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Actualités - CHRONOLOGIE

Textile - Flambée des prix à la production Le cachemire se fait rare

Le monde du luxe est en émoi : le fil cachemire se fait rare cette année, son prix à la production a augmenté de près de 50 % en huit mois et les principaux filateurs, installés en Écosse, imposent des quotas à leurs meilleurs clients-fabricants. Explication du phénomène : la très forte demande de chandails et de vêtements en cachemire aux États-Unis et au Japon, l’envolée du cours du dollar et surtout l’abattage massif, il y a deux ans et demi en Mongolie, des chèvres qui produisent ce précieux fil, en raison des rigueurs climatiques et alimentaires. Cette année encore, 700 000 chèvres sont mortes en raison d’un hiver trop long et trop froid, raconte Eric Bompard, un spécialiste de la maille cachemire. «Il y a trois ans, l’Écosse, principal filateur de cachemire brut au monde, proposait le kilo de cachemire à 990 francs. Début 2000, le prix était à 1 200 francs et il atteint à présent 1 700 francs, soit une hausse de près de 50 % en quelques mois», explique Patrick Ducros, un artisan français qui fabrique des pulls haut de gamme. En dépit de cette flambée des prix, la demande reste très forte. Les filateurs, cinq ou six groupes écossais, sont donc obligés d’imposer des quotas, même à leurs meilleurs clients. M. Ducros, qui travaille 700 kilos de fil par an, a vu sa demande réduite de 10 % cette année. La production mondiale de cachemire atteint, selon les années, de 8 000 tonnes par an (qualité supérieure) à 60 000 tonnes (tout compris), indique M. Ducros. Elle provient à 90 % de Mongolie et de Chine, sur le territoire correspondant au désert de Gobi connu pour ses hivers très froids et secs (-40). Là vit une petite chèvre, la capra hisca, au poil long et au duvet particulièrement doux. Madonna et Tom Cruise Une fois par an, au printemps, les Mongols peignent le cou et le ventre de la chèvre afin de recueillir le précieux duvet (300 grammes par bête) qui, après avoir été dégraissé à la farine de riz, sera vendu aux enchères à la foire de Canton (Chine) en avril. Les poils gris clair et blanc sont très prisés car ils permettent une large gamme de coloris réalisée en Italie et en Écosse (pays qui absorbe 80 % de la production mondiale, selon Patrick Ducros). Pendant longtemps, les producteurs asiatiques de cachemire se sont contentés de vendre leur production à l’Occident. Mais, depuis une dizaine d’années, cet artisanat local s’est adapté aux normes industrielles occidentales. Le cheptel de chèvres a doublé et dépassé les 10 millions en quelques années, raconte Eric Bompard. Le groupe chinois Erdos, installé en Mongolie intérieure (Chine), vend la fibre brute et tricote aussi des produits finis pour le monde entier. Il représente un peu plus de la moitié de la production mondiale de cachemire. Premier à avoir démocratisé le cachemire en France et dans quelques pays européens, Eric Bompard a invité il y a trois ans Erdos à prendre 20 % du capital de sa société familiale avec pour objectif de sécuriser ses approvisionnements. Aujourd’hui, dans ses 19 boutiques (15 en France et quatre en Allemagne), Bompard vend chaque année 200 000 chandails dans une gamme de prix allant de 1 000 à 2 000 francs pour un article «deux fils». Il affirme détenir un quart du marché français et a réalisé, l’an dernier, un chiffre d’affaires de 140 millions de francs, en hausse de 20 %. Patrick Ducros, qui a créé en 1990 l’Artisanale du cachemire au pied du mont Aigoual dans les Cévennes, a une autre conception du métier : il réalise chaque année environ 2 500 chandails haut de gamme (4 fils tissés sur des métiers anciens) pour ses 800 clients individuels parmi lesquels figurent des ténors de la presse ou de la politique mais également des artistes comme Madonna ou Tom Cruise. Aux États-Unis, ces pièces luxueuses sont vendues entre 10 000 et 12 000 francs pièces. L’Artisanale du cachemire connaît une progression régulière de son chiffre d’affaires de 20 % par an, affirme M. Ducros.
Le monde du luxe est en émoi : le fil cachemire se fait rare cette année, son prix à la production a augmenté de près de 50 % en huit mois et les principaux filateurs, installés en Écosse, imposent des quotas à leurs meilleurs clients-fabricants. Explication du phénomène : la très forte demande de chandails et de vêtements en cachemire aux États-Unis et au Japon,...