titres au catalogue) ou d’un éditeur. En septembre 1999, les fabricants d’e-books ont adopté un format numérique standard permettant de lire le même livre sur tous les modèles de terminaux. Encore moins lourd que le livre, il y a l’encre électronique. Dans une feuille souple de 3mm d’épaisseur sont emprisonnées des microbilles, blanches d’un côté et noires de l’autre. Ces capsules se retournent sous impulsion électrique pour former des lettres. Ce qui permet d’«imprimer» des fichiers numériques téléchargés. Mais ce n’est pas pour demain. Les livres risquent-ils d’être piratés ? Lorsque Stephen King a proposé sa nouvelle, Riding the Bullet, pour 2,5 dollars en téléchargement, il n’a pas fallu plus de 12 heures pour que des internautes «cassent» le code qui protège le document. Une fois l’exploit accompli, les pirates ont diffusé le texte sur plusieurs sites. «Si la lecture se développe sur PC, il y a un risque de piratage, mais avec le livre électronique, c’est plus difficile», relativise Olivier Pujol, PDG de Cytale. Les possesseurs de livres électroniques téléchargent leurs ouvrages sur le site du fabricant ou d’un éditeur. Or, l’e-book est pourvu d’un protocole qui impose une connexion sécurisée à ce site : la technologie EBX (Electronic Book Exchange).
Le commerce en ligne de livres bouleverse le monde de l’édition traditionnelle... et les habitudes de lecture. Quoi de neuf pour le lecteur ? L’Internet lui donne d’abord accès à d’énormes bases de données mondiales sur toutes sortes d’ouvrages. Sur Amazon.com, Alapage.fr, Fnac.com et autres librairies électroniques, il peut ensuite commander son livre, sans avoir à se déplacer. Le réseau permet aussi de dénicher des livres rares ou épuisés : Chapitre.com, par exemple, se charge de trouver l’exemplaire recherché en faisant appel à un réseau de bouquinistes, en 60 jours maximum. Librissimo.com (Phœnix Éditions) s’engage à imprimer à la demande un ouvrage totalement disparu (1 franc par page si l’ouvrage a été numérisé ; 3,95 francs par page sinon). Enfin, les livres interdits, à la vente en France...