Actualités - CHRONOLOGIE
Le Gap, pomme de discorde avec la Syrie et l'Irak
Par BARAKEH Roger, le 05 août 2000 à 00h00
Le «Projet de l’Anatolie du Sud-Est» est le nom choisi par le gouvernement turc pour désigner un vaste projet de rationalisation du cours de l’Euphrate en vue du développement de cette région aride du plateau anatolien. Le projet, pour lequel le gouvernement devait débloquer, au total, 30 milliards de dollars, comporte 22 barrages répartis dans toute la zone du Sud-Est concentrés entre les villes d’Elazig et de Kahramanmaras. Le plus grand ouvrage est le barrage d’Atatürk, tellement grand qu’il a reçu le nom du fondateur de la République. Conçu à la fin des années 80 par «l’Institut d’État pour les eaux», le DSI, organisme gouvernemental créé dans les années trente et qui s’occupe de la gestion des eaux des rivières du pays, le projet a pu se concrétiser au début des années 90 à l’époque du Premier ministre Türgüt Özal. Alors que le pays connaissait une croissance sans égal stimulée par une économie libérale et l’ouverture des marchés après des décennies de dirigisme étatique. Le lac artificiel créé par le barrage d’Atatürk a nécessité cinq ans pour être rempli, au grand dam des pays situés en aval de l’Euphrate, en l’occurrence la Syrie et l’Irak, qui ont vu le cours du fleuve se réduire comme une peau de chagrin, d’où la discorde qui oppose les trois pays limitrophes. Pour l’Irak, l’ancien pays d’«entre les deux fleuves», le problème est encore plus grave, surtout après que la Syrie a érigé son propre barrage sur le fleuve antique, créant le lac artificiel baptisé «al-Assad», situé à mi-chemin entre les villes d’Alep et Deir ez-Zor. Mais la crise puis la guerre du Golfe ont créé d’autres urgences, le régime irakien se retrouvant plus occupé à faire sortir le pays de l’embargo économique et mettre un terme à la situation dégradante de la population. Mis à part les considérations techniques, la menace géopolitique que le projet du Gap a créée a été ressentie dès le début par l’Irak et surtout la Syrie qui accuse toujours son voisin de retenir les eaux de l’Euphrate. Le fleuve a vu son cours se réduire de moitié à la frontière syro-turque, et Damas avait toutes les raisons de croire qu’en temps de conflit avec la Turquie, il serait facile à Ankara de «fermer le robinet», la gestion de l’eau devenant alors une arme d’une grande valeur stratégique. En attendant, les Turcs campent sur leur position : ils confirment respecter les accords internationaux en la matière et ne pas chercher à surexploiter l’eau du fleuve.
Le «Projet de l’Anatolie du Sud-Est» est le nom choisi par le gouvernement turc pour désigner un vaste projet de rationalisation du cours de l’Euphrate en vue du développement de cette région aride du plateau anatolien. Le projet, pour lequel le gouvernement devait débloquer, au total, 30 milliards de dollars, comporte 22 barrages répartis dans toute la zone du Sud-Est concentrés entre les villes d’Elazig et de Kahramanmaras. Le plus grand ouvrage est le barrage d’Atatürk, tellement grand qu’il a reçu le nom du fondateur de la République. Conçu à la fin des années 80 par «l’Institut d’État pour les eaux», le DSI, organisme gouvernemental créé dans les années trente et qui s’occupe de la gestion des eaux des rivières du pays, le projet a pu se concrétiser au début des années 90 à l’époque du...