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Environnement - Les effets des émanations de gaz négligés par les autorités La pollution sonore au Liban cause de plus en plus de troubles d'apprentissage chez l'enfant (photos)
Par N. J., le 09 août 2000 à 00h00
Le séminaire Medica 2000, organisé il y a quelques jours au palais de l’Unesco à l’initiative de l’Association médicale franco-libanaise et Le Monde médical, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, sous le thème «La santé pour tous», a abordé, entre autres, comme sujet de discussion, le problème de la pollution sonore et de la pollution de l’atmosphère en général. C’est une évidence bien établie que le Liban, depuis longtemps déjà, est victime d’une grave pollution sonore. Mais les responsables restent sourds aux exigences et impératifs de l’environnement. Le Liban continue d’ignorer les programmes de prévention de la pollution urbaine, tels qu’appliqués en Europe. Plus particulièrement, la pollution sonore reste totalement négligée. «Au Liban, contrairement à la France, la pollution de l’atmosphère n’est pas prioritaire bien qu’un taux alarmant de 5,5 microgrammes de plomb par mètre cube d’air ait été recensé, ce qui dépasse de loin la valeur maximale tolérée qui est de 1,5 micogramme», explique Mme Fifi Kallab, consultante internationale en matière d’environnement. Le plomb est particulièrement nocif puisqu’il pénètre dans le corps et s’accumule à l’état solide dans les tissus, causant un effet toxique à long terme. La combustion des gaz de fuel et de benzène est à l’origine de cette haute concentration atmosphérique. L’air pur est désormais l’objectif premier de toute initiative de lutte contre la pollution dans les grandes agglomérations urbaines. Dès décembre 1990, la France, jouant sur les initiales, avait entamé son programme d’Évaluation des Risques de la Pollution Urbaine sur la Santé (Erpurs). Trois gaz reconnus toxiques sont actuellement surveillés. «Il s’agit du dioxide de soufre (SO2), du dioxide d’azote (NO2) et de l’ozone (O3), dont le taux permet d’établir une procédure d’alerte à trois niveaux», a indiqué Mme R. Ferry, au cours de son exposé. Le niveau 1 met en éveil les services de santé publique. Le niveau 2 proscrit aux personnes asthmatiques et celles souffrant d’insuffisance cardiaque ou de bronchite chronique tout exercice en plein air pendant le «peak». Si le niveau 3 est atteint, le ministère de la Santé a le devoir de mettre toute la population en état d’alerte, a précisé la directrice de l’Observatoire de santé en Île-de-France. La pollution microbiologique En cas de forte concentration d’ozone, il est interdit de sortir durant les heures les plus chaudes de la journée. Selon la directrice de l’Observatoire français, la longévité d’un groupe exposé à un tel «cocktail» de polluants est réduite de deux ans par rapport à celle d’un groupe moins exposé. Ces considérations sont allègrement ignorées au Liban où, par contre, la pollution microbiologique de l’eau potable, qui atteint 66% en milieu urbain, suscite de vives inquiétudes. «La pollution de l’eau potable vient en tête des causes de diarrhées infantiles aiguës, mais les adultes semblent immunisés», a souligné, sur un ton quelque peu ironique, Mme Kallab en évoquant ce problème. Les eaux souterraines ne sont nullement négligées par le monstre de la pollution : contaminées par les engrais chimiques utilisés à outrance, elles sont quasi saturées de nitrates et phosphates, ce qui provoque un grave déséquilibre dans les composantes de la nappe phréatique. «Malheureusement, au Liban, on attend que le problème fasse des ravages avant d’agir», déclare Mme Kallab. «L’action se fait alors à titre curatif et non préventif. Ce qui manque, c’est la volonté du gouvernement d’agir», déplore-t-elle. Devant la trentaine de personnes qui ont suivi avec intérêt Medica 2000, le Dr Kallas, délégué du ministère libanais de l’Environnement, a ensuite soulevé le problème des émanations provenant de l’amiante dégagées par les usines de ciment. Il a affirmé avoir personnellement traité plusieurs cas de cancer du poumon dû principalement à l’inhalation de ce produit toxique. Le Dr Romanos a pour sa part lancé un cri d’alarme contre la pollution sonore, à l’origine de lésions irréversibles. Le bruit risque de causer une série de troubles, dont l’ulcère, le vertige et la surdité. Au Liban, il est de plus en plus la cause de troubles d’apprentissage chez les enfants, a-t-il souligné. Il n’existe pas de statistiques à ce sujet, mais dans les pays d’Europe par exemple, les études ont prouvé l’existence de problèmes certains liés au bruit, notamment dans les environs des aéroports. Des organisations écologiques Au palais de l’Unesco, devant la grande salle où se tenaient les séances de Medica 2000, Greenpeace et Opération Grand Bleu (Big Blue), deux ONG qui luttent pour l’amélioration de l’environnement, tenaient des stands pour expliquer leurs campagnes. Greenpeace, implantée au Liban depuis 1994, après le scandale des déchets toxiques italiens, faisait signer une pétition contre les incinérateurs des déchets hospitaliers qui libèrent du mercure, hautement toxique pour le système nerveux, et de la dioxine, qui navigue dans l’atmosphère et s’introduit dans la chaîne alimentaire (viande, lait, oeufs et poissons), s’accumulant ainsi dans les tissus adipeux de l’homme et provoquant le cancer. Quant à l’organisation Big Blue, elle plaide pour des plages saines et sans ordures, tout comme une autre ONG, Greenline, milite pour des espaces verts. Il est, certes, regrettable que Medica 2000 n’ait consacré qu’une seule de ses séances à l’environnement. Y aurait-il dans le tourbillon des élections législatives qui s’annoncent quelqu’un qui portera l’étendard de l’environnement ?
Le séminaire Medica 2000, organisé il y a quelques jours au palais de l’Unesco à l’initiative de l’Association médicale franco-libanaise et Le Monde médical, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, sous le thème «La santé pour tous», a abordé, entre autres, comme sujet de discussion, le problème de la pollution sonore et de la pollution de l’atmosphère en général. C’est une évidence bien établie que le Liban, depuis longtemps déjà, est victime d’une grave pollution sonore. Mais les responsables restent sourds aux exigences et impératifs de l’environnement. Le Liban continue d’ignorer les programmes de prévention de la pollution urbaine, tels qu’appliqués en Europe. Plus particulièrement, la pollution sonore reste totalement négligée. «Au Liban, contrairement à la France,...